mercredi 31 décembre 2014
L'attachement aux choses
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publication muséologie
C'est sous ce très beau titre L'Attachement aux choses, que Thierry Bonnot, chercheur au CNRS, spécialiste de la biographie des objets, convie à la réflexion. Question évidemment essentielle pour l'anthropologie matérielle, mais qui concerne au premier chef les musées. Car le rapport à l'objet n'a rien d'évident, que signifie-t-il et pourquoi serait-il plus fiable qu'autre chose malgré les apparences ? La déconstruction de la croyance envers l'objectivité de l'objet a été conduit par la muséologie de la rupture et il n'est plus possible aujourd'hui d'y souscrire aveuglément comme l'ont fait et comme continuent à le faire bien des expositions. C'est ce dilemme que discute Thierry Bonnot montrant les positions souvent encore opposées des chercheurs et des professionnels des musées. L'objet est-il témoin ou relique ? Cette formule continue d'être posée, comme le confirme le retour à des expositions d'objets esthétisés, au détriment souvent des discours et des médiations (dans beaucoup de musées d'ethnologie, mais pas seulement). On pourra voir une manifestation de ce débat dans le succès depuis une semaine de l'exposition sur les cabinets de curiosité à Confluences qui démontre s'il le fallait que les publics sont souvent encore fascinés par les objets comme dans une foire aux monstres, et qu'il se passe volontiers des discours des chercheurs... L'ouvrage de Thierry Bonnot, parfois assez austère dans ses discussions théoriques, apporte une contribution essentielle pour mieux comprendre les enjeux.
jeudi 25 décembre 2014
Valérie Belin au Centre Phi
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exposition
Saluons un nouveau lieu d'exposition d'art contemporain au coeur du vieux Montréal, lieu sous forme de fondation privée, évidemment, qui programme expositions, spectacles, concerts... Le Centre Phi se tient sur plusieurs étages le lieu est agréable et bien situé et programme avec le DHC/ART, situé à quelques rues de là. Pour l'heure, les deux sites exposent Valérie Belin, photographe parisienne dont l'oeuvre scrute le détail. Avec ses photos de femmes déshumanisées, rendues à l'état de mannequins, la photographe conduit une critique forte de la réification, alors que d'autres photomontages s'amusent des encombrements d'objets, à la manière de Niki de St Phalle. Nous aimons bien aussi les portraits dans les fleurs. Des grands formats très signés, où l'on retrouve parfois les photos des débuts de carrière de l'artiste, lorsqu'elle se jouait des reflets des verres et plats de cristal. Un travail original.
lundi 22 décembre 2014
Olafur Eliasson, avec bonheur
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Heureusement, il y a l'exposition Olafur Eliasson et pour ça, cela vaut la peine. Très belles installations, toujours impressionnantes, qui fait chavirer davantage que le bateau qui l'héberge. Car sinon on pourrait l'appeler la Fondation Bling Bling tant l'architecture de Gehry est là pour faire impression, légère en apparence, mais de loin, alors qu'elle se révèle en réalité massive et assez lourde une fois dans ses entrailles. Composée surtout d'espaces chaotiques dont on se demande à quoi ils servent tant ils accueillent à peu près rien, si ce n'est quelques Giacometti toujours agréables à voir, La Fondation Louis Vuitton frime au bois. Une exposition est même entièrement consacrée aux maquettes réalisées par le Maitre pour le bâtiment, avec très peu d'explications, mais en toute modestie.
Une fois de plus, on vient pour admirer une architecture qui se pare et pour laquelle les oeuvres sont des prétextes. De toute façon, nous avons affaire à l'art contemporain d'affaires, affaires de placement et de positionnements. L'art peut bien être gazeux, comme disait Yves Michaud, puisqu'il s'agit de faire écho aux flux financiers internationaux désormais insaisissables. Tout est exposable du moment que consacré par le marché, et réciproquement. La Fondation servira donc à accompagner et favoriser la cotation des artistes. C'est un activateur de rentabilité. Rien de bien extraordinaire à voir dans ce voyage si ce n'est l'enveloppe. Il va falloir de belles expositions temporaires comme celle présentée actuellement pour motiver les retours.
Une fois de plus, on vient pour admirer une architecture qui se pare et pour laquelle les oeuvres sont des prétextes. De toute façon, nous avons affaire à l'art contemporain d'affaires, affaires de placement et de positionnements. L'art peut bien être gazeux, comme disait Yves Michaud, puisqu'il s'agit de faire écho aux flux financiers internationaux désormais insaisissables. Tout est exposable du moment que consacré par le marché, et réciproquement. La Fondation servira donc à accompagner et favoriser la cotation des artistes. C'est un activateur de rentabilité. Rien de bien extraordinaire à voir dans ce voyage si ce n'est l'enveloppe. Il va falloir de belles expositions temporaires comme celle présentée actuellement pour motiver les retours.
