Intéressante opération à analyser, pleine d'ambivalences et de paradoxes. C'est ce que les étudiants du master Muséo-Expographie ont tenté de saisir lors du voyage d'étude réalisé à Cambrai, seconde étape du Centre Pompidou Mobile, avec un dispositif initié par le Centre Beaubourg, et initié dans le cadre du feu Conseil à la Création artistique. Les collectivités territoriales se montrent particulièrement volontaires en finançant largement le fonctionnement et la venue des 15 oeuvres mises en scène sous la structure mobile imaginée par Patrick Bouchain. Les médiations mises en oeuvres sont originales, et constituent un pari risqué et imparfait, mais qui donne à réfléchir sur les difficultés et les impératifs d'une démocratisation souvent inaccessible. Le rêve que nourrissait déjà Le Corbusier dans les années 30 avec son musée itinérant trouve ici son lieu d'exercice. Il fallait le faire. Après Cambrai, la structure sera accueillie à Boulogne, puis poursuivra son tour de France bien singulier. Seule une évaluation permettra de dire si les objectifs d'accessibilité par de nouveaux publics seront atteints, et si ceux-ci se précipiteront ensuite dans les musées de la région, soudain frappés par la révélation de l'art !
lundi 27 février 2012
samedi 25 février 2012
La bosse des maths
Exposition pour initiés ? En tous les cas, il faut être à l'aise avec les mathématiques pour y comprendre quelque-chose. On veut bien croire qu'il y a là des choses étonnantes, mais il faut le croire sur parole. La rencontre de l'art contemporain et des mathématiques laisse pantois, et l'on ne sait que penser de cette exposition fort peu attrayante. La Fondation Cartier pour l'art contemporain a certes eu une idée originale de marier ainsi des univers inattendus, mais le profane est quelque peu oublié en chemin. Que faut-il en retenir ? Qu'en retiendrons nous ? Pas grand chose sans doute. Huit scientifiques rencontres neuf artistes, l'idée est belle. Cependant, le dépaysement soudain laisse un peu de marbre, malgré que les artistes soient en principe convoqués pour nous faire vivre une expérience sensible. Comme un voyage dans une planète si lointaine que l'on ne sait même pas s'il a eu vraiment lieu.
mardi 21 février 2012
Danser sa vie
Exposition très convaincante qui déploie un magnifique panorama sur la danse, où les documents d'archives répondent aux tableaux et aux sculptures et évidemment aux documentaires et captations audiovisuelles de spectacle. Différents thèmes sont tour à tour abordés, les écoles et les mouvements artistiques, qui permettent de cheminer de manière logique et rationnelle, dans une optique pédagogique qui ne met pas à mal, pour autant, le plaisir que l'on peut avoir à flâner et découvrir au grès des découvertes. Une belle proposition qui confirme la maitrise de Beaubourg dans l'art de l'exposition. Mention spéciale pour les danseurs du lac majeur près d'Ascona, datant de 1914, descendants de cette utopie fouriériste, remplis d'amours, à l'aube d'une guerre qui se révélera l'effroyable boucherie que l'on sait. Et puis ces mises en perspective entre oeuvres et moments dansés. Un très beau télescopage, plein de sens.
