CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: 2008
La Formation en muséologie :

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ou sur le site de l'Université : (document à télécharger colonne de droite) ou sur ce lien.

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jeudi 18 décembre 2008

La tragicomédie de La Maison du chaos


Détruire La Maison du chaos, c'est un comble ! Et de ce fait les tenants de l’art destroy sont obligés de prendre la plume et de signer des pétitions pour s’opposer à l’anéantissement de ce lieu qui a néanmoins la destruction pour concept. Le monde est extraordinaire ! Il faut dire que certains riverains voient d’un mauvais œil ce Palais du Facteur Cheval du XXIème siècle dans une banlieue chic de Lyon, car, comme toute démarche originale, elle dérange du moment qu’elle n’est pas confinée dans un endroit pour ça : tel un centre d’arts contemporains. Comme on le sait, “la tolérance il y a des maisons pour ça”. Bel embrouillamini judiciaire, le fondateur Thierry Ehrmann qui est loin d’être un novice sait démontrer une atteinte à la création artistique et la dénonciation de la censure n’est jamais très loin. Dès qu’une démarche artistique est critiquée les défenseurs de la liberté d’expression montent au créneau, le livre publié des soutiens et distribué gratuitement sur le site en atteste. La décision de la Cour d'Appel de Grenoble le 16 décembre 2008 qui stipule la destruction prend le risque de faire monter une mobilisation déjà forte. Il faut dire que le lieu par les débats qu’il suscite et les visites qu’il génère, est plus stimulant pour l’esprit que la dernière exposition du musée d’art contemporain de Lyon qui elle ne s’attirera que l’ironie des critiques de France Culture dans l’indifférence générale. La Maison du chaos offre quand même de beau visuel, et on s’amuse beaucoup à la visiter. Le plus drôle dans l’affaire est peut-être cette contre-position avec la maison du bonheur en face de la maison du chaos. Pourra t-elle survivre en cas de destruction de son image inversée ? Elle ne semble déranger personne, bizarre !
Voir : http://www.demeureduchaos.or
ou http://blog.ehrmann.org/

dimanche 14 décembre 2008

Musée haut musée bas, le film

Après la pièce de théâtre, le film. Si les lieux sont démultipliés et incarnent plus de véracité que lors de la représentation théâtrale, les dialogues eux sont fidèles au texte de la publication. Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes, est un pastiche de l’institution, et comme toute caricature, elle ne fait pas toujours dans la nuance ou dans l’exactitude, mais il ne s’agit pas de proposer un documentaire sur le musée. On appréciera l’humour qui sert un regard tendre mais sans complaisance sur l’institution. Quelques pointes décochées envers l’art contemporain doivent faire crisser les dents des intégristes du secteur, mais s’avèrent assez savoureuses. Le happening et le meurtre au musée comme œuvre d’art thérapeutique demeure le nec plus ultra qui reste à atteindre alors que tout à été déjà tenté et que l’idéal contemporain de la création n’est pas de parfaire mais d’innover.
La brochette d’acteurs qui sont invités à visiter les lieux est impressionnante, et sert à dresser une typologie des visiteurs qui fera sourire le spécialiste des publics. Le conservateur hanté par la dégradation et l’envahissement de ses collections par une nature qui entend reprendre ses droits est aux yeux de l’éternité assez juste, la volonté de conservation étant par essence contre-nature et au final assez vaine. Le raccourci qui est dressé par la mise en scène d’une fin du monde des musées fait frémir les amoureux des collections - ainsi cette petite danseuse de Degas chavirant au sol fait se raidir dans son fauteuil ! - mais à le mérite de rappeler notre incommensurable finitude, ce dont l’art traite toujours au final, pour évoquer la figure tutélaire de Malraux qui hante les débuts du film. Malgré certaines longueurs et quelques faiblesses, ce film grand public est assez plaisant à découvrir pour le muséologue !

samedi 13 décembre 2008

Séminaire sur les Projets Scientifiques et Culturels dans les musées

Deux jours de séminaire dense en discussions et en échanges à l’Institut Denis Diderot les 4 et 5 décembre, avec une vingtaine d’intervenants, et une centaine de participants, dont une bonne cinquantaine de professionnels. La réflexion a porté sur plusieurs points, moins sur les méthodologies que sur les attentes et besoins des PSC, leur évolution, l’adéquation aux caractéristiques locales et à l’histoire particulière de chaque site, les nouveaux critères qui sont à prendre en compte, mais aussi sur les effets d’éventuelles normalisations quand la DMF impose une grille qui ne correspond que modérément aux besoins des institutions. Absence du reste remarquée de la DMF durant le séminaire qui n’avait pas jugé bon de venir communiquer et notamment expliquer les critères de validation des PSC. Heureusement trois conseillers DRAC étaient au rendez-vous s’efforçant de réduire un écart et une distance, pour ne pas dire une condescendance, dont témoigne parfois la rue des Pyramides. L’OCIM qui était partenaire des journées publiera en 2009 un numéro de La Lettre de l’OCIM pour faire suite à ses journées stimulantes.

mardi 9 décembre 2008

Vous avez de beaux restes ! Objets et modes de vie du XXème siècle.

Belle exposition qui démontre une fois de plus qu’une exposition avec un discours fort est plus probante qu’une exposition où sévit seulement de beaux objets. Car il ne s’agit pas de faire preuve de démagogie et de clamer que les objets exposés ici sont des merveilles, produits de notre quotidien depuis tente ans, issus de la standardisation et de la banalisation, ils rendent délicate la mission du musée d’ethnologie soucieux de rendre compte d’une “identité” locale. Rien de tel ici, aucune prétention à distinguer un territoire d'exception, il s’agit plutôt d’inviter à la réflexion sur nos sociétés par une classification malicieuse.

Se projetant dans un avenir, en l'an 2820, qui ferait découvrir par un archéologue les objets contemporains, les méthodes scientifiques de lecture par catégorisation sont avancées et une interprétation esquissée. Des fouilles sont mises en scène et une coupe stratigraphique des objets modernes invitent à la prise de distance. Homo Consommatus, Homo Domus, Homo Modernus, Homo Habilis, Homo Communicans, et même Homo Naturalis. Les clins d’oeil humoristiques rendent cette partie du Laboratoire d’étude des plus accrocheurs. En passant, c’est l’occasion de conduire un parallèle pertinent entre le travail de l’archéologue et celui de l’ethnologue, “archéologie de sauvetage et ethnologie d’urgence”, comme le mentionne un titre invitant à la comparaison des approches. Mentionnons la scénographie de l’agence Scénorama qui signe là un très beau travail.
Bravo pour cette proposition, à voir au Musée de la ville de St Quentin en Yvelines jusqu'au 5 juillet 2009.

jeudi 4 décembre 2008

U-Culture : à propos de culture scientifique


Le numéro de la revue U-Culture, revue de l’Université de Bourgogne, sur le thème de la culture scientifique et technique au sein des universités, coordonnée par Philippe Poirrier, est sorti en version papier, il est disponible sur demande ou sur le site de l'Athéneum.
Il contient des articles de Philippe Poirrier, Catherine Cuenca, Jean-MArc Levy Leblond, Dominique Lecourt, Daniel Raichvarg, Soraya Boudia, Dominique Ferriot, Catherine Gadon, Gilles Bertrand, Catherine Ruppli, Jean-François Desmarchelier.
Le prochain numéro concernant l’art en espace public est sous presse.

