CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: 2013
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dimanche 29 décembre 2013

Kanak : l'Art est une parole

Certes, l'art est une parole, pour citer le sous-titre de l'exposition Kanak, mais ce n'est pas nécessairement une parole politique ! Car l'exposition du Quai Branly demeure quand même bien discrète sur les sujets susceptibles de fâcher. Certes, Jean-Marie Tjibaou est largement présent, s'inscrivant dans les traces du grand héros Altaï, figure de la grande insurrection et pionnier des pères de l'indépendance, mais de celle-ci il n'est plus question, comme si l'appartenance à la France constituait une évidence et qu'il ne fallait plus aborder les questions du colonialisme, pourtant largement conspuées dans d'autres expositions. Non, dans la présente présentation, on se recueillera avec dévotion devant de beaux objets, devenus artistiques, c'est-à-dire comme nettoyés et neutralisés de toute leur charge subversive. Certes, il est toujours intéressant de voir des objets énigmatiques, dommages qu'une fois encore on les sacralise comme des reliques plutôt que de se pencher avec force détails sur leur sens et fonctionnalité dans la société en question. Inutile de s'interroger non plus sur l'art actuel (hormis quelques créations présentées en fin d'exposition) et sur la situation des Kanaks aujourd'hui.

mardi 24 décembre 2013

Tony Oursler au MAC's

Très belle exposition ingénieuse et réalisée sur mesure, puisque la plupart des pièces sont originales ou adaptées au MAC's sur le site du Grand Hornu. Avec Phantasmagoria, Tony Oursler prend possession d'un lieu et envoute le spectateur en lui proposant de remonter aux origines du cinéma, monde enchanté de George Méliès bien sur, mais aussi celui moins connu de Robertson et de tous les inventeurs de l'image animée jusqu'aux films fantastiques contemporains. C'est donc une exposition d'art contemporain mais dont les créations revisitent l'histoire des techniques par la même occasion. Des clins d'oeil - c'est le cas de dire ! - d'une belle pertinence et avec la performance d'une exposition montée avec dextérité. Des plus petits bijoux lorsque les projections se réalisent sur des miniatures, avec des personnages s'agitant dans des cavernes aux projections immersives où le visiteur est englobé au point de s'y fondre. Une exposition souvent empreinte d'humour et de poésie, en sus du fantastique. L'artiste a aussi souhaité convier des enfants des écoles et la dimension d'action culturelle participative est donc également présente.

jeudi 19 décembre 2013

Art orienté objet : la nature fusion

Le Musée de la chasse et de la nature continue de nous surprendre et de nous ravir. Avec Marion Laval-Jeantet et Benoit Mangin, l'exposition Art orienté objet, est détonnante, non seulement parce que l'oeuvre Transe Fusion est mi-humoristique mi-mutante, puisque l'artiste rend compte de ses visions après s'être fait injectée du sang de cheval. A la manière d'Orlan, le corps est sujet à expérimentation, et aura nécessité ici 4 années de recherches préalables en biotechnologies. D'autres oeuvres sont plus simples dans leur forme, mais tout aussi efficaces, ainsi La visitation ou La Machine à faire chanter les cerfs dans la brume. Comme toujours le musée de la Chasse dissémine dans ses collections permanentes des oeuvres temporaires. Ainsi avec finesse, le permanent devient cette nature dans laquelle il faut repérer par surprise l'animal artiste, du moins son oeuvre !! Les salons du musée sont ainsi peuplés de rencontres étranges ! Encore une exposition de qualité, avec des oeuvres produites pour l'exposition, accompagnée d'un catalogue d'une belle facture, et d'un petit texpo à 1 euro pour le visiteur qui voudra conserver une trace de sa visite. Une belle initiative.

lundi 16 décembre 2013

Nouveau Musée d'Histoire de Marseille

Le nouveau musée d'histoire de Marseille, lieu qui a compté dans l'histoire de la muséologie, et notamment de la muséologie nouvelle, vient de faire l'objet d'une rénovation conduite tambour battant. Décidée en 2009, le musée a été réouvert en septembre dernier dans le cadre de Marseille 2013. Très belle réalisation conduite de main de maitre, avec le Studio Adeline Rispal pour une scénographie sobre et claire. Se déployant sur 3500 m2, le musée apporte enfin une offre muséale municipale digne de ce nom... Certes, le choix fait d'une typographie en rouge ne favorise pas la lisibilité, surtout en lettrines sur le verre des vitrines, et le choix d'un petit journal distribué au visiteur pour lui révéler les contenus n'est pas des plus efficients, surtout en cas de rupture de stock ! Mais le propos lui est passionnant, car il s'agit de dévoiler des aspects en retournant des idées toutes faites ou en faisant s'interroger le visiteur. Les audiovisuels très, peut-être même trop nombreux tant ils sont parfois juxtaposés dans le parcours, participe de la réussite du lieu et de son intérêt. La manière de mettre en parallèle des méthodes antiques avec les méthodes actuelles, par exemple pour la barque cousue, est audacieux et très convaincant. Enfin les parties plus contemporaines, parfois moins développées, devraient faire l'objet d'expositions à venir.

samedi 14 décembre 2013

Happy Birthday Mister Perrotin

L'exposition proposée au Tri Postal, en forme de retrospective de la Galerie Perrotin, pour ses 25 ans, intitulée Happy Birthday, est évidemment hétéroclite, c'est une exposition de galerie qui vise à démontrer de la pertinence des choix artistiques faits, davantage que d'une cohérence entre les artistes présentés ou d'un quelconque discours. Le visiteur y prendra donc ce qui l'intéresse et pourra être sensible à l'un sans l'être à l'autre. Aucun propos ne lui est adressé et nous avons affaire à la forme la plus expressive de l'art pour l'art. Personnellement, - et comme Martine Aubry ! -, nous avons pris beaucoup de plaisirs à voir les oeuvres de JR dont le travail de composition urbaine à partir des visages du quartier est impressionnant. De même Tatiana Trouvé avec son installation de fils de plomb inversé nous déséquilibre. Les propositions de Damien Hirst avec With dead head sont assez insoutenables (mais de toute façon nous oublierons assez vite les oeuvres de Hirst puisqu'il nous interdit de les photographier !) et celles de Maurizio Cattelan nous font toujours sourire. D'autres oeuvres sont davantage vues et revues, mais c'est logique. Les montrer participe d'une volonté de partage et de démocratisation bienvenue.

