dimanche 29 décembre 2013
Kanak : l'Art est une parole
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Certes, l'art est une parole, pour citer le sous-titre de l'exposition Kanak, mais ce n'est pas nécessairement une parole politique ! Car l'exposition du Quai Branly demeure quand même bien discrète sur les sujets susceptibles de fâcher. Certes, Jean-Marie Tjibaou est largement présent, s'inscrivant dans les traces du grand héros Altaï, figure de la grande insurrection et pionnier des pères de l'indépendance, mais de celle-ci il n'est plus question, comme si l'appartenance à la France constituait une évidence et qu'il ne fallait plus aborder les questions du colonialisme, pourtant largement conspuées dans d'autres expositions. Non, dans la présente présentation, on se recueillera avec dévotion devant de beaux objets, devenus artistiques, c'est-à-dire comme nettoyés et neutralisés de toute leur charge subversive. Certes, il est toujours intéressant de voir des objets énigmatiques, dommages qu'une fois encore on les sacralise comme des reliques plutôt que de se pencher avec force détails sur leur sens et fonctionnalité dans la société en question. Inutile de s'interroger non plus sur l'art actuel (hormis quelques créations présentées en fin d'exposition) et sur la situation des Kanaks aujourd'hui.
mardi 24 décembre 2013
Tony Oursler au MAC's
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jeudi 19 décembre 2013
Art orienté objet : la nature fusion
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Le Musée de la chasse et de la nature continue de nous surprendre et de nous ravir. Avec Marion Laval-Jeantet et Benoit Mangin, l'exposition Art orienté objet, est détonnante, non seulement parce que l'oeuvre Transe Fusion est mi-humoristique mi-mutante, puisque l'artiste rend compte de ses visions après s'être fait injectée du sang de cheval. A la manière d'Orlan, le corps est sujet à expérimentation, et aura nécessité ici 4 années de recherches préalables en biotechnologies. D'autres oeuvres sont plus simples dans leur forme, mais tout aussi efficaces, ainsi La visitation ou La Machine à faire chanter les cerfs dans la brume. Comme toujours le musée de la Chasse dissémine dans ses collections permanentes des oeuvres temporaires. Ainsi avec finesse, le permanent devient cette nature dans laquelle il faut repérer par surprise l'animal artiste, du moins son oeuvre !! Les salons du musée sont ainsi peuplés de rencontres étranges ! Encore une exposition de qualité, avec des oeuvres produites pour l'exposition, accompagnée d'un catalogue d'une belle facture, et d'un petit texpo à 1 euro pour le visiteur qui voudra conserver une trace de sa visite. Une belle initiative.
lundi 16 décembre 2013
Nouveau Musée d'Histoire de Marseille
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Le nouveau musée d'histoire de Marseille, lieu qui a compté dans l'histoire de la muséologie, et notamment de la muséologie nouvelle, vient de faire l'objet d'une rénovation conduite tambour battant. Décidée en 2009, le musée a été réouvert en septembre dernier dans le cadre de Marseille 2013. Très belle réalisation conduite de main de maitre, avec le Studio Adeline Rispal pour une scénographie sobre et claire. Se déployant sur 3500 m2, le musée apporte enfin une offre muséale municipale digne de ce nom... Certes, le choix fait d'une typographie en rouge ne favorise pas la lisibilité, surtout en lettrines sur le verre des vitrines, et le choix d'un petit journal distribué au visiteur pour lui révéler les contenus n'est pas des plus efficients, surtout en cas de rupture de stock ! Mais le propos lui est passionnant, car il s'agit de dévoiler des aspects en retournant des idées toutes faites ou en faisant s'interroger le visiteur. Les audiovisuels très, peut-être même trop nombreux tant ils sont parfois juxtaposés dans le parcours, participe de la réussite du lieu et de son intérêt. La manière de mettre en parallèle des méthodes antiques avec les méthodes actuelles, par exemple pour la barque cousue, est audacieux et très convaincant. Enfin les parties plus contemporaines, parfois moins développées, devraient faire l'objet d'expositions à venir.