mercredi 3 décembre 2008

L'origine de la marchandisation

Courbet est pornographe, des critiques l'ont affirmé, mais ce n'est ni le premier, ni le seul. Et il n'y a pas là de quoi s'émouvoir. Mais Courbet est-il responsable de la décadence de l'art ? Courbet est-il, qui plus est, responsable d'avoir aliénée l'image de la femme, soudain réduite au rang d'objet, la réifiant au point que ce peintre apparaisse à l'origine d'une conception marchande du corps humain? Courbet est-il un antiféministe viscéral ? Ces questions sont décidément bien curieuses, mais ce sont les thèses tenues par le héros du roman de Rezvani L'Origine du monde, ouvrage publié en 2000.
Après tout, ce n'est pas aussi ridicule qu'il y paraît, n'est ce pas la première représentation d'un corps humain partiel, présenté par morceau ? Si le tableau fit et fait encore scandale (il n'y a pas si longtemps qu'un livre le portant en couverture fut interdit de devanture de librairie dans certaines villes), c'est aussi qu'il dépasse assurément ce qu'il montre, et qu'il est l'ingénieux point de départ d'une façon de représenter le corps qui n'avait pas cours auparavant. Alors coupable Monsieur Courbet ? En tous les cas, Bergamme le héros du livre, le croit fermement et entend dérober le tableau pour l'achever, le faire disparaître en le menant à son terme. Car ce n'est pas la seule théorie curieuse du personnage, qui se montre violemment hostile aux musées sous prétexte que ceux ci sont des cimetières pour les oeuvres. Il reproche que celles-ci doivent, dès leur intégration aux collections muséales, stopper leur développement en s'immortalisant à un moment de leur histoire (encore que certaines restaurations...). Lui vise au contraire à les poursuivre et les améliorer, et si la peinture
qu’il leur ajoute est évidemment un véritable massacre, il ne doute pas pour autant de son bon droit. Inébranlable certitude qui devrait faire réfléchir ceux qui pensent détenir la science et la vérité... « " C'est d'accord, les gens se pressent dans nos musées non pour voir des tableaux, nous le savons bien... et encore moins pour méditer devant eux mais pour retrouver en quelque-sorte la « matrice » qui a servi à l'impression de leurs T-shirts, par exemple, ou à l'agrandissement d'un visage ou d'un détail pour les besoins d'une publicité qui se vante d'ajouter à ce monde un plus de culture quand en réalité elle vulgarise et banalise l'Art » : non ce n'est pas Jean Clair qui écrit ça, mais le héros qui tient une de ces fameuses théories ! D’autres curiosités muséologiques y sont développées. Le roman est riche de bien d'autres aspects, trop même car il déborde et le lecteur finit par se perdre dans tant de rebondissements, mais le plus curieux n'est-il pas la façon dont le personnel du musée accompagne finalement ce piètre héros, ayant finalement pris l'art en aversion à force de le fréquenter ? Drôle d'ambiance assurément !

Pour ceux qui aiment à lire des romans évoquant les musées, nous rappelons les deux excellents titres que nous avions présenté dans La Lettre de l'OCIM n°115 :
Le Patrimoine de l'Humanité, petit livre fort drôle sur les agents de surveillance, de Nicolas Baujon. à La Dilettante en 2006.
Le Musée du silence, concernant un muséographe bien spécial ! de Yoko Ogawa, chez Babel en 2003.
pour voir le compte rendu : voir ici
On pourra lire également de Jean-Pierre Keller, Meurtre au musée, Editions Zoe, 1995. Drôle d'ambiance dans ce musée bien spécial ! L'art contemporain poussé à sa logique extrême, le meurtre comme ultime oeuvre d'art...

lundi 1 décembre 2008

Repartir à zéro: comme si la peinture n’avait jamais existé.

En effet, le traumatisme de la guerre, l’horreur des camps et les abominations nazies, rendent toute démarche artistique désormais un peu vaine et puérile. Malgré tout, comme le déclame Olivier Py à propos du drame lyrique dans Les Illusions comiques, tout pourrait continuer comme avant, sauf le théâtre ? Tout pourrait reprendre vie, sauf l’art ? La question est la même pour la peinture, le cours des choses retrouverait ses droits, sauf le geste de l’artiste confronté désormais à la finitude et à l’absurdité ? La thèse tenue jadis dans Le Château de Barbe bleue par Georges Steiner se défend, mais Olivier Py a également raison, pourquoi faudrait-il abdiquer tout élan de beauté sous prétexte que la monstruosité s’est manifestée ? Cruelle question qui s’exprime ici par la peinture. Hélas, les mauvaises langues pourront faire remarquer qu’en ce qui concerne les arts plastiques la déconstruction et le refus de s’approprier un métier, désormais perdu, pour reprendre les mots de Claude Levy-Strauss, avait été bien antérieur. Simplement il n’est pas possible de le dire car les mêmes ont été stigmatisé comme marqueurs de l’art dégénéré, dès lors comment serait-il possible de les confronter et de les contredire sans paraître épouser le camp des assassins ? C’est donc au silence qu’est condamné l’homme moderne, prêt à tout voir, à tout accepter, du moment que la signature de l’artiste en légitime l’expression. Ainsi, devra-t-on visiter cette exposition avec un grand recueillement, même si la plupart des propositions sont d’une vacuité manifeste, mais comme cela exprime un air du temps décomposé, l’artiste a par conséquent toujours raison. Cet art de l'immédiat après-guerre est, sauf exception, un Rothko ici ou un Soulages là, d’un profond ennui et d’une grande laideur, mais il annonce en cela notre monde avec beaucoup de talent. A voir au musée des beaux-arts de Lyon jusqu’au 2 février 2009.


vendredi 28 novembre 2008

Du musée de science au musée de société

Deux jours intenses pour un colloque organisé par le musée des Confluences les 26 et 27 novembre, avec alternativement des récits d’expériences, des apports par des muséographes où des scénographes, des institutionnels ou des universitaires. Cela a donné l’occasion de plusieurs tables rondes au sujet de la coécriture du scénario d’exposition, sur le développement durable, sur la critique d’exposition, où à des regards sur les publics. Les étudiants de muséologie de Dijon ont pu y rencontrer des anciens de la formation, puisque cela est une des fonctions premières des colloques, se rencontrer, échanger, se revoir où faire connaissance ! Deux jours à l’organisation minutieuse et un avant-goût du projet du musée des Confluences que nous attendons tous avec impatience !

dimanche 16 novembre 2008

Des traces de toi à Beaubourg

Se projeter sur les murs ou s'enivrer de se fondre dans la matière, dans les limbes émergentes, s’immobiliser, disparaitre, reprendre vie, apparaître. Un ange passe ici. Et là les ondes brouillent des auras revisitées. Observer la danse des visiteurs, s’amuser des enfants courant derrière leur image comme des chats après l’ombre de leur queue, admirer le silence des rayures revenant au calme après la bourrasque des agitations du monde, puis annonçant des formes à venir déjà prévisibles. S’amuser à en perdre la notion du temps, regarder la surprise des nouveaux venus qui découvrent le dispositif, puis qui finissent par comprendre très vite. Il n’est guère besoin de beaucoup de médiations quand les œuvres fonctionnent aussi bien. Chacun interprète et projette ses raisons et ses rêves.
Etonnante exposition interactive, signée par Anne Cleary et Denis Connolli, sous le titre Pourquoi pas toi ? A l’heure où l’on nous ressasse comme leitmotiv dans tous les lieux d’arts contemporains que les oeuvres y sont interactives et que les spectateurs visiteurs participent de la production artistique, pour parachever l’oeuvre, et autres vulgates de 'l’art relationnel', il est heureux de visiter une exposition qui ne se paye pas que de mots, qui mette réellement le visiteur en scène et qui tienne ses promesses. C'est fou comme tout le monde a envie de danser dans ces salles d'exposition ! Vous l’aurez compris cette exposition de la Galerie des enfants est pour tous les publics, elle n’est à louper sous aucun prétexte, c’est une petite merveille qui vous donne un enthousiasme fou pour le restant de la journée. Mentionnons un programme de performances originales tous les samedis après-midi.