jeudi 12 décembre 2013

Trouble Makers au 104

Etonnante exposition sensorielle, emblème de l'exposition expérientielle, Trouble Makers. Sensation versus digital, dans le cadre du festival Némo, présentée au 104. Si Dans la brume électronique de Kurt Hentschläger emporte le succès, le fait de signer une décharge avant de rentrer n'étant pas sans amplifier l'effet, les autres oeuvres sont également étonnantes. Nous avons bien aimé Epiphanie acoustique de Julien Clauss, même si sa présentation en église serait sans doute plus forte. Chacune des huit propositions est pertinente. Les ailes de l'hypnose de Heewon Lee (ici en image), est captivant, tout comme Les Ondes de choc visuel de Annica Cuppetelli et Cristobal Mendoza. Monumentale musique des sphères de Michel et André Decostero, dans son apparente simplicité, fascine tout autant.

mardi 10 décembre 2013

Deux expositions participatives à Arles

Deux propositions d'expositions participatives en ce moment à Arles.

  • L'une co-construite entre le musée Arlaten et les communautés des gens du voyage, notamment via les enfants investis en relais avec leur famille et entourage. Par des inventaires participatifs et un gros travail d'actions culturelles, l'équipe du musée profite de la fermeture du musée et de sa rénovation pour tisser des liens et entreprendre des actions avec des populations traditionnellement plus éloignées du musée. Cela conduit à une petite exposition inventive et sympathique, intitulée A la Gitane qui est présentée à l'Espace Van Gogh jusqu'au 15 décembre.
  • La seconde proposition "Racontes moi le Chaland" est celle du Musée de l'Arles antique, qui a conduit un travail avec les écoles de la ville et le quartier où a été conduit le chantier de fouilles dans le Rhône en face du musée. Les habitants ont même initié un char pour une fête locale qui est présenté dans l'exposition. Ces démarches sympathiques témoignent de l'évolution des institutions qui savent marier exigence dans de grandes expositions, comme celle présentée dernièrement sur Rodin et actions culturelles participatives, pour renouveler l'intérêt et l'ancrage des musées dans la communauté. 
  • Le visiteur pourra en profiter pour découvrir par ailleurs la très belle extension du musée, ouverte récemment, sur laquelle nous pourrons revenir. 

samedi 7 décembre 2013

Au bazar du genre : une exposition utile

Seconde exposition temporaire du Mucem, Au Bazar du genre. Féminin/Masculin en méditerranée. Pourquoi en méditerranée ? C'est la question que l'on pourrait se poser, alors que les questions autour de culture machiste y sont juste esquissées au regard de leur importance dans le bassin méditerranéen... C'est surtout de féminisme et de discriminations sexuelles dont il est question, davantage que de culture masculine, même si les phénomènes sont évidemment liés. En tous les cas, l'exposition est convaincante et même si certains se plaignent du semblant de bazar dans le parcours, c'est en réalité un bazar très organisé que le commissaire Denis Chevalier compose avec ses acolytes et avec le Bureau des Mésarchitectures comme scénographes. L'exposition, c'est rare, est nécessaire en ces temps de bêtise collective où la théorie du genre se voit attaquée par tous ceux qui n'ont pas reçu la moindre once d'enseignement en sciences sociales... Réactionnaires de tous poils unis dans une grande entreprise de régression collective... Il est donc salutaire qu'un grand musée pointe à son ouverture la nécessité d'affirmer les combats communs pour le féminisme et l'égalité des droits.

jeudi 5 décembre 2013

Le Noir et le Bleu au Mucem

Une semaine passée à Marseille et Arles avec les master 2 Expographie Muséographie de l'Université d'Artois , belle occasion pour rencontrer des professionnels in situ, participer au colloque du Mucem, mais aussi voir et revoir certains sites et expositions, notamment celles du Mucem. L'exposition Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen de très belle facture et pour laquelle le commissaire général Thierry Fabre propose une vision un brin clivée, mais dans un beau parcours mis en scène par l'Atelier Maciej Fiszer. Proposition classique dont l'harmonie est indéniable pour dialoguer sur ce qui fait civilisation et ce qui la nie. Si les approches du tourisme opposé aux violences diverses constituent un résumé un peu rapide des subtilités contemporaines, il n'empêche que les dominations historiques et actuelles sont traitées avec conviction au travers de propositions artistiques intéressantes. Nous sommes moins convaincus par le début de l'exposition, car le très beau tableau de Miro a pour effet de cacher le propos introductif et pour cela le visiteur a du mal à entrer dans la thèse défendue, et il faut quelques salles pour comprendre de quoi il s'agit. Ce manque d'une plus grande explication en introduction n'occulte pas la grande réussite de l'exposition au final.

mardi 3 décembre 2013

Exposer le cinéma

Le musée national du Cinéma de Turin est un curieux endroit. Il a tout pour plaire. D’abord de formidables collections, un lieu fabuleux digne de tous les films de science fiction, un propos et des contenus plutôt pertinents et bien pensés, une scénographie certes un peu carton pâte, mais ce n’est pas mal venu relativement au sujet. Le travail de François Confino est plutôt amusant et ingénieux. On passe un moment agréable et instructif. Toutefois, il y a quelque-chose qui ne fonctionne pas. C’est sans doute l’agencement des séquences qui est parfois un peu morcelé, mais même ce montage syncopé pourrait être défendu, au final le gros problème du lieu, c’est la signalétique ! Celle-ci quasi absente amène le visiteur à être sans cesse perdu, indécis sur son parcours, et de ce fait à produire un effet de zapping et de picorage. C’est d’autant plus stupide qu’il ne faudrait pas grand chose pour améliorer très sensiblement le lieu. Il faudrait repenser le parcours du point de vue du primovisiteur. Revoir l’accompagnement et la progression, faire des choix plus tranché, car en l’état le visiteur est obligé à des choix insatisfaisants. Le personnel semble du reste hésiter lui-même, puisqu’aucun ne nous a conseillé le même sens de visite ! Un lieu par conséquent qui vaut la peine, même s’il pourrait être plus abouti qu’il ne l’est. 

