CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: décembre 2008
La Formation en muséologie :

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Master MEM

jeudi 18 décembre 2008

La tragicomédie de La Maison du chaos


Détruire La Maison du chaos, c'est un comble ! Et de ce fait les tenants de l’art destroy sont obligés de prendre la plume et de signer des pétitions pour s’opposer à l’anéantissement de ce lieu qui a néanmoins la destruction pour concept. Le monde est extraordinaire ! Il faut dire que certains riverains voient d’un mauvais œil ce Palais du Facteur Cheval du XXIème siècle dans une banlieue chic de Lyon, car, comme toute démarche originale, elle dérange du moment qu’elle n’est pas confinée dans un endroit pour ça : tel un centre d’arts contemporains. Comme on le sait, “la tolérance il y a des maisons pour ça”. Bel embrouillamini judiciaire, le fondateur Thierry Ehrmann qui est loin d’être un novice sait démontrer une atteinte à la création artistique et la dénonciation de la censure n’est jamais très loin. Dès qu’une démarche artistique est critiquée les défenseurs de la liberté d’expression montent au créneau, le livre publié des soutiens et distribué gratuitement sur le site en atteste. La décision de la Cour d'Appel de Grenoble le 16 décembre 2008 qui stipule la destruction prend le risque de faire monter une mobilisation déjà forte. Il faut dire que le lieu par les débats qu’il suscite et les visites qu’il génère, est plus stimulant pour l’esprit que la dernière exposition du musée d’art contemporain de Lyon qui elle ne s’attirera que l’ironie des critiques de France Culture dans l’indifférence générale. La Maison du chaos offre quand même de beau visuel, et on s’amuse beaucoup à la visiter. Le plus drôle dans l’affaire est peut-être cette contre-position avec la maison du bonheur en face de la maison du chaos. Pourra t-elle survivre en cas de destruction de son image inversée ? Elle ne semble déranger personne, bizarre !
Voir : http://www.demeureduchaos.or
ou http://blog.ehrmann.org/

dimanche 14 décembre 2008

Musée haut musée bas, le film

Après la pièce de théâtre, le film. Si les lieux sont démultipliés et incarnent plus de véracité que lors de la représentation théâtrale, les dialogues eux sont fidèles au texte de la publication. Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes, est un pastiche de l’institution, et comme toute caricature, elle ne fait pas toujours dans la nuance ou dans l’exactitude, mais il ne s’agit pas de proposer un documentaire sur le musée. On appréciera l’humour qui sert un regard tendre mais sans complaisance sur l’institution. Quelques pointes décochées envers l’art contemporain doivent faire crisser les dents des intégristes du secteur, mais s’avèrent assez savoureuses. Le happening et le meurtre au musée comme œuvre d’art thérapeutique demeure le nec plus ultra qui reste à atteindre alors que tout à été déjà tenté et que l’idéal contemporain de la création n’est pas de parfaire mais d’innover.
La brochette d’acteurs qui sont invités à visiter les lieux est impressionnante, et sert à dresser une typologie des visiteurs qui fera sourire le spécialiste des publics. Le conservateur hanté par la dégradation et l’envahissement de ses collections par une nature qui entend reprendre ses droits est aux yeux de l’éternité assez juste, la volonté de conservation étant par essence contre-nature et au final assez vaine. Le raccourci qui est dressé par la mise en scène d’une fin du monde des musées fait frémir les amoureux des collections - ainsi cette petite danseuse de Degas chavirant au sol fait se raidir dans son fauteuil ! - mais à le mérite de rappeler notre incommensurable finitude, ce dont l’art traite toujours au final, pour évoquer la figure tutélaire de Malraux qui hante les débuts du film. Malgré certaines longueurs et quelques faiblesses, ce film grand public est assez plaisant à découvrir pour le muséologue !