mardi 11 novembre 2008

Actualité du Patrimoine : Dispositifs et réglementations en matière de patrimoine en France

Issu d’une commande du CNFPT, et enrichi par les séminaires conduits dans le cadre de la MSH, cet ouvrage est la résultante d’une synthèse conduite par Laetitia Di Gioia avec l’aide de Serge Chaumier. Le livre a pour vocation de faire le point à un instant t, c’est-à-dire fin 2007, sur les différents secteurs observés. L’organisation territoriale, les dépenses publiques en la matière, puis les secteurs de l’archéologie, de l’inventaire, du patrimoine bâti et des sites, enfin des musées, sont passés au crible. Philippe Poirrier signe une introduction au volume. Des bibliographies thématiques complètes chaque chapitre.
Cette matière nécessairement en mouvement est difficile à saisir, et c’est l’objectif de ce volume que de permettre de faire un bilan, qui pourra être complété et enrichi au fur et à mesure des nouvelles dispositions. Nous espérons que ce volume, publié par les EUD, apportera son aide aux personnes désireuses de passer les concours de la fonction publique, notamment ceux d’assistants et d’attachés de conservation du patrimoine, mais aussi aux professionnels du secteur.

mercredi 5 novembre 2008

Séminaire sur l’art en espace public


Premier séminaire de l’année universitaire pour les étudiants en muséologie, au sujet de l’art en espace public, avec une approche historienne. Organisé par Philippe Poirrier, avec la MSH, le Centre Georges Chevrier, le CRCM et l’IUP Denis Diderot. Le séminaire se passait à l’Atheneum, centre culturel de l’Université qui fête actuellement ses 25 ans.
Après l’introduction à la journée de Philippe Poirrier, Aline Magnien à présenté les problématiques liées à la statuaire de la IIIème République, Gérard Monnier les composantes culturelles de la commande, Loic Vadelorge l’art public dans les villes nouvelles. Guy Tortosa a fait part de ses réflexions et Martial Gabillard a rendu compte du travail conduit par la ville de Rennes et de son expérience d’élu, enfin Claude Patriat a conclu la journée en rappelant le cheminement d’aménagement du campus. Les participants, étudiants comme professionnels ont pu suivre des visites guidées organisées par l’Atheneum, en fin de journée, pour découvrir le patrimoine in situ du campus. Une prochaine journée sera organisée pour analyser des cas de commandes.
Prochain séminaire les 4 et 5 décembre sur les Projets Culturels et Scientifiques dans les musées (programme sur le site du CRCM
).

samedi 1 novembre 2008

Epidemik : Jouer avec votre vie

Deux nouvelles expositions à Paris en ce début novembre qui décoiffent. Nous reviendrons plus tard, sur la seconde, surprise, c’est un bijou ! Entrons dans le jeu avec Epidemik à la Cité des Sciences. C’est gonflé d’expérimenter ainsi le plateau en espace de jeu et le visiteur en agent acteur de la transmission dans un jeu vidéo grandeur nature. Certes, Climax avait proposé aux visiteurs il y a quelques années de décider des suites du scénario et de la façon dont le monde pouvait changer en fonction des votes, sans collection et avec pour seul objet un traitement en images dynamiques, mais Epidémik va encore plus loin. Du point de vue technique tout n’est pas encore parfait, mais on demeure admiratif envers les concepteurs d’avoir osé une telle démarche, il ne fallait pas avoir froid aux yeux ! Comment anticiper les réactions du public, jusqu’où aller, quel rythme nécessaire ? On s’étonnera peut-être d’un discours style big brother, mais c’est tellement dans le ton !

Bon, les visiteurs doivent prendre le temps de comprendre des consignes trop complexes, et il ne faut pas hésiter à passer son tour trois, quatre, cinq fois s’il le faut, en regardant et en écoutant, et puis rentrer dans la danse. Car à vouloir aller trop vite, on risque d’être perdu si on n’est pas rompu à la maîtrise du jeu virtuel. Mais c’est un vrai délice que de regarder les interactions, d’écouter les commentaires, tout en constatant la concentration que le jeu suppose. Nous avons adoré cette jeune fille affirmant tout de go quand on l’interrogeait sur pourquoi elle amassait des dollars : “bah pour faire la teuf, de toute façon je suis contaminée !”. Ah le visiteur  est toujours surprenant et c’est le plaisir de l’évaluation que de le redécouvrir sans cesse.


jeudi 30 octobre 2008

Mantegna, évidemment...

Evidemment, l'exposition Mantegna est un ravissement, beaucoup de ces oeuvres sont des prodiges que l'on se plaît à comparer et souvent à découvrir. Certes, on pourra passer plus vite sur certaines qui accompagnent, elles visent à rendre compte d'une époque et leur intérêt réside surtout dans l’effet de contraste d’avec la main du maître. Les oeuvres distillent de grandes variations dans les formes, bien que de mêmes techniques et de mêmes effets s’y produisent. Des jeux, par exemple avec les nuages anthropomorphes, courent au long des oeuvres, ainsi qu'une certaine façon de mettre en perspective les personnages pour nous les faire considérer dans leur grandeur. C'est du reste le point limite de l'exercice muséographique, car l'exposition donne quelque peu raison aux Lettres que Quatremère de Quincy adressa à Miranda contre le déplacement des  oeuvres. Elles ont leur place dans des églises italiennes, que l'on est amené à devoir imaginer en parcourant les salles. Le musée y révèle plus que pour d'autres cas ses limites et son caractère monstrueux. 
Précisons pour le visiteur qu'il est peu utile de prendre le dispositif de médiation proposé à l'entrée, car outre la petite image affichée qui semble rajeunir l'audioguide en lui offrant le nouveau nom de PDA, en revanche le commentaire des historiens d'art demeure toujours aussi pauvre. Est-il vraiment utile de nous répéter à chaque exposition que tel tableau est unique, que tel peintre est novateur, que telle technique démontre la grande maîtrise de son auteur, et que telle autre est d'une facture exceptionnelle ? Le visiteur sait bien que Le Louvre n'expose évidemment que des chefs-d'oeuvre, mais c'est un peu court, on aimerait entendre des discours qui dépassent les qualificatifs pour nous raconter des choses...

mardi 28 octobre 2008

I-Tunes vous accompagne dans vos visites de site

Préparer sa visite ? Prendre les devants pour ne pas encombrer les files d'attente ? Avoir le commentaire, avant, pendant et après ? Sensibiliser des amis récalcitrants à la visite ? Il y a bien des raisons pour utiliser l'offre désormais disponible pour de nombreux lieux de visite, qui consiste à podcaster l'outil de médiation sur son Ipod avant d'aller visiter. Allez faire un tour sur I-Tunes et vous constaterez que s'y préfigure les médiations de l'avenir. Ce n'est sans doute que le début de ce que promettent les nouvelles technologies en matière d'accompagnement du visiteur. Conserver un souvenir et une possibilité de revenir à cet outil après la visite n'est pas des moindre intérêts. 

jeudi 23 octobre 2008

De la pub entre les oeuvres au Petit Palais

 Pauvre Pierre Joseph Proudhon ! Il doit prendre des maux de tête dans sa tombe : faut-il en arriver là et devoir accrocher des photos people entre les oeuvres pour que l'on se presse au musée ? Sans doute puisque cela nous a incité à revenir et à constater une fois encore combien ce lieu agréable détient de belles choses. Mais quand même ! de là à voir Lady Di ou Madonna aux cotés de la Vierge, où des tops models juxtaposés aux peintures sociales du XIXème... Tom Cruise ou Nicole Kidman et quelques stars du moment. Cela plaît beaucoup à la presse glamour.
  