A signaler une prochaine soutenance de thèse à l'EHESS de Stéphanie-Emmanuelle Louis sur l'histoire de l'exposition du patrimoine cinématographique, sous la direction de Christian Delage, le jeudi 19 décembre. 

jeudi 28 novembre 2013

Lightopia : un monde de lumières

Très belle exposition au Vitra Design Muséum de Bâle, intitulée Lightopia, il s'agit des Utopies de Lumières, charmant titre au demeurant, plein de promesses dans cette époque obscure que nous traversons. De très belles propositions de design et de mise en espace, le tout dans une scénographie soignée. Certaines propositions sont magnifiques, comme celle intitulée Flying Flame on display de Moritz Waldemeyer et Ingo Maurer. Dommage que le site internet de l'exposition soit un peu avare de renseignements, d'autant que les visiteurs ne sont pas autorisés à photographier, même s'il est permis de le faire sur sollicitation pour des motifs professionnels. Le lieu est toujours étonnant, avec sa collection de bâtiments signés des plus grands noms de l'architecture : Franck Gehry évidemment, mais aussi Herzog & de Meuron, Sanaa, Zaha Hadid, Tadao Ando, Richard Buckminster Fuller, Jean Prouvé, etc. Certains bâtiments au demeurant peu accessibles, car avant tout industriels, se nuisent un peu les uns les autres, malgré tout c'est impressionnant !

lundi 18 novembre 2013

Dans la ligne de mire

L'exposition de création de bijoux contemporains au musée des arts décoratifs intitulée Dans la Ligne de Mire est à la fois surprenante et décalée. Quelle stupeur de découvrir cette ambiance néo-punk aux couleurs sadomasochiste dans ce lieu que l'on pense trop souvent si feutré ! Les installations de sept créateurs se logeant dans les espaces du musée, et notamment dans les dioramas est une démarche géniale pour redonner intérêt à ses compositions que l'on finit par ne plus voir. Beaucoup de musées disposant de dioramas pourraient s'en inspirer, c'est une belle source d'inventivité. Et l'exposition d'une cinquantaine de créateurs dispose d'une scénographie audacieuse, signée par Les Designers anonyme, (travail qui pourrait du reste être davantage mis en avant sur le site internet du musée, site fort bien fait au demeurant).

samedi 16 novembre 2013

Dirk Braeckman à Namur

Le très coquet musée Félicien Rops à Namur présente une exposition en plusieurs volets, d'Otto Dix à la Maison de la Culture, de George Grosz  et Dirk Braeckman au musée. Ses dessins pour la plupart traitant de 14/18 sont émouvants et souvent bien plus prenants que de grandes démonstrations. La terreur, l'effroyable et le dégoût y sont contenus, selon les perspectives développées par l'artiste. Ses révoltes envers les destinées humaines et envers contre tous les Dieux irresponsables des massacres ou des inégalités sur cette terre sont habilement pointés par le crayon. Ses oeuvres n'ont rien perdu de leurs actualités, notamment lorsqu'il s'agit de croquer la lutte des classes. A l'heure des commémorations qui apparaissent, cette exposition est bienvenue. On profitera de cette visite pour revoir ce sympathique petit musée et ses collections sur Félicien Rops, l'éternel facétieux.

lundi 11 novembre 2013

Museomix : 3ème service

ça y est fin d'édition ou presque pour cette 3ème fête Museomix. Les équipes ont remixé le musée dans six endroits du monde puisque l'Angleterre et le Québec, mais aussi Nantes, Grenoble, Paris et bien sur Lens étaient de la partie. Inventer imaginer ensemble, c'est l'objectif premier, partager, prendre un bon moment et bousculer le musée, et puis dénicher des idées qui peut-être demain vont s'envoler vers des développements... Près de 50 prototypes sont sortis de ces six lieux mêlant Fab'Lab et lieux de performance (réaliser en trois jours un prototype).
Au Louvre-Lens, le MuseomixenNord, animé par les étudiantes du Master Expo-Muséographie de l'Université d'Artois, de belles idées ont germé, que l'on peut voir encore lundi 11 novembre toute la journée, mais aussi mercredi 13 après-midi.
Et puis tous les prototypes restent présentés sur le site de Museomix.

mercredi 6 novembre 2013

Ma petite cuisine de rue

Le concours de micro-architecture Minimaousse 5 ouverts aux étudiants des écoles d'architecture, d'ingénieur, de design et des écoles d'art porte pour cette édition sur les cantines de rue. Croisant un regard ethnographique composé des projections photographiques des cuisines de par le monde et des réalisations primées par le jury l'exposition est agréable à déguster ! Les prototypes ingénieux sont présentés à la Cité de l'architecture jusqu'au 2 décembre prochain. Ma Cantine en ville, voyage au coeur de la cuisine de rue se propose de sensibiliser à l'alimentation et à l'espace public. C'est aussi la question de la convivialité et du vivre ensemble qui parcourt de manière souterraine, convoquant dans nos cités européennes les formes plus courantes ailleurs, en Asie ou en Amérique latine par exemple. Bien sur nous avons dans le nord la baraque à frites ou le camion pizza, mais devant la richesse des formes de par le monde, le visiteur se prend à rêver que ces propositions esquissées par les talentueux lauréats du concours viennent à irriguer les villes de nouvelles sociabilités.