mercredi 15 février 2012
L'Europe des esprits
Très beau thème pour une exposition dont la plus grande réussite aura été sans doute la communication, conduite de manière magistrale. Comme en atteste la revue de presse abondante, elle aura été remarquée de très loin, provoquant les déplacements vers Strasbourg où se tenait au musée d'art moderne et contemporain cette exposition L'Europe des esprits ou la fascination de l'occulte (1750-1950). A l'heure de son bilan, que pouvons nous en retirer ? D'abord que le thème exigeant est original, et que l'on se plait toujours à découvrir des expositions thématiques qui invitent à relire autrement l'histoire, et dont l'histoire de l'art n'est qu'un élément. Mais c'est peut-être un des écueils de cette exposition, de n'être pas allé assez loin dans l'élaboration d'une vraie réflexion transversale. En composant une exposition en trois parties, si ce n'est trois expositions rassemblées dans un même bâtiment, avec une partie consacrée à l'histoire de l'art réalisée par le musée, une partie à l'histoire et aux archives, réalisée par la bibliothèque, et enfin une partie sur les sciences réalisée par le Jardin des sciences, il y a une volonté de partager une même dynamique, mais cela ne fait pas une exposition transversale pour autant. Ainsi de mêmes thèmes sont abordés plusieurs fois, en laissant le visiteur assurer seul le dialogue et les connexions. Si bien que l'exposition produit ce qu'elle devrait dépasser, la séparation des disciplines ! En embrassant trop largement, elle produit aussi un grand bain dans lequel on surnage difficilement, au risque de se noyer. Sans parler de la muséographie et de la scénographie très inégales selon les parties de l'exposition, la tentative était belle, elle laisse un goût d'inachevé. Une belle accumulation d'objets et d'oeuvres, une recherche certes importante de pièces, dans toute l'Europe, au risque du reste d'une absence fatale de hiérarchies, mais surtout d'un manque de clarté évident dans le propos. L'exposition reste au milieu du guet, entre une exposition d'art et une exposition à thèse, telle qu'un Jean Clair a pu en proposer magistralement par le passé. Une exposition certainement produite trop vite.
vendredi 10 février 2012
Sept fois plus à l'ouest
Yann Kersalé expose présentement à l'Espace Electra à Paris les projets conduits principalement en Bretagne, sa terre de prédilection. Jeux avec la lumière, jeux malicieux et souvent astucieux pour faire ressortir autrement le quotidien de la nuit. Saisissant le passant par des jaillissements imprévus, l'artiste fait surgir une beauté nouvelle, fruit de l'électricité et de l'ingéniosité. En réinvestissant les idées pour en faire autre chose, l'exposition témoigne de la démarche, rend compte d'une situation en créant une situation nouvelle, celle de l'espace d'exposition dans les murs pour s'inspirer du hors les murs. Fort habile et surprenante, l'exposition invite à aller sur place, mais propose aussi une cohérence interne, et se visite pour elle-même, puisque ce sont souvent de nouvelles oeuvres qui font simplement des clins d'oeil à leur grande soeur. Sorte de poupée gigogne, de mise en abîme. Ainsi cette installation pour le centre des télécommunications de Pleumeur-Bodou. Mais il y a aussi les alignements de Carnac, le phare de l'Ile Vierge, le Sillon noir, le Chaos du Diable et bien d'autres noms de lieux inspirants !
jeudi 2 février 2012
La France en relief
Ce n'est sans doute pas véritablement une exposition de préfiguration, mais disons un avant-goût d'un projet qui se veut résolument tourné vers les territoires et vers la France entière. La future Maison de l'Histoire de France se veut une tête de réseau et entend fédérer les musées et lieux d'histoire disséminés ici ou là. Des têtes de réseaux qui avaient cette volonté, il y en a eu un certain nombre à Paris, dans bien des secteurs, espérons que cette volonté dans le champ de l'histoire ne tombera pas dans l'amnésie... Ce serait un comble ! Cependant si la mémoire est importante, elle est d'autant plus intéressante, à notre goût, quand elle est reliée aux problématiques contemporaines. Ce n'est pas vraiment le cas pour cette première exposition présentée aux Galeries du Grand Palais dédiée aux plans reliefs. Certes la mise en parallèle de la ville de Brest et sa destruction est émouvante. On peut découvrir quelques villes de France, fortifiées, et la splendeur d'un temps qui n'est plus, époque où le roi demandait à Vauban s'il construisait sa citadelle bisontine en or tant celle-ci était couteuse aux deniers de l'Etat. Les temps ont bien changé, et on ne peut pas dire que ni la restauration des monuments historiques, ni l'architecture contemporaine, ne bénéficient désormais de largesses. Reste que cette exposition est une mise en bouche, assez belle dans sa présentation, même si le contenu n'est pas renversant.