Faut-il vraiment mettre du sexy partout pour vendre ? Et même s’il ne s’agit que de déclarer des fréquentations  records puisque le lieu est d'accès gratuit aux expositions permanentes comme l'a voulu la mairie de Paris ? En effet cette temporaire est immiscée dans le permanent, comme il est de mode aujourd'hui. Alors ? Succès d'audience, faire parler de soi, en être, ne pas décrocher du haut des palmarès, demeurer sous les spots lights, voilà la morale de l'époque, l'importance de la fréquentation et de votre côte de popularité décidera de votre place dans la hiérarchie et l'estime sociale. Les photos de Demarchelier sont sans doute techniquement parfaites, même si elles sont toutes aussi niaises et fadasses les unes que les autres, puisqu'il est bien difficile d'en mémoriser une seule au bout du compte, mais c'est le principe de cette juxtaposition qui est étrange. Même si l'accrochage donne un visuel du plus bel effet, c'est un peu court pour convaincre, si ce n'est de dévoiler la vacuité du discours général : suffit-il de mettre des pin up en maillot de bain à côté d'une peinture de bord de mer pour tenir un propos ? C'est un peu au raz des pâquerettes, mais bon cela plaît, c'est la version bling bling de la muséographie.

mercredi 8 octobre 2008

De l'interprétation au centre d'interprétation

Numéro spécial de La Lettre de l'OCIM de septembre octobre, que nous avons eu le plaisir de coordonner avec Daniel Jacobi, suite au séminaire sur ce thème tenu à l'Université de Bourgogne l'année dernière. Quelques uns des communicants aux journées d'étude proposent ici un article, analysant au travers d'une étude de cas la notion de centre d'interprétation. Un dossier spécifique traite des CIAP, les Centres d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine. Des thématiques variées sont abordées, à partir de lieux existants ou en devenir.
Mélanie Bessard et Nolwenn Robine, étudiantes de muséologie de la formation de M2, ont ainsi pu valoriser un travail conduit lors de l'année, explorant plus particulièrement les relations des centres à la recherche.
Espérons que ce numéro puisse servir à alimenter les réflexions. Nous pouvons d'ores et déjà annoncer la parution d'un ouvrage plus complet, à venir sur ce thème début 2009.

samedi 4 octobre 2008

A table ! ... au Pavillon des sciences

Belle exposition remise en mouvement par CAP Sciences, le CCSTI de Bordeaux, après sa présentation au Palais de la Découverte. Elle nous avait laissé un très bon souvenir, la version plus légère qui circule présentement en itinérance gagne peut-être en efficacité ce qu'elle perd en impression visuelle. Moins de spectaculaire, mais un message qui est plus limpide, plus incisif. Si le visiteur se perdait un peu dans la grande exposition du Palais, agacé parfois par l'omniprésence des marques et de leur collusion avec le monde de la recherche, tendance particulièrement forte de ce secteur, la version présentée actuellement au CCSTI de Montbéliard évite ce travers.
Le visiteur est confronté aux grandes questions liées à la thématique, les OGM évidemment, mais aussi les pollutions et démarches frauduleuses, les choix en matière de pratiques alimentaires... Une vision anthropologique est développée mêlant histoire, sciences, coutumes et choix politiques. Un faux espace snack, dans lequel le visiteur compose son menu à partir de photos de plats revêtus de codes barres avant de passer à une caisse qui lui révèle si son choix est équilibré, n'est pas seulement ludique, mais développe une vraie pédagogie alimentaire. Un espace pour tous petits a également été aménagé par le lieu d'accueil, proposition très réussie.
On pourra profiter de la visite pour découvrir ou redécouvrir le Pavillon des sciences et son parc magnifique, son emplacement exceptionnel. Un très bel équipement servit par une équipe dynamique.

samedi 27 septembre 2008

Voir le muséum de La Rochelle


Belle réalisation expographique, le muséum de la Rochelle est une heureuse surprise dans le paysage des muséums. Du reste le nouveau musée invite à une découverte des milieux et des espèces, avec le déploiement de discours modernes, mais tout en conservant l'esprit du muséum, tel qu'on se le représente généralement, avec ses accumulations, ses objets phares et ses monstres. La restauration du célèbre cabinet de curiosité Lafaille n'est pas la seule merveille du site. Le musée réserve aussi des surprises pour le grand public : ainsi une grande partie du lieu est consacrée à la mise en valeur de très belles collections ethnographiques, d'une richesse étonnante.
Les choix muséographiques sont pour l'ensemble du musée audacieux, ainsi la volonté de proximité et d'intimité avec les espèces présentés dans la partie d'histoire naturelle ne sont sans doute pas faciles à gérer avec les groupes, les animaux étant à portée de main, mais il est indéniable que la faible mise à distance apporte aussi convivialité et qualité de visite pour le passionné. Les multimédias sont certes encore en maintenance, peu de temps après l'ouverture, car il faut comme souvent un certain temps « de rôdage », on notera surtout leur qualité pour le contenu et l'intérêt qu'ils suscitent. Un lieu bien agréable, à l'image de la ville.

mardi 23 septembre 2008

Perec et Nantes

Le musée des beaux arts de Nantes propose une exposition, au demeurant fort belle, d'art contemporain, sous l'intitulé alléchant « L'Art contemporain de Georges Perec ». Sans vouloir jouer les rabats-joies, on se demande si on ne pourrait pas remplacer Perec par un de ces contemporains sans rien changer à l'exposition. En effet, le visiteur devra chercher par lui-même les relations, et se précipiter en librairie ou en bibliothèque pour découvrir Perec s'il ne le connaît pas avant sa visite ! Encore une manière pour le musée de ne s'adresser qu'aux pairs bien informés et d'exclure ceux qui ne sont pas du sérail. Les cartels qui accompagnent les œuvres peuvent du reste être remisés avec l'œuvre et resservir lors de la prochaine exposition, puisqu'ils n'évoquent pour la plupart aucunement Perec, mais seulement l'histoire de l'œuvre elle-même. Bref, de là à dénoncer l'instrumentalisation de Perec il n'y a qu'un pas. On ne boudera pas son plaisir néanmoins en découvrant quelques pièces fort intéressantes. Ainsi, le maniaque des musées appréciera particulièrement de Kit Rangera, La Commode rétrospective (1995), qui dévoile dans un meuble tiroir une collection de maquette d'expositions. Une bien belle idée.
Exposition à voir jusqu'au 12 octobre.

jeudi 11 septembre 2008

"Le Cabinet des merveilles de Monsieur Wilson"