dimanche 27 octobre 2013

Montréal vu par ses artistes

Avec l'exposition A Montréal, quand l'image rôde, le studio national du Fresnoy invite la commissaire Louise Dery pour présenter des artistes montréalais, la plupart vidéastes. Une petite quinzaine d'artistes sont ainsi mis à l'honneur dans une très belle scénographie d'Alain Batifoulier et Simon de Tovar, mise en espace qui permet la concentration et la découverte pas à pas sans perturbation des vidéos les unes par rapport aux autres. On ne peut pas dire qu'il y ait un thème qui rattache des démarches nécessairement forts différentes, puisqu'elles n'ont finalement en commun que d'être produites par des artistes d'une même ville. Nous retiendrons surtout la proposition de Jean Dubois, avec Brainstorm, qui propose au visiteur de mélanger et inventer des concepts derridiens dans une belle occupation spatiale. Nous aimons beaucoup anarchique, destinerrance, atomystique...

samedi 26 octobre 2013

Penone à Versailles

Derniers jours pour découvrir les installations de Guiseppe Penone au Domaine de Versailles. Certes, il faudra affronter les foules pour pénétrer dans l'antre du Château et accéder jusqu'aux trois oeuvres en salle. En revanche, celles installées dans le parc sont plus abordables, et peut-être plus intéressantes aussi. Car elles viennent en contraste avec cet environnement bourgeois et guindé. Arbres renversés, décomposés et servant de rouleaux d'impression comme un immense textile déroulé dans les jardins, les oeuvres invitent à renouveler le regard sur ce lieu classique et propret. Il faudra cependant bien viser, car lors des animations dites des Grandes eaux, vous ne pourrez pas accéder à l'exposition sans payer le supplément ! Apparemment les publics venant spécialement pour l'exposition ne sont guère pris en compte...

lundi 14 octobre 2013

La médiation culturelle


Il y a des fausses évidences et la médiation culturelle en est une. Ce terme aujourd’hui galvaudé et utilisé à toutes les sauces méritait quelques clarifications. C’est ce que nous avons tenté de faire avec mon collègue François Mairesse, en réalisant une synthèse de la littérature et tout en présentant une vision engagée de la médiation culturelle. Loin d’être un instrument de simple transmission d’informations, - c’est la vision pauvre et simpliste de la chose -, la médiation culturelle vise quelque-chose d’essentiel au sein même de la compréhension humaine et des interrelations entre les êtres. C’est son pouvoir de mise en relation, de création, d’expression et de révélation qui est fondamental.  Nous espérons que nous apporterons là quelques éléments susceptibles d’intéresser les professionnels et les futurs professionnels pour éclairer ce qui prime dans les modes d’action.

A noter qu'un colloque sur la question, Les Mondes de la médiation culturelle, est par ailleurs prévue à l’université Paris 3 les 17-18-19 octobre sur le même thème, il permettra d’apporter des exemples et de compléter les analyses par des études de cas aussi riches que variées. 

vendredi 11 octobre 2013

Tous des sauvages !











Tous des sauvages !, voilà le titre provocateur de l’exposition de l’année présentée à l’Abbaye de Daoulas. La volonté manifeste est de surprendre et de provoquer, saine démarche pour une institution qui s’est donnée pour mission de briser les idées reçues et de faire s’interroger sur l’altérité, la différence et le rapport au monde. Avec des expositions anthropologiques qui convoquent toujours de très belles collections ethnographiques, il s’agit de pousser la réflexion dans des contrées aussi complexes que nécessaires. Le monde en proie à la xénophobie si ce n’est au racisme a besoin d’expositions sur le thème. Construite à partir de l’ouvrage de Levi-Strauss, Race et histoire, et revenant sur les thèses de l’auteur, Pierre Nédélec, chargé du projet, invite à une réflexion sur la nature du sauvage, «mon intime, mon frère», aurait dit Baudelaire... Avec le musée d’ethnographie de Genève avec lequel cette coproduction est assurée, l’exposition propose à Daoulas une belle scénographie signée par Gulliver


samedi 5 octobre 2013

Nuit étudiante au Louvre-Lens

Première nocturne étudiant au Louvre-Lens, et intervention de la faculté Jean Perrin de Lens, des étudiants de Lille et des étudiantes et étudiants de l'université d'Artois, en master Expographie Muséographie pour proposer des médiations décalées et inventives. Des choses sympas pour réinventer le discours sur les oeuvres. Une opération montée très vite, mais pour sensibiliser autrement et tenter de transformer le musée en un lieu de vie qui ne soit pas nécessairement toujours sérieux et guindé. Manière de tester aussi les possibilités en vue du prochain Muséomix qui s'y déroulera du 8 au 11 novembre prochain.
On pourra consulter la galerie photo sur le compte Facebook : par ici


mercredi 2 octobre 2013

Bob Verschueren

Curieux domaine que Trévarez dans le Finistère, où la réalité augmentée permet de s'imaginer l'intérieur d'un château qui réserve bien des surprises à l'intérieur. Magnifique parc aussi, avec ses écuries où est présenté l'exposition Bob Verschueren, avec une installation gigantesque intitulée Débardage. Un cheval de bois, figé, comme pétrie en pleine course, tirant 4 boules célestes composées en rhododendron, plante commune au lieu. Etrange sculpture pleine d'énigmes et de mystères, sujette à nourrir les imaginaires. Projet artistique composé avec des bénévoles et amplement restitué avec une explication sous forme de reportage photographique du montage fort intéressant et une mise en contexte  grâce aux présentations des autres travaux de l'artiste belge, depuis ses premières expériences jusqu'aux plus récentes et impressionnantes réalisations.

