Le musée d'Orsay propose une exposition Jean-Léon Gérôme. Exposition assez classique dans son mode d'approche, puisqu'on n'y éprouvera guère de surprise sur le plan scénographique, ni même muséographique. Le discours tenu est assez attendu, mais cela n'empêche pas de se régaler de peintures. Souvenir d'une époque où le peintre sait peindre, même s'il met déjà son art au service d'une production un peu suspecte, ne regardant guère aux compromissions, les oeuvres longtemps honnies de Gérôme sont souvent saisissantes, notamment les oeuvres rapportées d'un Orient lointain. Ces peintures ont construits les imaginaires occidentaux autant qu'elles s'en sont nourries. Certes, les périodes font osciller le peintre dans des directions très diverses, en renouvellent le style, et le font parfois flirter avec l'opportunisme. On regrettera le peu de discours contextuel proposé par les concepteurs de l'exposition, car si la critique des contemporains est effleurée, elle n'est guère mise en lumière par une explication des enjeux. Au visiteur de se débrouiller pour mieux comprendre ou pour seulement contempler.
jeudi 23 décembre 2010
samedi 18 décembre 2010
Yes is more
Superbe exposition originale à Arc en rêve à Bordeaux sur l'agence BIG, jeune agence danoise, des plus extraordinaires par les propositions faites depuis 2005. Incroyablement prolixe, dévoreuse de projets, boulimique d'aventures, l'agence impressionne par sa capacité à inventer et rebondir. L'exposition présentée sous forme de BD polar est des plus réussie, elle captive et plaît à tout public, ce qui est une performance pour une exposition d'archi. Les superbes maquettes permettent de faire des allers-retours entre la frise constituée de vignettes, de documents et de films, et la visualisation en 3D. Trente maquettes, 130 mètres de longueur d'un ruban qui déroule un fil que suit le visiteur lecteur avec étonnement. Chaque projet est présenté comme une aventure, et on se prend au jeu de savoir comment cela va finir, et souvent cela finit mal, du moins sans réalisation réelle. On comprend mieux ainsi les espoirs et douleurs de ce métier.
mercredi 15 décembre 2010
Concepts clés de muséologie
En attendant un menu plus copieux avec Le Dictionnaire de muséologie à paraître en avril prochain chez Armand Colin, voici Les Concepts clés de muséologie, produit par le comité de l'ICOM : l'ICOFOM, sous la direction d'André Desvallées et François Mairesse. Ce petit recueil distribué à l'occasion de la Conférence générale du Conseil international des musées de Shanghai en novembre dernier regroupe 21 concepts clés rédigés par neuf auteurs. Bien évidemment des impasses sont faites, dans un premier temps, mais le professionnel comme l'étudiant en muséologie pourront déjà trouver matière pour engager la réflexion sur l'évolution du secteur avec des notions aussi différentes que Architecture, Collection, Communication, Education, Ethique, Exposition et bien d'autres entrées...
dimanche 12 décembre 2010
Indépendances !
Exposition dense aux dires de la conceptrice de l'exposition ! Effectivement elle parait si riche à première vue qu'il existe un risque de s'y perdre, mais au final, le visiteur entre dans le sujet, se passionne et se laisse envoûter. Car c'est une exposition qui s'apprivoise, qui demande à être approchée avec une certaine lenteur pour entrer dans son propos et comprendre son cheminement. Ce n'est pas là une de ces expositions que l'on peut traverser distraitement, soit on s'y applique et on l'apprécie, soit elle nous échappe. Il faut dire que le sujet est complexe : croisement de l'histoire belge dans son rapport à sa colonie congolaise et de l'histoire des indépendances africaines. Le lien de la Belgique au Congo est douloureux mais aussi fait de joies partagées, de beaucoup d'affections et de liens durables. Ainsi, il est étonnant de constater combien les visiteurs sont impliqués, combien ils se sentent concernés par cette histoire. Combien les membres de la communauté congolaise s'y rendent avec attention. C'est la chance du musée de Tervuren que d'entretenir une relation privilégiée avec des publics que tout devraient séparer. Celui des férus d'ethnographie, mais aussi des descendants de colons comme des membres de la communauté congolaise. Plus qu'ailleurs, le musée joue ici son rôle de médiateur et de "raccommodeur" des souffrances passées.
mercredi 8 décembre 2010
S'envoler les pieds sur terre
Le FRAC Lorraine propose une exposition assez audacieuse dans ses intentions, interroger la relation de l'art contemporain à la religion. Qu'est-ce que les artistes contemporains peuvent bien avoir à dire de la religion ? Il ne s'agit pas ici de montrer Jean-Paul II écrasé sous une météorite comme nous y avait habitué Maurizio Cattelan et c'est bien dommage ! Ce ne sont pas non plus les Christs entortillés comme des guimauves à la Wim Delvoye, non plutôt une réflexion assez sérieuse sur la religion et qui peut prendre des formes assez surprenantes. La vidéo de Cristina Lucas cassant une énorme statue de Moïse à coup de massue est évidemment provocatrice et spectaculaire. Certes, Moïse appartient aux trois religions du livre, mais le vieux cornu est quand même très connoté judaïsme, et l'artiste aurait eu encore plus de courage en massacrant Mahomet, mais c'était prendre de plus gros risques ! Car le propos de l'artiste est de dénoncer la place faite aux femmes par ces figures d'un Dieu patriarche et macho. C'est très bien, mais il va falloir plusieurs masses à la fois. L'exposition n'est pas toujours convaincante, mais elle a le mérite de nous faire redécouvrir un lieu fort agréable, assez incongru pour un FRAC, aménagé à l'époque dans un hôtel particulier par Jean-François Bodin.
samedi 4 décembre 2010
REHAB, l'art de re faire
Belle exposition sur le recyclage utile à la production des oeuvres, inspiration pour des éco-artistes. Belle exposition dont nous ne vous montrerons rien, puisque la photographie y est interdite comme il en est toujours à l'Espace Electra. Stupide attitude de vouloir maîtriser la communication en empêchant les visiteurs de s'approprier l'exposition par la photographie à l'heure de la circulation généralisée des informations. Pourquoi d'ailleurs y permettre le dessin et le croquis et pas la photographie ? Bref, nous ne devrions même pas parler de cette exposition puisque les commissaires ne veulent pas que des tiers la montrent, mais en même temps c'est une petite exposition intéressante qui fonctionne en trois chapitres. Le premier traite des oeuvres produites avec les matériaux recyclés, le second traite d'une réflexion verte au travers de leur production, et le troisième allégorise le déchet pour le faire disparaître dans autre chose, plus conceptuel. Nous avons particulièrement aimés les oeuvres de Pauline Bastard, Eva Jospin ou Lucie Chaumont. Les cartels ne sont pas très fonctionnels pour lire les oeuvres, mais ils ont l'avantage d'être très complets et explicatifs et leur graphisme original. Mais nous ne vous les montrerons pas non plus !