« Le monde ne périra pas par manque de merveilles, mais par absence d'émerveillement », cite l'ouvrage dans sa postface. Bien étrange ouvrage que ce récit traduit de l'américain, de Lawrence Weschler, qui nous invite à visiter une sorte de cabinet de curiosité moderne dans la banlieue de Los Angeles. Objets improbables qui tous portent des significations, souvent cachées, que son possesseur se trouve du même coup en puissance de révéler. Le visiteur peut s'éblouir de  l'incongruité de  « ces vraies choses », et le dialogue s'instaurer... Fiction et science sont, on le sait, souvent entremêlés, et la littérature en saisit l'expression. L'ouvrage invite à explorer les limites parfois tenues entre le cabinet des merveilles et le muséum d'histoire naturelle, entre l'objet inouïe et la chimère, entre l'art de la simulation et la créativité, l'art brut n'est jamais loin qui invente des mondes impensables... En quelque sorte ce musée extravagant est la figure de milliers de musées plus modestes, qui sont en eux-mêmes de véritables oeuvres d'art désirées et mises en scène par leur concepteur, collections prestigieuses ou modestes qui sont l'occasion de révéler un intérieur, d'inviter à une exploration sensuelle par l'objet mis en représentation et placé en interaction avec d'autres. Fascination que nous éprouvons et pour laquelle nous sommes prêt à toutes les folies, la chambre des bizarreries à un étrange appel érotique. Il excite notre désir de voir et d'imaginer, pour notre plus grand plaisir. 

Pour ceux qui voudront en savoir plus sur les cabinets de curiosité dans une approche plus scientifique, signalons ce site de recensions et d'études proposées par des chercheurs de l'université de Poitiers, il invite à un voyage européen sur le genre avec une série d'articles :  

http://curiositas.org/

vendredi 5 septembre 2008

Les expositions imaginaires du louvre

Le Louvre a eu une idée géniale, et comme souvent , elle est forte parce qu'elle est simple dans son concept. Il s'agit d'expérimenter virtuellement l'histoire de la muséographie. Imaginez ce qu'était l'accrochage du Louvre au début du XIX siècle, puis pendant les salons, à la fin du siècle, ou après la seconde guerre mondiale... Imaginez de visiter virtuellement ces espaces. Il est certain que la chose ne serait pas appréciée des seuls muséologues, mais que tous ceux qui aiment les musées pourraient s'en émerveiller.
Pour le moment, il s'agit de « visiter » une salle du Louvre dans son état de 1913, l'actuelle salle des bronzes de Sully. La collection léguée par Louis la Caze de 177 tableaux est à présent dispersée dans l'ensemble du Louvre (si ce n'est pas demain à Lens, voire à Abou Dhabi...). Il est donc possible de « visiter » cette exposition dans son état d'accrochage de l'époque. La technologie devient ainsi un vrai plus culturel et pédagogique pour conserver une trace virtuelle des anciens états du musée. Ajoutons bien sur que chaque tabeau est « cliquable » et fait apparaître une notice. Bravo pour cette première proposition, on espére qu'elle fera des petites soeurs.
http://www.louvre.fr/llv/dossiers/liste_ei.jsp?bmLocale=fr_FR

lundi 1 septembre 2008

L'Esprit d'Emile Cohl à Annecy

Très belle exposition présentée par le musée château d'Annecy, qui affirme ainsi un partenariat stimulant entre les structures culturelles de la ville. Rappelons qu'Annecy accueille chaque année le festival du film d'animation, référence majeure dans le domaine. Le musée complète le positionnement d'Annecy dans le domaine en présentant cette grande exposition sur un des pionniers du film de genre, inventeur en quelque sorte du mélange du dessin d'animation et des images réelles, très moderne dans le style. Emile Cohl est méconnu, et il est intéressant de découvrir son passage de la caricature et de la presse au monde de l'image en mouvement, mais aussi de l'imaginer précurseur de certaines formes de bandes dessinées. L'exposition conduit progressivement aux descendants qui ont en quelque sorte repris l'héritage à leur compte. 

Attention, l'exposition est en deux parties, l'entrée n'est pas évidente, c'est vite arrivé de la faire à l'envers ! Ne manquez pas non plus le faux documentaire de Pierrick Sorlin sur l'art en espace public à Nantes, un petit complément décalé vis à vis de l'expo, mais un clin d'oeil ironique surprenant. A voir avant le 30 octobre. Présentation en pdf de l'exposition ici


mardi 19 août 2008

Tryptique de l'ongle, de Bernard Comment

Comme aucun artiste ne semble encore avoir osé, un romancier l'a fait non sans malice. Dans un autre temps, on a connu à Beaubourg une exposition de femmes pour dénoncer la femme objet. Il s'agit ici d'autre chose. Proposer d'exposer « des chômeurs en fin de droits », voilà la performance que cet artiste en art contemporain n'hésite pas à conceptualiser savamment , mais comme cela demeurerait insipide, il leur donne un savant coup de marteau sur un des ongles du pied pour que celui-ci noircisse, se détache et finisse par tomber. Lorsque les dix ongles des dix figurants sont tombés, l'exposition est terminée. Une façon de remettre en cause les barrières du temps ! Est-ce une exposition, une installation, un spectacle, un happening ? Comme souvent en art contemporain les frontières se brouillent, et la façon dont le romancier aborde la question, par trois regards distanciés est souvent savoureux. Une manière d'interroger les limites possibles de l'art et de l'exposition.

jeudi 14 août 2008

Cherry je t'adore ou Fougerolles et le goût de la cerise

Il fallait oser ! On avait aimé Morez, on admire Fougerolles ! Le résultat est superbe et donne a espérer pour les innombrables musées d'art et traditions populaires qui peuvent s'inspirer ici d'une approche originale dans le dessein de se renouveler.
Même si le projet s'est fait dans la douleur, avec des innombrables rebondissements, sans doute fallait-il ce temps long de maturation pour arriver à ce brillant résultat. Car s'opposaient ici deux visions, celle des traditionnalistes qui voulaient préserver un musée populaire à l'ancienne, un musée d'objet, mais qui paradoxalement ne fasse pas musée justement, et la conception moderniste de ceux qui prônaient une approche façon nouvelle muséologie. « L'exposition de discours » s'inscrit dans une rénovation architecturale impressionnante (de Vichard et Quirot, architectes que l'on savait par ailleurs excellent) et une intelligence scénographique à saluer (de Audrey Tenaillon). L'influence de l'art contemporain est manifeste et donne une sorte d'électrochoc dans ce territoire qui ne brille généralement pas par ses innovations. Si la théorie écomuséale en a pâtit quelques peu, il ne faut pas bouder son plaisir, car le résultat a sans doute un goût amer pour certains, qui se sont battus pour que rien ne change, mais la majeure partie des visiteurs apprécie très certainement cette transformation en visitant le nouveau lieu. On apprend tout de la cerise et de sa transformation en kirch, et on le fait en s'enthousiasmant visuellement de ce qui nous est donné à voir.
Nous attendons à présent avec impatience le nouveau musée de Salins, en cours de chantier de rénovation sous la patte muséographique de la même équipe des MTCC, réseau de sites de Franche-Comté.

mercredi 13 août 2008

Retour au Louvre

Agréable d'écouter tous les jours de l'été un petit morceau de l'Histoire du Louvre par Pierre Rosenberg sur France Culture. Variant entre histoire des lieux, des œuvres et des acquisitions ou encore des dispositifs pour la gestion de l'établissement. Le ton est agréable pour cette petite intrigue quotidienne. Emission à podcaster en attendant une sortie de l'intégrale peut être ?