mercredi 25 septembre 2013

Charles Ratton et l'invention des arts primitifs

Intéressante exposition qui vient de se clôturer au musée du Quai Branly sur Charles Ratton collectionneur et marchands, amateur d'arts dits primitifs. Le commissaire Philippe Dagen et le conseiller scientifique Maureen Murphy invitent à explorer l'émergence d'un intérêt esthétique apparu avec le siècle qui succède à un intérêt pour la chose exotique et l'objet ethnographique. Evidemment, il n'est pas anodin qu'une semblable exposition soit présentée au MQB, lieu dont la genèse même est également liée à la vie d'un collectionneur Jacques Kerchache. On voit comment les surréalistes et l'ensemble de la gente artistique et intellectuel du XXème siècle sont fascinés et se réfèrent constamment aux collections exotiques. On peut y vérifier combien le marché de l'art est lié à la reconnaissance institutionnelle que porte l'exposition. C'est aussi l'occasion de revisiter une série d'expositions du XXème siècle et ce n'est pas le moindre intérêt muséologique. On constate sur les photographies anciennes combien la scénographie à pris d'importance dans les expositions contemporaines ! On pourra s'étonner que l'exposition débute en faisant référence à l'exposition coloniale de 1931, sans jamais la présenter réellement...

jeudi 19 septembre 2013

Vivre en Camus


L’exposition « Vivre en Camus » au musée de Harnes, proposé dans le cadre d’un projet tuteuré avec les étudiantes du Master Expographie Muséographie de l’Université d’Artois et en partenariat avec la Ville Pays d’Art et d’Histoire de Lens-Liévin et le musée de Harnes, permet de mettre en valeur un aspect peu connu de la reconstruction. La collecte d’archives et de témoignages auprès des habitants de cette cité donne lieu à une exposition sympathique par l’empathie qu’elle déclenche chez les intéressés. Nombreux aux deux inaugurations, les locaux démontrent l’attachement et la sensibilité dont ils font preuve. Ce beau projet d’exposition est d’abord la mise en oeuvre d’une véritable action culturelle, investie, militante, car conduite pour les intéressés. L’exposition est la manifestation concrète d’un long processus pour faire émerger des mémoires et construire des relations de confiance. Elle met en scène, en musiques et en paroles, la vie quotidienne de cette cité ouvrière. A voir jusqu’au 29 septembre. 
A lire également sur : L'Art de muser

jeudi 12 septembre 2013

Landru - 6h10 - Temps clair


Pourquoi Landru a t-il connu un tel succès ? Devenue figure mythique, donnant lieu à une production culturelle populaire impressionnante, au travers de chansons, de cabarets, de films, l’assassin fascine dès son arrestation, et le tout Paris se précipite à son procès, donnant lieu à un feuilleton médiatique mémorable. Ce n’est pas seulement l’inimaginable de ce personnage à la double vie, père tranquille qui abuse de pauvres femmes en leur volant leurs biens, avant de les découper en tous petits morceaux afin de les enfourner dans sa chaudière, affaire rassemblant le sexe, l’argent, la mort dans une visée diabolique derrière des apparences de l'homme comme il faut. L'effroi est ambivalent car on sent que le public ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine sympathie pour cet odieux personnage, rien à voir avec Jack l’éventreur en quelque-sorte. L’exposition présentée au Musée des lettres et manuscrits a le mérite d’attirer l’attention sur le phénomène. Exposant les pièces du dossier, elle met également en lumière ce que l’on oublie trop, la présence massive de femmes seules alors que bien des hommes sont morts à la Grande Guerre. Landru est effrayant dans sa méthodologie soignée. Pourtant celui-ci s'évertuera à nier malgré toutes les preuves. L’exposition ne résout pas l’énigme, mais tient en haleine, simplement mais efficacement. 

mardi 10 septembre 2013

Ouverture d'un nouveau parcours au musée des beaux-arts de Dijon


Incontestable réussite pour cette première phase de travaux au musée des beaux arts de Dijon, qui a inauguré le week-end dernier son parcours Moyen-Age et Renaissance. De nouveaux espaces gagnés dans le Palais qui agrandissent de beaucoup le musée. Une rencontre rare entre les collections et le bâtiment  du Palais des ducs et des Etats de Bourgogne qui est désormais largement explicité et mis en valeur. Très bel écrin architectural, réhabilité par les Ateliers d’Yves Lion, et magnifique travail conduit sous la houlette de Sophie Jugie, conservatrice du musée et de son équipe. Il faut saluer outre les oeuvres, la plupart restaurées pour l’occasion, et la scénographie équilibrée, le travail de muséographie, c’est-à-dire sur les contenus (n’en déplaise au vocabulaire encore en usage dans les musées de beaux-arts...), et tout particulièrement les médiations déclinées pour différents publics. Elles sont particulièrement soignées et efficaces. C’est remarquable de constater combien la chose est devenue naturelle et combien elle plait aux publics. Ainsi les multimédias, mais aussi les tables de salle fournissent des contenus clairs et bien calibrés. Outre la rénovation du site internet du musée, saluons également la publication d’un très bel ouvrage, fort utile, qui présente le chantier et les différents corps de métiers mobilisés. Il montre comment en rénovant le musée, un palais est révélé puisque ça a été l’occasion d’entreprendre des recherches et de mieux connaitre ce bâtiment pourtant réputé. Publié aux éditions Faton, c’est un ouvrage aussi rare qu’utile, et dont l’idée était judicieuse. Nous attendons avec impatience désormais l’inauguration de la seconde tranche des rénovations ! 