samedi 13 décembre 2008

Séminaire sur les Projets Scientifiques et Culturels dans les musées

Deux jours de séminaire dense en discussions et en échanges à l’Institut Denis Diderot les 4 et 5 décembre, avec une vingtaine d’intervenants, et une centaine de participants, dont une bonne cinquantaine de professionnels. La réflexion a porté sur plusieurs points, moins sur les méthodologies que sur les attentes et besoins des PSC, leur évolution, l’adéquation aux caractéristiques locales et à l’histoire particulière de chaque site, les nouveaux critères qui sont à prendre en compte, mais aussi sur les effets d’éventuelles normalisations quand la DMF impose une grille qui ne correspond que modérément aux besoins des institutions. Absence du reste remarquée de la DMF durant le séminaire qui n’avait pas jugé bon de venir communiquer et notamment expliquer les critères de validation des PSC. Heureusement trois conseillers DRAC étaient au rendez-vous s’efforçant de réduire un écart et une distance, pour ne pas dire une condescendance, dont témoigne parfois la rue des Pyramides. L’OCIM qui était partenaire des journées publiera en 2009 un numéro de La Lettre de l’OCIM pour faire suite à ses journées stimulantes.

mardi 9 décembre 2008

Vous avez de beaux restes ! Objets et modes de vie du XXème siècle.

Belle exposition qui démontre une fois de plus qu’une exposition avec un discours fort est plus probante qu’une exposition où sévit seulement de beaux objets. Car il ne s’agit pas de faire preuve de démagogie et de clamer que les objets exposés ici sont des merveilles, produits de notre quotidien depuis tente ans, issus de la standardisation et de la banalisation, ils rendent délicate la mission du musée d’ethnologie soucieux de rendre compte d’une “identité” locale. Rien de tel ici, aucune prétention à distinguer un territoire d'exception, il s’agit plutôt d’inviter à la réflexion sur nos sociétés par une classification malicieuse.

Se projetant dans un avenir, en l'an 2820, qui ferait découvrir par un archéologue les objets contemporains, les méthodes scientifiques de lecture par catégorisation sont avancées et une interprétation esquissée. Des fouilles sont mises en scène et une coupe stratigraphique des objets modernes invitent à la prise de distance. Homo Consommatus, Homo Domus, Homo Modernus, Homo Habilis, Homo Communicans, et même Homo Naturalis. Les clins d’oeil humoristiques rendent cette partie du Laboratoire d’étude des plus accrocheurs. En passant, c’est l’occasion de conduire un parallèle pertinent entre le travail de l’archéologue et celui de l’ethnologue, “archéologie de sauvetage et ethnologie d’urgence”, comme le mentionne un titre invitant à la comparaison des approches. Mentionnons la scénographie de l’agence Scénorama qui signe là un très beau travail.
Bravo pour cette proposition, à voir au Musée de la ville de St Quentin en Yvelines jusqu'au 5 juillet 2009.

jeudi 4 décembre 2008

U-Culture : à propos de culture scientifique


Le numéro de la revue U-Culture, revue de l’Université de Bourgogne, sur le thème de la culture scientifique et technique au sein des universités, coordonnée par Philippe Poirrier, est sorti en version papier, il est disponible sur demande ou sur le site de l'Athéneum.
Il contient des articles de Philippe Poirrier, Catherine Cuenca, Jean-MArc Levy Leblond, Dominique Lecourt, Daniel Raichvarg, Soraya Boudia, Dominique Ferriot, Catherine Gadon, Gilles Bertrand, Catherine Ruppli, Jean-François Desmarchelier.
Le prochain numéro concernant l’art en espace public est sous presse.