mardi 12 août 2008

Tableau de chasse selon Claire Diterzi

Juliette interpréte La Joconde, Jean Ferrat L'Homme à l'oreille coupée, et Reggiani s'amuse à ridiculiser les archéologues dans Lucie ou dans L'Homme fossile, Tachan adore évoquer Beethoven, Chopin ou Rossini, alors que France Gall chantait Cézanne... L'art ou l'artiste a toujours inspiré, mais c'est ici le concept de tout un album de faire référence à des œuvres d'art.
Le dernier disque de Claire Diterzi s'inspire aussi bien du Verrou de Fragonard (notre préférée évidemment !), de l'Odalisque de Manet, que de Lautrec ou encore Turner. Auguste Rodin et Camille Claudel sont très présents, mais aussi Doris Salcedo ou Allen Jones, également source d'inspiration pour des chansons où les femmes ont malheureusement souvent oublié les acquis du féminisme, mais on le mettra sur le compte du deuxième degré... Un petit clin d'œil pour une sorte d'exposition auditive, inventive et surprenante.

lundi 11 août 2008

Au musée (?), les dinosaures vous parlent


Rue 89 attire notre attention sur des vidéos circulant sur You Tube, sans en donner du reste aucun commentaire, ce sont aux lecteurs de réagir... certains sont énervés et estiment que le musée fait un pas de plus vers le parc de loisir... Après le robot qui parle de la Cité des Sciences, trouvaille arrivée également des États-Unis à l'époque, et après le dinosaure animé du muséum de Londres (voir la vidéo ci-dessus que nous avions réalisée cet hiver), voici à présent "les animatroniques ou robots radiocommandés", des dinosaures qui se déplacent en vrai dans les salles et amusent beaucoup les petits... et les grands. C'est au Natural History Museum de Los Angeles.
C'est génial, un musée vivant diront certains, mais pour ceux que cela intéresse, nous renvoyons au numéro que nous avons dirigé de Culture et Musées (n°5) en 2005, intitulé « Du musée au parc d'attractions », nous avons ici, une fois de plus, une parfaite démonstration du cheminement de ces institutions.
Pour s'en convaincre, voir par exemple cette vidéo, mais pour les amateurs il y en toute une série : ici You tube

samedi 9 août 2008

Le don de musée : Mariemont, capitale du don

C'est une réflexion sur le don, que François Mairesse poursuit de livre en livre, et que l'auteur applique ici à un musée qu'il connait bien puisqu'il le dirige, le Musée Royal de Mariemont en Belgique. L'institution s'y prête bien, puisqu'elle a pour origine une riche famille d'industriels, les Warocqué, qui léguèrent à l'État la propriété familiale sous certaines conditions. Auparavant, dans la pure tradition paternaliste du XIXème, les maîtres des lieux avaient conduits une action locale très typique de ces grands patrons éclairés d'alors, qui s'employaient à l'essor de l'activité économique, mais qui œuvraient aussi à l'amélioration des conditions de vie locale.

Cela laisse songeur quand on constate la façon dont le capitalisme mondialisé fonctionne aujourd'hui. Quels sont les équivalents des investissements consentis alors pour le territoire, aménagé d'églises, d'écoles, de maternité, d'hospice, de crèche, d'hôpital et d'instituts de recherches, de chauffoirs, de monuments publiques et d'œuvres d'art... par la philanthropie patronale ? Certes, il ne s'agit pas de nier les effets attendus de cette charité, mais il n'empêche que le mécénat (le plus souvent assorti de contreparties) que les grandes entreprises conduisent de nos jours paraissent bien loin du compte. Plus aucun attachement territorial ne semble prévaloir, et seul demeure l'importance accordée à des emblèmes, si possible les plus prestigieuses, pour y inscrire son nom. Il y a matière à relativiser, et François Mairesse de rappeler que la critique du paternalisme ne saurait réduire l'ensemble des actions alors conduites. Celles-ci ne peuvent s'expliquer que par la profonde conviction en des valeurs humanistes, malgré tout partagées (qui font que, ailleurs, certains patrons vont même être proche du socialisme utopique, disciple d'Auguste Comte, comme Godin par exemple, pas très loin de la région ici analysée à Guise).
Si l'ouvrage de Mairesse donne à penser, c'est aussi sur le processus de constitution des collections, sur les donations et les recommandations du légataire, sur la façon dont les amis de musée vont également donner de leur temps et de leur moyen pour enrichir et faire vivre ensuite le lieu. Il rappelle que le don s'actualise à des niveaux multiples de la vie d'une musée. Bref, c'est un beau cas d'étude, richement illustré, qui en fait un livre d'histoire ancré dans le réel, et porteur de réflexions plus générales.
Le livre est à commander sur le site du musée.

vendredi 1 août 2008

L'Historial Charles de Gaulle brouille les ondes

Très belle réalisation expographique, l'Historial Charles de Gaulle pêche, et c'est fort dommage, par des aspects techniques regrettables. Lieu évidemment apologétique, mais on voit mal comment il pourrait en être autrement, l'exposition aborde les différents aspects de la vie du grand homme, en gommant certains aspects contestés des années de pouvoir, même si la révolte de 68 est évidemment traitée, ainsi que le fameux coup d'Etat permanent dénoncé par Mitterand un peu avant. Tout est cependant à la gloire du Général dans une hagiographie attendue, et frôle parfois le risible quand le propos s'appesantit sur l'enfance de celui qui allait présider aux destinées de la France.
Peu importe, retenons que la scénographie de 2500 m2, signée de l'Agence Moatti et Riviere, est splendide, avec des idées originales comme on aimerait en voir mises en œuvre plus souvent. L'idée du parcours se déclinant autour de la salle multi-écrans est convaincante. Des atmosphères sont créées, pour chaque contexte, sans que cela soit ni anecdotique, ni une façon artificielle et démagogique d'appâter le chaland.
Toutefois, on se demande comment des muséographes peuvent encore faire de telles bévues ? En effet, la visite s'opère au moyen d'un audioguide fonctionnant par infrarouge, c'est-à-dire par zone, ce qui ne marche nul part et qui engendre toujours des effets pervers incontrôlables. Ainsi, ce qu'on accorde ici de liberté au visiteur pour constituer son parcours de visite lui est aussitôt retiré en le canalisant dans son cheminement, jusqu'à ce qu'il craque et se passe des médiations, c'est-à-dire qu'il abrège sa visite. L'intention est que le visiteur conserve son casque du début à la fin, mais il rend les armes (ce qui est un comble dans un tel lieu !) généralement après une épreuve plus ou moins longue. Comment est-il possible de recourir encore à cette technique dépassée, qui n'a jamais donné satisfaction, alors que les médiations embarquées, librement déclenchées par le visiteur, sont à portée de tous aujourd'hui ? Nous avons pu constater les effets dévastateurs sur les visiteurs, sans parler de ces enfants d'un groupe scolaire paniqués à devoir remplir leur document de visite, alors que l'accueil leur refusait des casques, sous prétexte qu'il n'y en avait pas assez pour tous ! C'est évidemment ennuyeux de regarder des vidéos sans le son, quand il s'agit de remplir un test de bonne compréhension des informations dispensées ! Bref, nous avons été très énervé que l'on puisse encore louper un lieu pour de telles raisons, presque quinze ans après l'ouverture de la Cité de la musique... Espérons que ceci soit rectifié assez vite, malgré les dépenses à assumer pour rattraper ce plantage.
Nous attendons par ailleurs avec impatience l'ouverture en octobre prochain du centre d'interprétation du Mémorial de Colombey les deux Eglises pour pouvoir comparer les démarches mis en œuvre par les deux équipes de conception.

jeudi 31 juillet 2008

Le musée sur votre mac...