vendredi 19 décembre 2014
Les Bulles de Bilbao
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publication muséologie
A l'heure où s'ouvre un grand musée, mais aussi la Fondation LVMH toute resplendissante à Paris, Jean-Michel Tobelem publie avec deux collègues un petit ouvrage fort sympathique qui revient sur les évolutions architecturales des musées à partir de l'expérience du Guggenheim basque, sous le titre Les Bulles de Bilbao. Les Mutations des musées depuis Franck Gehry. Trois textes fort stimulants. Et comme il est peu coutume en muséologie, des textes polémiques où les auteurs défendent des points de vue engagés. C'est salutaire, car cela donne à penser, à discuter, à débattre... La petite collection éditée par Les éditions B2 est richement illustrée et d'un graphisme agréable. Jean-Michel Tobelem analyse les musées à l'heure du capitalisme triomphant, Luis Miguel Lus Arana revient sur l'expérience de Bilbao et John Ockman sur les aventures du Guggenheim.
mercredi 17 décembre 2014
Viollet-le-Duc, visionnaire du patrimoine ?
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On aurait pu s'attendre à comprendre dans l'exposition Viollet-le-Duc, Les visions d'un architecte les tenants et aboutissants de ce qui fait débat dans les choix de restauration des sites et monuments. Car la manière de reconstruire en mêlant vision scientifique historique et volonté de faire oeuvre de création n'est plus aujourd'hui en principe le credo des adeptes du patrimoine. Il aurait été intéressant de revenir sur ce qui fait que Viollet-le-Duc a été remis en question et pourquoi de nos jours de tyranniques architectes imposent toujours leur credo mais au nom de l'histoire et non plus d'une vision créative. Le patrimoine s'en porte t-il mieux ? Ne faudrait-il pas réhabiliter Viollet-le-Duc dans sa démarche même ? Pour mieux comprendre on aurait aimé que le débat soit posé. Or, si l'on découvre l'homme, l'exposition ne s'attache guère à dévoiler les problématiques de la restauration.
Signalons également à la Cité de l'architecture, l'exposition AJAP 2014, albums des jeunes architectes et paysagistes, à voir jusqu'au 5 janvier, avec de belles propositions et un ingénieux système de caissons pour rendre itinérante l'exposition.
Signalons également à la Cité de l'architecture, l'exposition AJAP 2014, albums des jeunes architectes et paysagistes, à voir jusqu'au 5 janvier, avec de belles propositions et un ingénieux système de caissons pour rendre itinérante l'exposition.
lundi 15 décembre 2014
Revoir Paris, la ville monde
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L'exposition Revoir Paris, à la Cité de l'architecture, proposée par Schuiten & Peeters à partir de leurs travaux d'illustrateurs et de l'ouvrage publié en 2009, invite à voyager en s'appropriant deux siècles de visions urbaines, d'utopies ou de projections réalisées. La ville est modelée et remodelée par des visionnaires et l'exposition permet de suivre des explorations imaginaires et d'autres devenues utopies concrètes, selon les époques et les folies envisagées. Si la Tour Eiffel n'est toujours pas une station pour dirigeable, selon la manière de voir le vingtième siècle d'Albert Robida en 1883, en revanche d'autres aménagements ont bien eu lieu. Les expositions universelles, le métropolitain, la création des parcs sont autant d'occasions pour repenser la ville. Parce qu'ils sont particulièrement sensibles à l'architecture, Schuiten & Peeters se laissent aller à envisager les métamorphoses urbaines à venir au gré de leur imaginaire, dans une exposition fleuve assez amusante.
samedi 13 décembre 2014
Exhibit B, parce que l'exposition est un spectacle
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spectacle vivant
Ce qui est étonnant dans cette affaire, ce n'est pas le spectacle lui-même, belle cérémonie commémorative pour se souvenir ensemble des horreurs de l'histoire des hommes, ce qui est choquant ce sont les réactions que cette exposition-spectacle suscite. Avec Exhibit B, le metteur en scène Brett Bailey signe une oeuvre forte et suffisamment parlante pour ne pas être ambiguë. Le contenu n'est en soi guère nouveau, et l'exposition L'Invention du sauvage au Quai Branly il y a quelques années faisait déjà une démonstration similaire. Ceux qui prétendent qu'il s'agit là de zoos humains font la preuve de leur inculture en ne comprenant pas que ce sont ceux là-mêmes qu'ils contestent qui leur ont permis de faire surgir cette problématique historique (en autre Pascal Blanchard). Et puis exposer des êtres humains, Beaubourg l'avait fait à ses débuts, avec une exposition dénonçant la femme objet et les arts de la rue ont souvent exploré cette forme, comme Sérial Théâtre avec ses femmes monstres, ou encore Kumulus avec les SDF. L'exposition-spectacle prouve aussi la relation forte des deux approches, comme forme de création. Très belle performance donnée au 104, sous la garde de dizaines de cars de CRS, à cause de quelques abrutis incultes.
Voir notre article à propos des spectacles prenant l'exposition comme forme.