dimanche 8 septembre 2013

Musée de l’automobile


Belle réussite que ce musée de l’automobile deTurin que François Confino a accompagné pour sa scénographie. Sans conteste réussi, le lieu prend une tournure convaincante, même pour des gens comme nous, plutôt rétifs aux plaisir de l’automobile... C’est sans doute parce que la collection est manifestement exceptionnelle et d’une grande ampleur que la réussite passe si bien sans jamais tomber dans le parc d’attraction, ce qui est le risque majeur d’une telle démarche scénographique. Les ambiances, les propos, la manière d’apporter des notes d’humour et de grandes trouvailles rendent la visite fort agréable. Une démonstration de main de maitre de ce dont le pouvoir de la scénographie est capable. A comparer avec d’autres, comme le musée de Mulhouse qui a cherché à améliorer par petites touches ces espaces en devenant Cité de l'automobile, on sent combien un programme pensé de manière globale et cohérente peut faire la différence. Ne pas hésiter à prévoir une bonne demi-journée pour les amateurs !

mardi 3 septembre 2013

My Joburg : Johannesburg vu par ses artistes

Idée simple mais efficace que celle de ce cycle suivi par La Maison Rouge à Paris, de présenter une ville par l'intermédiaire de sa scène artistique. Ce que le lieu appelle des scènes artistiques "périphériques" de l'art contemporain, avec un reste de condescendance un peu surprenant, mais pour habiliter aussitôt des villes comme point d'intérêt majeur. Après Winnipeg au Canada, voici donc la ville de Johannesburg à l'occasion de la saison France-Afrique du Sud. Ville minière récente, identité qui imprègne bien des oeuvres présentées, c'est aussi l'occasion de découvrir une ville et de mieux connaitre un pays. Apprécions l'accompagnement, tant par le petit livret d'aide à la visite toujours très bien conçu, que par les textes d'exposition, qui ont pour souci de rappeler le contexte, la situation géopolitique, historique, sociologique, pour mieux situer les oeuvres. Chose suffisamment appréciable et pas si fréquente dans les centres d'arts... Les artistes et commissaires associés Bettina Malcomess et Dorothee Kreutzfeldt présentent leur travail et celles de leur concitoyens. Nous ne citerons pas ici les oeuvres, juste une seule monumentale et représentative de notre vision stéréotypée de l'Afrique du Sud, celle de Jane Alexander, appelé Security, qui fait froid dans le dos (mais comme on ne peut faire de photographies dans cette exposition, encore des oeuvres qui resteront enfermées dans le silence... - pour un aperçu, voir ici).

dimanche 1 septembre 2013

Spectacle vivant hors du musée !


Une fois n’est pas coutume, attardons nous sur une video mise en ligne par le Rijksmuseum d’Amsterdam. Toujours innovant sur les médiations, le musée avait, on s’en souvient demandé, il y a une dizaine d’années, à Peter Greenaway de réaliser une proposition artistique sous forme d’événementiel à partir de la Ronde de nuit de Rembrandt (voir aussi son film), véritable Joconde de l’institution. C’était dans le noir que l’on découvrait un tableau qui prenait vie sous l’effet d'un spectacle multimédia. C’était d’autant plus judicieux que ce tableau a connu des scénographies fort différentes par le passé, mais toujours mis en scène comme une pièce de théâtre, souvent avec rideaux rouges et apparition. Le 13 avril dernier, le tableau a été réinstallé suite à rénovation du musée, et il est donc temps de marquer les esprits et de fêter ça.
Dans l’expérience présente, nous sommes dans une autre dimension, mais toujours dans une filiation théâtrale, davantage du côté des arts de la rue si l’on veut. N’en disons pas trop, si ce n’est que performance artistique, médiation culturelle, communication et volonté de démocratisation se rejoignent ici de manière efficace. Quand le tableau s’incarne parmi nous... Très amusant : à voir sur You Tube


mardi 27 août 2013

La Fin des musées ?


 Drôle de titre que celui choisit sans doute par l'éditeur de Catherine Grenier pour son ouvrage La Fin des musées ? Car c'est plutôt une réflexion prospective à laquelle invite l'auteure, directrice adjointe du musée national d'art moderne. Véritable projet intellectuel, puisque c'est ainsi que Catherine Grenier nomme fort justement le projet général que doit se donner une institution, qui, selon l'auteure, doit être le projet d'un musée polymorphe, c'est-à-dire ouvert sur le monde, la cité, le présent, les publics, les artistes... Observatrice attentionnée de la mondialisation, du risque d'uniformisation des musées et de la pluralité de la création contemporaine, Catherine Grenier invite à un musée à la fois plus ouvert sur l'autre et plus cohérent dans sa définition. L'ouvrage s'il est intéressant, l'est d'autant plus qu'il énumère des idées généreuses, il est vrai très politiquement correctes, mais sans hélas vraiment préciser comment parvenir à transformer l'institution pour dépasser les apories que l'auteure recense très justement dans la première partie. Face aux différentes crises et aux dérives que nomme Catherine Grenier, le musée doit découvrir de nouveaux modes de fonctionnement et une nouvelle économie. L'imprécation est suffisamment généralisante pour former un bon projet d'établissement et emporter l'adhésion... L'ouvrage s'appuie sur l'analyse des grandes institutions d'art moderne de par le monde et propose de réaffirmer les missions fondamentales du musée, mais aussi d'en offrir une approche plus large et plurielle à l'avenir. Puisse cet ouvrage contribuer à convaincre les conservateurs de l'ancienne école... 