Les widgets vous accompagnent désormais pour vous donner la météo, l'heure ou les infos du jour en direct sur votre bureau d'ordi, le Rijksmuseum a eu cette idée formidable de vous proposer de vous faire découvrir quotidiennement un tableau de sa collection. Il suffit pour cela de télécharger le programme sur le site du musée et l'actualisation se fait automatiquement :
voir le site.
Parions que cette trouvaille va faire des petits et que bientôt tous les musées nous proposerons ainsi de conserver le lien. Joelle Le Marec et Roland Topalian analysent dans un intéressant article paru dans le dernier numéro de La Lettre de l'OCIM comment la Cité des Sciences avec le concept de Visite + innove pour proposer une nouvelle forme de relation et former une communauté de visiteurs qui perdurent bien après la visite, et même la fin d'une exposition. Le Web 2 nous réserve des surprises, c'est passionnant d'en découvrir les nouveautés presque chaque jour !

mardi 29 juillet 2008

La BD s’attaque au musée !


Contrairement aux affirmations prêtes à dénoncer la distinction entre deux cultures, savante et populaire, on a vu bien des expositions de bandes dessinées, ou plutôt de planches de dessinateur célèbre dans les plus grands musées. Il faudrait d’ailleurs s’interroger sur cette tendance à l’heure de la recherche d’expo blockbuster… Ainsi de Franquin à la Cité des Sciences, de Hergé à Beaubourg, du Capitaine Hadock au musée de la Marine, de Blake et Mortimer au Musée de l’Homme, de la bande dessinée d’auteurs juifs ou inspirés au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme… nous avons vu toutes ces expositions et la plupart du temps elles nous ont laissé assez indifférent, ayant le sentiment qu’elles s’adressaient d’abord à des fans dans la pure lignée du musée pour fétichistes. Voir une planche isolée d’une œuvre qui est d’abord l’art du mouvement et de la narration n’a d’intérêt que limité, ce d’autant que l’art graphique n’est pas toujours au rendez-vous. De même, les expositions de bandes dessinées dans les grands festivals, Angoulême ou Lucerne, nous produisent le même effet, même si dans le dernier cas, l’idée d’exposer dans des lieux incongrus, y compris jusque chez des habitants de la ville, donc dans les espaces privés, est des plus originale, mais c’est un autre sujet.
Le musée Granet d’Aix-en-Provence a eu une vraie démarche transversale, anthropologique, ou caractéristique de ce que nous appelons la méthode des musées de société, catégorie certes encore mal définie. En développant un vrai discours et une vraie recherche sur les rapports entretenus entre la bande dessinée et le musée, l’exposition sort des sentiers battus. Le catalogue lié à l’exposition est des plus intéressants, il passe en revue dans des textes toniques des thèmes complémentaires, déployant une réflexion aux multiples facettes. On y confirme que la bande dessinée entretient avec l’institution des liens et des représentations des plus stéréotypés. Le lecteur retrouve des exemples maintes fois vus, mais ici analysés, et découvre aussi des vraies perles.
Signalons également au passage un ouvrage (d’ailleurs beaucoup cité dans le catalogue d’Aix) et qui est belle réussite sur le thème, qui déploie une réflexion forte sur le musée, ce qui est rare dans le genre. Ouvrage résultant d’une commande d’écriture du musée du Louvre : Les Sous-sols du Révolu de Marc-Antoine Mathieu.

samedi 26 juillet 2008

Et si on parlait d’autre chose à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration ?


Comme lors de sa sortie des expositions permanentes, le visiteur s’interroge après sa visite de l’exposition temporaire. En effet, c’est en réalisant que l’on a affaire à la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration, et non pas à la Cité nationale de l’immigration, comme on le dit souvent trop rapidement, que l’on comprend que tout sujet contemporain, par nature plus difficile à traiter et politiquement sensible, soit écarté. L’irritation que l’on a d’abord ressenti s’estompe alors pour mieux appréhender le projet et l’apprécier.
C’est un peu la même chose qui s’opère avec l’exposition temporaire. On va voir une exposition sur l’exposition coloniale de 1931 et l’on ressort en comprenant que l’on a vu une exposition sur Les étrangers au temps de l’exposition coloniale de 1931. Bref, l’exposition elle-même est assez peu présente, et ce n’est donc pas le sujet qui est manqué, mais le titre de l’exposition qui trop vite lu prête à confusion.
Ceci étant dit, l’exposition présentée est très réussie, fort belle avec sa scénographie incisive. Pour ce qui est du fond, on a un peu l’impression de revoir le même contenu que pour le permanent, mais abordé autrement. L’attente initiale d’un propos décapant, puisque Jacques Hainard est le commissaire général, s’avère un brin déçue. Hormis une fin d’exposition, du reste en trompe l’œil, assez impertinente car trouble dans son interprétation, symbolisée par une cocotte minute sous vitrine, le propos est certes intéressant, mais assez convenu.
Remarquons que le pari d’un public nouveau dans ce lieu semble néanmoins réussi, tant les visiteurs nous paraissent à chacune de nos visites réellement différent de ceux rencontrés généralement dans les autres expositions. Une impression que les enquêtes devront cependant confirmer.
A visiter également le très beau site internet du lieu.

lundi 21 juillet 2008

Des musées en spectacle

Nous avons proposé dans le numéro de janvier 2007 de La Lettre de l’OCIM un article sur les représentations du musée et des expositions dans les spectacles de théâtre de rue. Nous y avions recensé les propositions de visite d'expositions et musées fictifs. Comme chaque année, le festival de Chalon dans la rue a apporté son lot de nouvelles propositions.
Parmi elles, la compagnie OPUS (Office des Phabricants d’Univers Singuliers) invite à deux nouveaux spectacles, en restant dans la veine où elle excelle, celui des clins d’œil à l’art brut. Le premier, Le Collier de Nouilles, est une conférence exposition, présentée pour l’occasion dans les salles du musée Denon. Les petits tics des visites-conférences y sont délicieusement croqués. L’autre est une exposition commentée, petit cirque des curiosités initiées à la suite d’un voyage en Afrique de la compagnie et d’une rencontre entre artistes des deux continents. Tout en finesse, le jeu de regards croisés entre deux cultures se révèle au travers d’objets dadaïstes habilement racontés par le guide du Musée Bombana de Kokologo. Un moment d'anthologie.
Autre compagnie qui explore la même veine, La Muse de Jaracase propose la visite libre du Musée des oubliettes, dans un charme désuet et très branché à la fois de collage graphique, des petites expériences interactives digne du musée de sciences et techniques d’art brut ! De belles réalisations pour ce cabinet de curiosités peu ordinaire. (cf. ici les clichés de la compagnie).
Enfin Petits pains oubliés de Créatures compagnie serait plutôt un musée d’archéologie, amassant de bizarres collections, dont le guide fait jaillir le sens par l’interprétation qu’il nous propose de chaque objet exposé. Dans tous les cas, moments délicieux dans ces petites expositions non-prétentieuses qui ne pourront que ravir ceux et celles qui aiment les musées.
Des spectacles accessibles qui peuvent agréablement enrichir une programmation spectacle vivant dans un lieu d’exposition, et ainsi inviter à d’autres regards sur le musée, à sensibiliser autrement. Musée intéressé par une programmation en la matière en complément de vos expositions, n’hésitez pas à nous contacter, nous avons bien d'autres ressources à partager !

dimanche 6 juillet 2008

À qui appartenaient ces tableaux ?


