« Qui trop embrasse mal étreint », dit le proverbe. C’est en somme la critique que l’on pourrait adresser à l’exposition C’est notre histoire, qui se tient jusqu’au 12 mai 2008 à Tour et Taxis à Bruxelles.
Car si l’intention est bonne, si l’entrée de l’exposition s’avère particulièrement réussie avec des installations efficaces, et que de bonnes idées la structurent, - notamment avec les 27 histoires de vie pour inviter à découvrir par approches subjectives, 27 personnes qui nous font part de leur appréciation de l’Europe tout au long de la visite -, il n’empêche que sur bien des points cette exposition laisse songeur. Idéologiquement, des assertions sont problématiques, notamment quand la vision de l’Europe fait la part belle à une vision assez libérale, comme si une autre Europe n’était pas envisageable, comme si le triomphe de l’Europe actuelle était le nec plus ultra.
Surtout, l’exposition est étouffante par son trop plein. À force de passer en revue tous les sujets, dans une approche politiquement correcte et convenue, plus prégnante au fur et à mesure de la progression de la visite, l’exposition fait perdre la tête au visiteur soudain pressé d’en finir ! La scénographie spectaculaire est au demeurant parfois assez gratuite.
Au final, c’est le pendant d’une autre exposition visible également cet hiver dans la capitale européenne Le Grand Atelier, dont le propos centré sur les influences et les courants artistiques vise à nous démontrer également comment l’Europe s’est construite par la circulation des œuvres et des artistes. On n’assimile pas là l’Europe à sa construction institutionnelle et il s’agit de décrypter le jeu des influences quelques siècles en amont. Le commissaire Roland Recht a ainsi voulu dessiner des lignes de force.
Bien qu’alignant 350 chefs d’œuvres incontestables venus de 27 pays européens, l’exposition s’avère, au final, également assez ennuyeuse, le propos n’apparaissant pas des plus aboutis. Si la scénographie est annoncée d’une grande originalité avec son système en chambres, la réalité de la visite laisse place à un parcours assez banal et sans grande surprise. Certes, les œuvres sont superbes, mais cela suffit-il ? Dans une exposition temporaire, le plaisir de la contemplation des œuvres doit-il occulter toute pensée novatrice ?
Les sites:
C'est notre histoire
Le Grand Atelier, Chemins de l’art du Vème au XVIIIème siècle
samedi 22 mars 2008
‘Europe toute’ à Bruxelles : deux expositions pour nous faire aimer l’Europe.
jeudi 20 mars 2008
Internet et le nouveau musée
Internet change ! Le nouveau Web offre des possibilités démultipliées qui n’épargnent pas les institutions. Si jusque-là les sites de musées étaient surtout conçues comme des livres proposant des contenus, apparaissent de nouvelles fonctionnalités plus interactives. Ainsi des groupes de discussion, des forums d’échanges, des plateformes ou des blogs permettant d’animer des débats…
Proposés par certains musées pour amener les visiteurs à prolonger leur visite, à engager le dialogue, ces outils visent à maintenir un lien avec l’institution. D’autres vont plus loin et inventent même des expositions conçues collectivement via le Web.
Nouvelle forme du participatif muséal ?
Sans doute des choses sont à explorer en ce domaine, et nous sommes certainement aux prémices d’une nouvelle aventure muséologique.
Plus modestement, mais s’inscrivant dans cette modernité, le musée d’Agen maintient le contact avec ses visiteurs potentiels durant son déménagement et invite à le rejoindre sur
http://agen.musee.over-blog.com/20-index.html
jeudi 13 mars 2008
Musée et Guerre, quels rapports ?
Étonnant livre que celui d’André Gob sur les relations des musées aux périodes de guerre. D’une grande érudition, il s’agit moins d’un livre d’histoire, comme en prévient du reste l’auteur dans sa préface - même si l’histoire en forme la matière première -, que d’un livre de muséologie. Car avec aisance, André Gob passe d’une période à l’autre, de la Révolution à Bagdad, des campagnes napoléoniennes aux restitutions récentes, de la période hitlérienne au massacre des Bouddhas de Banyan. Cette absence de progression chronologique n’en fait pas pour autant un mélange hétéroclite, mais une promenade intellectuelle pour mieux comprendre le sens du musée, ses missions et ses comportements, même quand ils sont répréhensibles ou pervers. Il faut par conséquent saluer cet exercice courageux, qui fera grincer très certainement quelques dents, car l’auteur n’hésite pas à dire ce qu’il pense, même si cela dérange. Il s’en prend notamment aux comportements qui oubliant l’intérêt public privilégient la collectionnite. Le pillage, la saisie, la spoliation, le butin… autant de concepts que ce livre contribue à définir. Le dernier chapitre est une remarquable démonstration à laquelle parvient l’ouvrage en rassemblant les éléments présentés au cours du livre. Certes, on pourrait discuter certains aspects, et prétendre par exemple que le butin de guerre est malgré tout un moindre mal, car il y a au moins reconnaissance de la notion de trésor, alors que le pire pour le musée est sans doute la destruction pure et simple par des actes que l’on n’hésiterait pas, pour notre part, à identifier à la barbarie (s’il est encore possible d’utiliser ce terme de nos jours…). Les récents événements en Irak ou en Afghanistan en donnant des exemples malheureux. Mais l’auteur mentionne aussi avec justesse la responsabilité américaine dans les saccages.