Voir notre article à propos des spectacles prenant l'exposition comme forme.
vendredi 12 décembre 2014
Collection abcd / Bruno Decharme : un beau voyage
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exposition
Etonnante collection que celle de Bruno Decharme, qui signe le commissariat de son exposition de concert avec Antoine de Galbert à la Maison rouge. Collection d'art brut de plus de 3500 pièces dont la sélection présentée est ici disparate, mais qui présente de ce fait une initiation à un univers qui dispose déjà de ses artistes "classiques", Aloise Corbaz ou Adolf Wölfli, mais aussi des choses moins connues. Le goût du morbide semble caractériser l'unité de la collection, et l'exposition en douze sections invite à un voyage peu ordinaire. Jeux avec le langage, jeux avec les matériaux, avec l'architecture, avec la maladie mentale peut-être et même avec les sciences comme autant de réjouissances. C'est peut-être au fond ce qui caractérise l'art brut, le jeu associé à l'irrépressible besoin d'expression. Retenons cette oeuvre bicéphale où l'artiste présente dans une petite boite les cendres de son père et de sa mère, encerclée de tous les jours de leur vie, en guise de généalogie familiale, il fallait y penser !
mercredi 10 décembre 2014
Art + science, impressions décuplées
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Rien que pour l'installation Matrice Liquide 3D, réalisée par Shiro Takatani - idée que l'artiste a eu parait-il lors d'une visite à Lille en 2001-, et que Christian Partos utilise à son tour avec une seconde proposition, l'exposition vaut le détour. 900 électrovalves commandées par ordinateurs proposent des sculptures aquatiques fascinantes. Ainsi avec Art Robotique, la Cité des Sciences propose un volet de créations originales et captivantes. Les Animaris de Théo Jansen fascinent également les visiteurs, d'autant que des démonstrations théâtralisées originales racontent la création comme s'il s'agissait d'un conte fantastique, médiation surprenante et bien rodée. Notre oeuvre préférée est cependant celle de Shun Ito, intitulée Cosmic Birds. Richard Castelli, le commissaire scientifique invite ainsi onze artistes chercheurs d'expressions artistiques via la robotique, et même si la chose n'est pas nouvelle, puisque Tinguely en est quelque part l'ancêtre, il semble bien que cette dimension soit prometteuse. Le même jour nous allions voir le Sacre du printemps mis en spectacle par Roméo Castellucci à la Grande Halle prouvant décidément que la robotique est une approche artistique actuelle, puisque le plateau de la scène est également habitée de machines surprenantes. Spectacle vivant ou musées, l'art robotique est devant nous. Exposition à voir jusqu'au 4 janvier à la Cité des Sciences.
samedi 6 décembre 2014
Passions secrètes au Tri postal
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L'exposition Passions secrètes : collections privées flamandes qui se tient au Tri postal jusqu'à début janvier, sous l'égide de Lille3000, regroupe des oeuvres acquises par des collectionneurs de la région de Courtrai. Avec 140 oeuvres, propriété de 18 collectionneurs, l'exposition invite à un drôle de voyage, mêlant de curieuses propositions, à l'image de cette dépouille de cheval en suspension de Berlinde de Bruyckere. La commissaire d'exposition Caroline David, directrice des arts visuels au sein de Lille 3000, met en scène des collections hétéroclites, ce qui est normal puisque issues de collectionneurs ayant évidemment des goûts différents, toutefois l'ensemble reflète l'art contemporain international, avec ses grands noms et ses nouvelles normes. S'il s'agit de saisir des tendances, c'est assez peu des artistes émergents dont il est question, mais davantage de ceux dont les cotations sont assez élevés pour constituer de bons placements (même s'il nous est assuré que les collectionneurs en question collectionnent par amour de l'art). On pourra découvrir des artistes de l'Europe du nord, un peu moins connu que Wim Delvoye ou Jan Fabre. Mention spéciale pour Marriage (oui avec 2 r !) de Elmgreen & Dragset.
jeudi 4 décembre 2014
Les musées et leurs publics : savoirs et enjeux
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C'est sous ce titre que vingt après un colloque important, tenu en 1994, les musées de la civilisation à Québec, sous la houlette de Lucie Daignault et Bernard Schiele, ont réuni durant deux jours début décembre des intervenants proposant des communications concernant l'évaluation et les enquêtes de connaissance des publics.
Mieux que cela, un ouvrage est paru, sous la direction de Lucie Daignault et Bernard Schiele, qui fait le point sur bien des aspects et apporte une bibliographie conséquente en la matière, mais aussi un glossaire. Pas moins de 22 auteurs pour un ouvrage de 360 pages, un beau travail ! Merci pour cet outil qui sera nécessaire.
Mieux que cela, un ouvrage est paru, sous la direction de Lucie Daignault et Bernard Schiele, qui fait le point sur bien des aspects et apporte une bibliographie conséquente en la matière, mais aussi un glossaire. Pas moins de 22 auteurs pour un ouvrage de 360 pages, un beau travail ! Merci pour cet outil qui sera nécessaire.
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