Douloureuse question que celle posée par le
MAHJ, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, à propos de ce qu’il est communément admis d’appeler les MNR, pour « Musées nationaux récupération ». Des tableaux célèbres, d’autres demeurés anonymes, ce sont 53 chefs d’œuvres qu’expose le musée pour rendre compte de cette période qui vit expatrier en Allemagne nazie un nombre considérable de biens, emportés pendant la guerre et le plus souvent restitués ensuite. Cependant du fait d’énigmes non résolues, certains biens furent déposés à leur retour dans les musées nationaux en attente d’une éventuelle demande par un ayant droit. Le musée conjugue au passé plutôt qu'au présent pour le titre de son exposition, dont le sous-titre explicite est: "Spoliations, restitutions et recherche de provenance: le sort des œuvres d'art revenus d'Allemagne après la guerre".
Si l’exposition séduit par la beauté des œuvres présentées, il est dommage que cela soit au détriment d'une option davantage tournée vers la mise en récit, que la présentation s’en tienne à une vision très « beaux-arts ». Car le sujet est délicat et mériterait d’être davantage explicité. Les biens ont souvent eu des cheminements complexes, avec des ventes forcées, des biens extorqués, mais d’autres aussi acquis tout à fait légalement. Or comment séparer en situation de guerre, et donc de rapports économiques troublés, les limites entre normal et anormal ? La chose n’est guère simple et mériterait davantage d’explications, en suivant des trajectoires d’objets, malheureusement souvent obscurs, pour donner des exemples. Car mentionner seulement que tel tableau à été vendu par tel galeriste à telle date n’est guère explicite pour le visiteur non au fait de la situation précise. Certes, les informations sont nécessairement lacunaires et c'est ce qui invite à une mise en intrigue policière. Il y aurait bien des choses à raconter, s’il ne s’agissait pas seulement de donner à voir.
Saluons au passage la superbe page d’accueil du site du musée : http://www.mahj.org/

dimanche 29 juin 2008

Des sculptures dans le vent


Le Grand Café, Centre d’art contemporain de Saint Nazaire, logé dans un bâtiment central et historique, présente une exposition de Zilvinas Kempinas. Artiste lituanien, vivant et travaillant à New-York, ses sculptures vivantes et poétiques sont d’une grande originalité, elles attrapent le visiteur pour jouer avec son regard, se laissant approcher puis disparaissant quand celui-ci explore la pièce. Jeu d’air, de courant, d’apesanteur, de fluide, de tourbillon, de vent et de vagues, le propos ne peut être mieux exposé qu’à Saint Nazaire, cette ville de bord de mer, au passé tumultueux et chaotique. Jurons toutefois que les sculptures trouveraient leur pertinence également dans d’autres contextes. Musique silencieuse des bandes magnétiques soufflées par un dispositif dont l’ingéniosité n’égale que la simplicité. Ballet de fragilité, intrigante fin qui n'arrive pas, éternel reprise d'un mouvement infini. Jeu de basculement, d’apparition et de disparition, d’effondrement et de renaissance, l’œuvre de Kempinas danse pour nous jusqu’en septembre au Grand Café et à la Galerie des Franciscains. www.grandcafe-saintnazaire.fr

jeudi 26 juin 2008

Le Politiquement correct s’installe au musée



La presse rapporte que le musée de Manchester a dû recouvrir de bandelettes des momies égyptiennes exposées jusque-là dans ses salles. La nudité ayant choqué des visiteurs qui ont réclamé une transformation des présentations. Devant l’émoi des égyptologues, le musée ne sait quelle attitude adopter.
Sans doute nous ne verrons bientôt plus dans nos musées de restes humains sous prétexte de respect et de dignité. Ceci n’empêche pas dans les mêmes temps aux foules de se presser aux expositions de Gunther Van Hagens, ou pire aux clones de cette exposition, comme à Lyon en ce moment (Our body, à corps ouvert), proposition pourtant beaucoup moins ingénieuse.
Selon cette logique, il faudra sans doute retirer un jour tous les animaux naturalisés des muséums, à l’heure du droit au respect du vivant que réclame avec raison les protecteurs de nos amis les bêtes ! Les musées d’ethnologie participent à la tendance à leur façon en restituant des objets de culte aux supposés héritiers pour leur redonner vie. Et quand la religion aura regagné du terrain, on pourra aussi vider les musées d’art sacré et retourner les ciboires sur les autels des églises ou les madones dans les chapelles.
Ne faudrait-il pas un jour admettre qu’un objet de musée connaît, dès lors qu’il est choisi et sélectionné pour entrer dans des collections, un nouveau statut et qu’il perd du même coup son ancienne fonction ? Et qu’une relique, fut-elle sacrée pour certains, n’est plus soumise aux mêmes règles que dans la vie courante, pas plus le corps humain que les objets de croyance. Sans cet axiome, nous nous préparons non seulement à vider les musées, mais surtout à une formidable régression de la pensée des Lumières, qui a permis, rappelons-le, à la science de se développer et aux musées d’exister.

jeudi 12 juin 2008

L’Ange de la métamorphose : Jan Fabre au Louvre


La démarche de confrontation de l’art contemporain et des œuvres, que l’on qualifierait de répertoire en musique, devient de plus en plus en vogue dans les musées de beaux-arts. À tel point que le Louvre développe depuis quelques années, grâce au travail de Marie Laure Bernadac, une démarche originale et à chaque fois stimulante. Après avoir essaimé des interventions artistiques dans les collections permanentes, il s’agit là d’investir une partie d’un département.
Avec la proposition faite à Jan Fabre de se confronter à l’art flamand, le pari est osé d’autant qu’il est ambitieux. C’est un investissement massif avec une multiplication d’œuvres installées dans les espaces les plus secrets, ou dans les salles les plus emblématiques, comme celle des Rubens. L’art contestataire le plus officiel et mondain est ainsi mis à l’honneur. Évidemment, on ne peut s’empêcher de se dire que tout cela soufre d’une cruelle absence de modestie quand on prend la mesure des juxtapositions. L’égocentrisme prétentieux y sévit. Jean Fabre a beau se défendre en affirmant qu’il ne s’agit pas de se comparer aux grands maîtres, et même proposer son portrait en un gigantesque ver de terre, écrasé par le poids de l’histoire. Les signes de fragilité et d’humilité sont multipliés pour signifier cette impossible rencontre, mais il en résulte, malgré tout, un malaise. C’est peut-être du reste le plus intéressant et vraisemblablement l’effet recherché, et pour cela l’opération est réussie. Les œuvres, bien que d’un intérêt inégal, sont souvent très belles, fortes et puissantes, mais ce n’est peut-être pas le plus important ici. Du point de vue muséographique, c’est excitant, intelligent, tant pour la mise en espace et l’accompagnement, et le sociologue se régale des commentaires, des protestations, comme des enthousiasmes démonstratifs des visiteurs. L’évaluation de cette exposition doit être passionnante à faire. Retour au salon, et au scandale qui divise le public, le fait réagir : cela fait passer un courant d’air frais et l’on se dit que le Louvre a bien changé pour que de telles choses soient redevenues possibles. Bravo.