samedi 14 décembre 2013
Happy Birthday Mister Perrotin
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L'exposition proposée au Tri Postal, en forme de retrospective de la Galerie Perrotin, pour ses 25 ans, intitulée Happy Birthday, est évidemment hétéroclite, c'est une exposition de galerie qui vise à démontrer de la pertinence des choix artistiques faits, davantage que d'une cohérence entre les artistes présentés ou d'un quelconque discours. Le visiteur y prendra donc ce qui l'intéresse et pourra être sensible à l'un sans l'être à l'autre. Aucun propos ne lui est adressé et nous avons affaire à la forme la plus expressive de l'art pour l'art. Personnellement, - et comme Martine Aubry ! -, nous avons pris beaucoup de plaisirs à voir les oeuvres de JR dont le travail de composition urbaine à partir des visages du quartier est impressionnant. De même Tatiana Trouvé avec son installation de fils de plomb inversé nous déséquilibre. Les propositions de Damien Hirst avec With dead head sont assez insoutenables (mais de toute façon nous oublierons assez vite les oeuvres de Hirst puisqu'il nous interdit de les photographier !) et celles de Maurizio Cattelan nous font toujours sourire. D'autres oeuvres sont davantage vues et revues, mais c'est logique. Les montrer participe d'une volonté de partage et de démocratisation bienvenue.
jeudi 12 décembre 2013
Trouble Makers au 104
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Etonnante exposition sensorielle, emblème de l'exposition expérientielle, Trouble Makers. Sensation versus digital, dans le cadre du festival Némo, présentée au 104. Si Dans la brume électronique de Kurt Hentschläger emporte le succès, le fait de signer une décharge avant de rentrer n'étant pas sans amplifier l'effet, les autres oeuvres sont également étonnantes. Nous avons bien aimé Epiphanie acoustique de Julien Clauss, même si sa présentation en église serait sans doute plus forte. Chacune des huit propositions est pertinente. Les ailes de l'hypnose de Heewon Lee (ici en image), est captivant, tout comme Les Ondes de choc visuel de Annica Cuppetelli et Cristobal Mendoza. Monumentale musique des sphères de Michel et André Decostero, dans son apparente simplicité, fascine tout autant.
mardi 10 décembre 2013
Deux expositions participatives à Arles
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Deux propositions d'expositions participatives en ce moment à Arles.
- L'une co-construite entre le musée Arlaten et les communautés des gens du voyage, notamment via les enfants investis en relais avec leur famille et entourage. Par des inventaires participatifs et un gros travail d'actions culturelles, l'équipe du musée profite de la fermeture du musée et de sa rénovation pour tisser des liens et entreprendre des actions avec des populations traditionnellement plus éloignées du musée. Cela conduit à une petite exposition inventive et sympathique, intitulée A la Gitane qui est présentée à l'Espace Van Gogh jusqu'au 15 décembre.
- La seconde proposition "Racontes moi le Chaland" est celle du Musée de l'Arles antique, qui a conduit un travail avec les écoles de la ville et le quartier où a été conduit le chantier de fouilles dans le Rhône en face du musée. Les habitants ont même initié un char pour une fête locale qui est présenté dans l'exposition. Ces démarches sympathiques témoignent de l'évolution des institutions qui savent marier exigence dans de grandes expositions, comme celle présentée dernièrement sur Rodin et actions culturelles participatives, pour renouveler l'intérêt et l'ancrage des musées dans la communauté.