mercredi 3 décembre 2008

L'origine de la marchandisation

Courbet est pornographe, des critiques l'ont affirmé, mais ce n'est ni le premier, ni le seul. Et il n'y a pas là de quoi s'émouvoir. Mais Courbet est-il responsable de la décadence de l'art ? Courbet est-il, qui plus est, responsable d'avoir aliénée l'image de la femme, soudain réduite au rang d'objet, la réifiant au point que ce peintre apparaisse à l'origine d'une conception marchande du corps humain? Courbet est-il un antiféministe viscéral ? Ces questions sont décidément bien curieuses, mais ce sont les thèses tenues par le héros du roman de Rezvani L'Origine du monde, ouvrage publié en 2000.
Après tout, ce n'est pas aussi ridicule qu'il y paraît, n'est ce pas la première représentation d'un corps humain partiel, présenté par morceau ? Si le tableau fit et fait encore scandale (il n'y a pas si longtemps qu'un livre le portant en couverture fut interdit de devanture de librairie dans certaines villes), c'est aussi qu'il dépasse assurément ce qu'il montre, et qu'il est l'ingénieux point de départ d'une façon de représenter le corps qui n'avait pas cours auparavant. Alors coupable Monsieur Courbet ? En tous les cas, Bergamme le héros du livre, le croit fermement et entend dérober le tableau pour l'achever, le faire disparaître en le menant à son terme. Car ce n'est pas la seule théorie curieuse du personnage, qui se montre violemment hostile aux musées sous prétexte que ceux ci sont des cimetières pour les oeuvres. Il reproche que celles-ci doivent, dès leur intégration aux collections muséales, stopper leur développement en s'immortalisant à un moment de leur histoire (encore que certaines restaurations...). Lui vise au contraire à les poursuivre et les améliorer, et si la peinture
qu’il leur ajoute est évidemment un véritable massacre, il ne doute pas pour autant de son bon droit. Inébranlable certitude qui devrait faire réfléchir ceux qui pensent détenir la science et la vérité... « " C'est d'accord, les gens se pressent dans nos musées non pour voir des tableaux, nous le savons bien... et encore moins pour méditer devant eux mais pour retrouver en quelque-sorte la « matrice » qui a servi à l'impression de leurs T-shirts, par exemple, ou à l'agrandissement d'un visage ou d'un détail pour les besoins d'une publicité qui se vante d'ajouter à ce monde un plus de culture quand en réalité elle vulgarise et banalise l'Art » : non ce n'est pas Jean Clair qui écrit ça, mais le héros qui tient une de ces fameuses théories ! D’autres curiosités muséologiques y sont développées. Le roman est riche de bien d'autres aspects, trop même car il déborde et le lecteur finit par se perdre dans tant de rebondissements, mais le plus curieux n'est-il pas la façon dont le personnel du musée accompagne finalement ce piètre héros, ayant finalement pris l'art en aversion à force de le fréquenter ? Drôle d'ambiance assurément !

Pour ceux qui aiment à lire des romans évoquant les musées, nous rappelons les deux excellents titres que nous avions présenté dans La Lettre de l'OCIM n°115 :
Le Patrimoine de l'Humanité, petit livre fort drôle sur les agents de surveillance, de Nicolas Baujon. à La Dilettante en 2006.
Le Musée du silence, concernant un muséographe bien spécial ! de Yoko Ogawa, chez Babel en 2003.
pour voir le compte rendu : voir ici
On pourra lire également de Jean-Pierre Keller, Meurtre au musée, Editions Zoe, 1995. Drôle d'ambiance dans ce musée bien spécial ! L'art contemporain poussé à sa logique extrême, le meurtre comme ultime oeuvre d'art...

lundi 1 décembre 2008

Repartir à zéro: comme si la peinture n’avait jamais existé.

En effet, le traumatisme de la guerre, l’horreur des camps et les abominations nazies, rendent toute démarche artistique désormais un peu vaine et puérile. Malgré tout, comme le déclame Olivier Py à propos du drame lyrique dans Les Illusions comiques, tout pourrait continuer comme avant, sauf le théâtre ? Tout pourrait reprendre vie, sauf l’art ? La question est la même pour la peinture, le cours des choses retrouverait ses droits, sauf le geste de l’artiste confronté désormais à la finitude et à l’absurdité ? La thèse tenue jadis dans Le Château de Barbe bleue par Georges Steiner se défend, mais Olivier Py a également raison, pourquoi faudrait-il abdiquer tout élan de beauté sous prétexte que la monstruosité s’est manifestée ? Cruelle question qui s’exprime ici par la peinture. Hélas, les mauvaises langues pourront faire remarquer qu’en ce qui concerne les arts plastiques la déconstruction et le refus de s’approprier un métier, désormais perdu, pour reprendre les mots de Claude Levy-Strauss, avait été bien antérieur. Simplement il n’est pas possible de le dire car les mêmes ont été stigmatisé comme marqueurs de l’art dégénéré, dès lors comment serait-il possible de les confronter et de les contredire sans paraître épouser le camp des assassins ? C’est donc au silence qu’est condamné l’homme moderne, prêt à tout voir, à tout accepter, du moment que la signature de l’artiste en légitime l’expression. Ainsi, devra-t-on visiter cette exposition avec un grand recueillement, même si la plupart des propositions sont d’une vacuité manifeste, mais comme cela exprime un air du temps décomposé, l’artiste a par conséquent toujours raison. Cet art de l'immédiat après-guerre est, sauf exception, un Rothko ici ou un Soulages là, d’un profond ennui et d’une grande laideur, mais il annonce en cela notre monde avec beaucoup de talent. A voir au musée des beaux-arts de Lyon jusqu’au 2 février 2009.