mercredi 21 août 2013

Leçon d'Ecomuséologie

Il n'y a pas qu'en Italie que l'on peut visiter de vrais écomusées, fidèle à leur mission d'origine. Bel exemple d'écomusée qui a remplit et continue à remplir pleinement sa mission d'animation et de développement du territoire, l'écomusée de la Roudoule est pourtant perché et perdu dans un lieu improbable. Si le village est aujourd'hui si bien restauré et si vivant, le musée ni est pas pour rien puisque c'est une véritable dynamique qui a été porté durant 20 ans et particulièrement depuis 2004 qui a vu le lieu rénové intelligemment. Depuis des expositions temporaires de qualité rythme l'activité. On verra cette année une très belle exposition Des plantes et des hommes dans le Mercantour sur les ressources naturelles, utilisées tant pour la médecine, l'hygiène, la cuisine ou l'entretien. Mais ce sont aussi les rituels religieux et les croyances qui sont abordés par les témoins auprès desquels l'enquête orale a été conduite, bel exemple de collectes de patrimoines immatériels. Un très beau catalogue accompagne cette exposition qui a bénéficié de fonds interreg. Notons la scénographie intelligente réalisée par deux jeunes passionnés qui continuent à faire vivre pleinement le lieu.  Exemple rare pour qu'une telle réussite ne mérite le détour par ce pays escarpé.


lundi 19 août 2013

Musées d'entreprise : l'olive dans tous ses états

 Faut-il visiter encore ces musées d'entreprise où le caractère promotionnel n'a d'égal que la volonté de vous conduire à la boutique en sortant ? Le musée de l'Olive de Imperia en Ligurie (Museo dell'Olivo) est plutôt bien fait. Le discours est bien calibré, le séquençage adéquat, la scénographie satisfaisante, malgré quelques lourdeurs. Si les photographies sont d'assez mauvaises qualités, les collections sont belles et les médiations adaptées. Toutefois, le visiteur n'apprend pas grand chose qu'il ne sache déjà et surtout pas les questions sensibles, concernant la production intensive et ses effets sur l'environnement, par exemple. La différence de qualité des huiles n'est pas abordé ici, l'entreprise ne faisant pas dans la petite production artisanale ! Peu de choses non plus sur les hommes, paysans ou ouvriers des fabriques, mais en revanche l'histoire et les techniques y sont bien traitées. Rien de révolutionnaire, mais une proposition de musée touristique très calibrée, comme on pourrait l'enseigner en marketing muséal. C'est tellement formaté comme il faut que ça n'a pas beaucoup de saveur... 


samedi 17 août 2013

Muséo-nostalgie

La Maison-Musée de Colmars-en-montagne dans le Haut Verdon vaut le détour si l'on aime, comme nous, les lieux authentiques et les musées atypiques. Non que celui-ci soit fort ancien, puisqu'il a ouvert en 2004, mais il a toutes les apparences de ces lieux traditionnels qui semblent immémoriaux. Les bénévoles qui l'ont créé et qui l'animent encore aujourd'hui sont des passionnés, très représentatifs de tous ces lieux d'arts et traditions populaires qui n'existeraient pas sans eux. Les professionnels peuvent bien se gausser, ces endroits ont souvent plus de charme et sont plus attachants que bien des lieux rénovés. Rien n'y est fait dans les règles de l'art et avec les méthodes enseignées en muséologie, et l'on frémit souvent des conditions de conservation. Finalement, ce qui compte ici, ce ne sont pas seulement des collections parfois intéressantes et un lieu étonnant par lui-même, mais l'énergie et la qualité des relations sociales investies. Ce qui importe c'est sans doute que le musée sert à construire la communauté toute entière. C'est peut être ce qui explique le succès populaire de ces lieux, bien qu'ils ne soient guère aidés par la puissance publique. 

mercredi 14 août 2013

Maison de la Céramique

La Maison de la céramique du pays de Dieulefit conduit un travail d'animation fort utile sur un territoire riche pour son passé de poteries, mais aussi sa création actuelle. Le discours de l'exposition est sans concession, montrant les héritages, mais aussi les ruptures dans les traditions locales. Le lieu envisage de rénover ses espaces d'exposition permanente en valorisant davantage ses collections au moyen d'une scénographie adaptée. En attendant, le musée poursuit sa politique d'exposition temporaire en présentant différents aspects de la création contemporaine. Avec l'exposition Jeanne Lachièze-Rey, nous est donné l'occasion de découvrir le parcours d'une artiste originale. Après avoir étudié avec les plus grands artistes et apprivoisé des terres très différentes, et ainsi développé un travail artistique varié, l'artiste à affirmé sur la fin son goût pour la sculpture, et plus particulièrement les figurines et les portraits. Ses petites sculptures sont très expressives. À voir jusqu'au 29 septembre.

lundi 12 août 2013

La signalétique patrimoniale

Ouvrage technique qui intéressera tous les professionnels, notamment ceux qui doivent concevoir des lieux susceptibles d'accueillir du public (y compris en extérieur !), La Signalétique patrimoniale cosigné par Daniel Jacobi, chercheur au Centre Norbert Elias et Maryline Le Roy, graphiste, aborde tant les problèmes théoriques, de contexte et de communication, que la conception et la mise en oeuvre. Les questions de parcours, d'implantation, de mobilier, de mise en situation, de valorisation, mais aussi les questions de graphisme, d'emplacement vis-à-vis de ceux à qui elle est destinée sont passées au crible. La distinction entre différents types de signalétique (de réglementation, directionnelle, conceptuelle, patrimoniale) est utile pour sérier son action dans le domaine. Car il est nuisible de surcharger pour être opérationnel, mais il faut adopter et adapter la signalétique nécessaire, qui doit souvent résoudre une équation difficile : être à la fois discrète, esthétique et efficace. Enfin la signalétique participe souvent également d'une identité visuelle, ce que les auteurs n'oublient pas. Un bel ouvrage dans une édition de qualité, richement illustrée, avec un glossaire et des annexes appréciables. On s'étonnera tout juste que les graphistes ne soient pas toujours mentionnés dans le générique des photographies présentées.