- Le visiteur pourra en profiter pour découvrir par ailleurs la très belle extension du musée, ouverte récemment, sur laquelle nous pourrons revenir.
samedi 7 décembre 2013
Au bazar du genre : une exposition utile
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Seconde exposition temporaire du Mucem, Au Bazar du genre. Féminin/Masculin en méditerranée. Pourquoi en méditerranée ? C'est la question que l'on pourrait se poser, alors que les questions autour de culture machiste y sont juste esquissées au regard de leur importance dans le bassin méditerranéen... C'est surtout de féminisme et de discriminations sexuelles dont il est question, davantage que de culture masculine, même si les phénomènes sont évidemment liés. En tous les cas, l'exposition est convaincante et même si certains se plaignent du semblant de bazar dans le parcours, c'est en réalité un bazar très organisé que le commissaire Denis Chevalier compose avec ses acolytes et avec le Bureau des Mésarchitectures comme scénographes. L'exposition, c'est rare, est nécessaire en ces temps de bêtise collective où la théorie du genre se voit attaquée par tous ceux qui n'ont pas reçu la moindre once d'enseignement en sciences sociales... Réactionnaires de tous poils unis dans une grande entreprise de régression collective... Il est donc salutaire qu'un grand musée pointe à son ouverture la nécessité d'affirmer les combats communs pour le féminisme et l'égalité des droits.
jeudi 5 décembre 2013
Le Noir et le Bleu au Mucem
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Une semaine passée à Marseille et Arles avec les master 2 Expographie Muséographie de l'Université d'Artois , belle occasion pour rencontrer des professionnels in situ, participer au colloque du Mucem, mais aussi voir et revoir certains sites et expositions, notamment celles du Mucem. L'exposition Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen de très belle facture et pour laquelle le commissaire général Thierry Fabre propose une vision un brin clivée, mais dans un beau parcours mis en scène par l'Atelier Maciej Fiszer. Proposition classique dont l'harmonie est indéniable pour dialoguer sur ce qui fait civilisation et ce qui la nie. Si les approches du tourisme opposé aux violences diverses constituent un résumé un peu rapide des subtilités contemporaines, il n'empêche que les dominations historiques et actuelles sont traitées avec conviction au travers de propositions artistiques intéressantes. Nous sommes moins convaincus par le début de l'exposition, car le très beau tableau de Miro a pour effet de cacher le propos introductif et pour cela le visiteur a du mal à entrer dans la thèse défendue, et il faut quelques salles pour comprendre de quoi il s'agit. Ce manque d'une plus grande explication en introduction n'occulte pas la grande réussite de l'exposition au final.
mardi 3 décembre 2013
Exposer le cinéma
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Le musée national du Cinéma de Turin est un curieux endroit. Il a tout pour plaire. D’abord de formidables collections, un lieu fabuleux digne de tous les films de science fiction, un propos et des contenus plutôt pertinents et bien pensés, une scénographie certes un peu carton pâte, mais ce n’est pas mal venu relativement au sujet. Le travail de François Confino est plutôt amusant et ingénieux. On passe un moment agréable et instructif. Toutefois, il y a quelque-chose qui ne fonctionne pas. C’est sans doute l’agencement des séquences qui est parfois un peu morcelé, mais même ce montage syncopé pourrait être défendu, au final le gros problème du lieu, c’est la signalétique ! Celle-ci quasi absente amène le visiteur à être sans cesse perdu, indécis sur son parcours, et de ce fait à produire un effet de zapping et de picorage. C’est d’autant plus stupide qu’il ne faudrait pas grand chose pour améliorer très sensiblement le lieu. Il faudrait repenser le parcours du point de vue du primovisiteur. Revoir l’accompagnement et la progression, faire des choix plus tranché, car en l’état le visiteur est obligé à des choix insatisfaisants. Le personnel semble du reste hésiter lui-même, puisqu’aucun ne nous a conseillé le même sens de visite ! Un lieu par conséquent qui vaut la peine, même s’il pourrait être plus abouti qu’il ne l’est.
A signaler une prochaine soutenance de thèse à l'EHESS de Stéphanie-Emmanuelle Louis sur l'histoire de l'exposition du patrimoine cinématographique, sous la direction de Christian Delage, le jeudi 19 décembre.
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