Plus généralement, les récits qui sont faits dans l’ouvrage tiennent le lecteur en haleine, car ce sont à chaque fois des formidables aventures, celle des œuvres, des hommes, des musées... Ajoutons que des transitions sont ménagées à chaque chapitre, avec des éclairages de quelques pages, sur des études de cas, contributions d’une dizaine de spécialistes européens sur chaque domaine.
mardi 11 mars 2008
Regards croisés sur une étude de cas
Afin d’illustrer l’élaboration d’un Projet Culturel et scientifique dans un établissement, Mathieu Pinette a pris lors de son intervention auprès des étudiants de muséologie l’exemple du travail qu’il conduit actuellement pour le site de l’écomusée du Creusot – Montceau-les-Mines.
Hugues de Varine, membre de l’équipe d’origine, a parlé du site d’un autre point de vue dans le cadre de ses cours. Françoise Fortunet, présidente de l’association de l’écomusée, Serge Chaumier, membre du conseil des experts ont apporté des compléments.
Puis nous sommes allés sur le terrain où les étudiants ont pu rencontrer les professionnels du site et mieux comprendre la complexité de l’histoire du lieu et se faire une opinion par eux-mêmes au travers de visites et de rencontres. Une prochaine visite nous conduira à la découverte des antennes.
lundi 10 mars 2008
Fissure à la Tate Modern
La photographie joue ici un rôle central dans l’appropriation et sert à l’appréhension de l'œuvre dans l’espace. Chacun recherche le meilleur cadrage, la façon de rendre compte de cette stupéfiante installation. Le public joue avec cette béance, s’étonne, s’inquiète même, les enfants enjambent et comptent les pas, les plus inquiets s’alarment de ce que ce bâtiment à peine inauguré soit en proie à de telles perturbations géologiques ! Ceci donne matière à échanges entre visiteurs et à l’expression évidente d’un ravissement général.
De l’art qui bouscule, le bâtiment et le reste…
http://www.tate.org.uk/modern/exhibitions/dorissalcedo/default.shtm
samedi 8 mars 2008
Musée de la Lunette
Comme chaque année, fin février, la journée de conservation préventive s’est déroulée au sein du musée de la lunette de Morez dans le Jura, journée animée par sa directrice Tiphaine Le Foll. Belle occasion pour les étudiants de voir, et pour moi de revoir une nouvelle fois, ce musée attachant.
Ils ne sont pas si nombreux les musées qui mêlent les regards, allant de la présentation du patrimoine industriel aux explications techniques et scientifiques, de l’histoire locale aux dimensions artistiques, de l’ethnologie aux aspects économiques. Le bassin de Morez a, par son histoire particulière, vécu, et continue de vivre, de l’activité de production de la lunette.
Ce musée, inauguré en 2003 dans un bâtiment original, en rend compte. Les magnifiques collections de Pierre Marly-Essilor y trouvent un écrin, mais ce sont aussi les dispositifs audiovisuels qui retiennent le visiteur pour l’amener à s’interroger sur un objet que beaucoup juge trop vite incongru. Des surprises vous y attendent, pour le visiter : voir ici.
D'un Château l'autre
Le séminaire que nous avons organisé à l'automne avec Philippe Poirrier et la MSH sur les projets culturels dans les châteaux et monuments historiques est en ligne !
Journée de rencontres à laquelle participaient:
- Philippe Poirrier, Professeur d'Histoire contemporaine, UdB
- Anne Meillon, directrice de la régie départementale des châteaux de la Drôme,
- Paul-Hervé Parsy, administrateur, conservateur des collections du Château d’Oiron (Deux Dèvres)
- Marie-Cécile Tomasina, du Château d’Auvers-sur-Oise
- Jean-Michel Tobelem, de l'agence Option Culture
- Mathieu Pinette et Christian Degrigny du château de Germolles (Bourgogne)
- Annie Ruget de l'association de L'Ecomusée de Pierre de Bresse
- Philippe Mille, Chargé du dossier Châteauneuf au Conseil Régional de Bourgogne.
- Claude Patriat, Directeur de l'IUP Denis Diderot
Il est possible d'écouter les contributions en ligne :
http://mshdijon.u-bourgogne.fr/msh_cnrs/multimedia/Patrimoines/2007-2008/chateau/Chateau1.htm