Un ami me fait remarquer ce jour un article paru dans Le Devoir, journal d'information du Québec, constatant la réalisation d'une exposition financée par quelques entreprises sponsors, développant un argumentaire en faveur de l'exploitation des sables de schistes bitumineux. Cette activité est florissante, et très polluante au Canada. C'est en toute "objectivité" par conséquent que le musée des sciences et de la technologie d'Ottawa déploie une telle exposition grâce aux fonds des lobbies du secteur. Il faudrait quand même un jour s'interroger sur les financements dans les musées de science, dont l'impact n'est guère comparable avec ceux des musées d'art. Les effets induits sur les discours y sont plus directs et plus problématiques. Quand Total finance la restauration de la galerie Apollon au Louvre et quand l'entreprise finance l'exposition Pétrole à la Cité des Sciences, ce n'est pas pareil. Si toutes les expositions ne pêchent pas par des discours aussi tendancieux que semble le faire celle d'Ottawa (que nous n'avons pas vu), il faut malgré tout s'interroger sur le phénomène. Nous avions cru mourir de rire, il y a quelque temps, quand le concepteur d'une exposition sur le nucléaire, à l'Académie François Bourdon, nous expliquait sérieusement qu'obtenir des financements d'Areva, de Framatome et d'EDF n'était pas un problème et que cela n'avait aucune incidence sur les contenus. Ne serait-il pas temps de parler d'éthique ?
jeudi 29 septembre 2011
samedi 24 septembre 2011
Zollverein
A proximité du Folkwang Muséum dans la Ruhr se trouve une des plus belles réalisations que nous ayons eu l'occasion de visiter ces dernières années : le musée de Zollverein. Installé dans l'ancien lavoir à charbon, le musée s'intègre parfaitement dans le bâtiment, la scénographie jouant des formes ingénieusement pour présenter, non l'histoire de la mine comme on pourrait s'y attendre, mais plus largement une épopée de l'histoire de l'Allemagne, depuis l'antiquité à nos jours et de ses relations aux autres. En trois parties équilibrées, le visiteur est invité à la réflexion sur le territoire, sur le monde, sur l'Allemagne... Impressionnante réalisation, qui marie intelligence des contenus et perfection de la réalisation. La scénographie est ingénieuse, d'une rare beauté, originale tout en demeurant classique et soignée. Un lieu rare qui vient trouver sa place dans un site époustouflant, voisinant les réhabilitations de bâtiments à destination de nouvelles start'up, d'un musée du design, ou encore d'un bâtiment des arts pour l'université à l'architecture marquante, signée Sanaa, du plus bel effet. Il faut prévoir plusieurs jours de présence si l'on veut profiter pleinement de toutes les propositions, y compris du bar piscine installé dans les anciens hauts fourneaux ! Cette région encore industrielle sait marier les époques, et intégrer le patrimoine à l'intérieur d'une région certes en reconversion, mais encore en plein développement d'activités.
dimanche 11 septembre 2011
Nouveau visage pour le Folkwang museum
Le Folwang Museum de Essen dans la Ruhr est une institution dont la naissance est importante dans l'histoire de la muséologie (implantée dans un premier temps dans la ville voisine de Hagen avant la fusion des collections de deux fondateurs, Osthaus et Gosebruch). La mise en exposition choisie à l'origine de l'établissement est à ce point novateur que le premier directeur du Museum of Modern Art de New-York, Alfred H. Barr Jr. fait alors le déplacement et déclare en 1934 que c'est un haut lieu de la muséologie européenne. En effet, le choix de faire se côtoyer les collections d'art moderne et les collections extra-occidentales est des plus novateurs.
jeudi 8 septembre 2011
L'Art de la lumière
Si vous voulez plus de lumière, c'est à Unna qu'il faut aller ! Dans ce lieu d'exposition atypique, vous pourrez découvrir des artistes qui exposent leur travail avec ce qui fut longtemps considéré comme la parole divine. Thématique originale évidemment, traitée de manière singulière, dans cette ancienne brasserie que l'on visite avec un guide qui commente les oeuvres une à une. Ce point n'est pas des plus agréables du reste, puisque si beaucoup de lieux contemporains négligent la mission didactique, c'est l'inverse ici : impossible de prendre le temps de s'imprégner des créations lentement avant de chercher à comprendre. Le discours, fut-il intéressant, vous est asséné comme à l'ensemble du groupe avec lequel vous êtes obligés de vous déplacer. Bon, hormis cette médiation forcée contestable, il est possible de voir entre autre, avec une pièce pour chaque oeuvre, les démarches de Christian Boltanski, Olafur Eliasson, Rebecca Horn, Joseph Kosuth, Christina Kubisch... Enfin le bâtiment appareil photo de James Thurrell qui permet d'admirer les nuages au sol est d'une extraordinaire ingéniosité et beauté.
dimanche 4 septembre 2011
Les Nomimés au LAM
Exposition intéressante présentant quatre jeunes artistes, Damien Cabanes, Mircea Cantor, Guillaume Leblon et Samuel Rousseau, nominés 2011 du Prix Marcel Duchamp. Ce prix créé en 2000 par l'ADIAF (Association pour la Diffusion internationale de l'Art Français) vise à soutenir le rayonnement international de la scène française. C'est sans hésitation le travail de Samuel Rousseau qui nous a le plus intéressé, ces petites installations sont d'une belle intelligence pour évoquer la ville et ses problématiques.
vendredi 2 septembre 2011
Felix Nussbaum Hauss
Nous avions vu l'exposition sur Felix Nussbaum Haus au MAHJ, Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme l'hiver dernier, et nous avions entendu parler de ce nouveau musée en construction dévolu à ces oeuvres. Inauguré ce printemps dans la charmante petite ville de Osnabrück dans le nord de l'Allemagne, la réalisation de Daniel Libeskind fait évidemment un peu trop penser au musée juif de Berlin, mais le geste est malgré tout tellement fort que l'on ne peut qu'être impressionné. Geste trop présent diront les critiques, au point que l'architecte cède aux tendances si courantes de s'exposer lui-même avant que de servir les oeuvres. Malgré tout, c'est d'une belle audace et l'articulation à l'ancien bâtiment parfaitement réussie. Car les oeuvres sont fortes et prenantes, et prennent la parole face à l'architecture à laquelle elles répondent intelligemment. Nous les avions vu dans de mauvaises conditions, lors d'un jour d'une trop forte affluence. Au point que, pour dire vraie, nous avions oublié cette exposition (d'autant qu'il était interdit de faire des photographies pour en conserver la mémoire...). En les revoyant dans ce bel écrin, nous avons pu les apprécier de manière incomparable, comme quoi le cadre est déterminant. Un musée à ne pas louper lorsque vous passerez vos vacances en Allemagne, ce que l'on vous recommande : il y a tant de musées à voir !