samedi 10 août 2013

Photo de familles

Le Musée Nicéphore Niépce de Chalon sur Saone propose trois expositions durant l'été. La première de photographies contemporaines, de Charles Freger, d'un intérêt variable, une documentaire de Stanley Greene, souvent bouleversante et enfin une exposition sur les photos de famille, qui a l'intérêt de brouiller tous les registres. Avec "Ces photos qu'on ne jette plus", le musée poursuit ainsi sa réflexion dans la lignée de ses précédentes expositions, notamment sur les albums de famille. Manière d'interroger les délimitations tenues et de moins en moins évidentes entre les photos prises par des particuliers et les oeuvres reconnues comme relevant d'une démarche artistique. Car la qualité esthétique de certains clichés est indéniable et l'intérêt documentaire ou artistique également manifeste. En acquérant un fond spécifique, la donation Patrick Bailly-Maitre-Grand, le musée s'enrichit et poursuit son exploration de toutes les facettes de la photographie, historique ou contemporaine, artistique ou documentaire, professionnelle ou amateur. "Jetez, jetez il en restera toujours quelque-chose", mentionne le conservateur François Cheval, reflétant bien une exposition souvent empreinte de beaucoup d'humour. Le ton est pourtant plus grave lorsqu'il s'agit de s'interroger sur le devenir des photographies prises de nos jours avec les technologies numériques. Cependant comme elles sont de plus en plus mises en ligne, les chineurs de demain seront peut-être moins sur les marchés aux puces que dans le ventre du Web.

mercredi 7 août 2013

Gastronomie muséale

S'il vous prend l'envie de voir Vivement demain, parcours n°5, c'est-à-dire 5ème accrochage proposé par Alexia Fabre au MacVal, préférez à tout prendre une visite durant le week-end, vous pourrez ainsi profiter des petits pique-niques servis par La Petite Fabrique dans le jardin. Un régal qui pourrait bien vous amener la prochaine fois à trouver le prétexte de voir une exposition pour allez déjeuner ! Car le design culinaire auquel s'adonne Carole Belenus, l'instigatrice de ces fabuleuses réjouissances vaut bien des oeuvres. On se régalera, aussi bien par les yeux que par les papilles, et on comprendra que l'art fait vraiment du bien ! Wraps, tartelettes, glaces et même d'autres surprises ! Car la création est aussi charnelle et il est bien agréable de la croquer à pleines dents. A déguster durant tout l'été (mais laissez en pour les autres !!!).

lundi 5 août 2013

Ange Leccia

Avec l'installation Logical Song, Ange Leccia investit une partie du MacVal avec des images démesurées qui se répondent, dansent entre elles, et puis se font miroiter. En reprenant des films de sa vie, et en portant son regard sur l'adolescence, l'artiste joue des rythmes, des cadences, des sauts de l'image pour aller d'un écran à l'autre. Si les passages de karaoke sont un peu anecdotiques et dévaluent à nos yeux la beauté plastique de certaines séquences, ce qui intéresse Ange Leccia c'est de s'arrêter sur des détails, de prendre son temps pour flâner. Telle bouche, tel regard perdu, tel paysage se répercutent en échos infinis. Si le visiteur en accepte la proposition, il se prend à rêver puis à s'immerger dans ce gigantisme de l'intime. Parfois brutes, parfois travaillées les images se succèdent sans fin dans des séquences qui s'emboitent les unes les autres.

mardi 30 juillet 2013

In Secta

Le Festival de Chalon dans la rue vient tout juste de finir et une fois n'est pas coutume nous pouvons présenter sur ce blog non une exposition, mais un spectacle. Celui-ci est dans la lignée des spectacles jouant de l'effet de collections, des visites guidées ou des musées, en les tournant souvent en dérision, nous en avions proposé une recension dans un numéro de la Lettre de l'OCIM.
Le cabinet de curiosité que propose la Compagnie Des Femmes à barbe est bien intriguant. La compagnie ayant eu l'opportunité d'acheter une ancienne collection médicale à visée pédagogique la détourne comme il se doit pour s'inscrire dans une tradition foraine un peu oubliée. Cette collection rend pourtant compte de la frontière peu évidente entre les collections d'études et les présentations utilisées dans les expositions foraines pour jouer du sensationnel. Le film Venus noire, sur la Vénus Hottentote en rendait déjà compte, les collections ayant souvent transité d'un univers à l'autre. Nous avions rappelé, avec François Mairesse dans Expoland, la destinée de ces collections médicales, telle celles dévolues au musée forain du docteur Spitzner.
Il s'agit ici d'une collection que n'aurait pas dédaigné Krafft-Ebing pour écrire son Psychopathia Sexualis, car les cires prennent le sexe pour objet, sous toutes ces formes pathologiques. La compagnie les présente en jouant de la répulsion fascination que représente également les insectes pour induire une distance, et les accompagne également de lectures de lettres de confession... Entre 1925 et 1943 l'abbé Violet reçoit en effet des courriers particuliers, concernant la sexualité, correspondance dans laquelle la compagnie puise pour mettre en scène les cires anatomiques. N'en disons pas davantage, c'est une manière habile d'interroger les effets de la religion chrétienne sur la sexualité occidentale.
Voir quelques passages ici.

jeudi 18 juillet 2013

Nuages sur Arles

Non ce n'est pas mauvais temps, mais on comprend les gens du sud : un ciel toujours bleu c'est fatiguant. C'est si beau les nuages. Le rêve ne commence t-il pas en les regardant, "la tête perdue dans les nuages"... L'art ne surgit-il pas de ces imaginaires nébuleux ? Comment se répondent les visions ? Les ciels chargés de la peinture flamande évoquent d'autres ciels que ceux de Tiepolo. Sans doute cela a t-il inspiré Michèle Moutashar, commissaire de l'exposition Nuage (au singulier) qui se tient au musée Réattu à Arles jusqu'au 31 octobre prochain. Très belle exposition qui propose une déambulation thématique et c'est ainsi que l'art contemporain prend toute sa force, en dévoilant des approches différentes, complémentaires et singulières sur un même sujet. Nous avions eu grand plaisir, il y a longtemps, à visiter une exposition sur les insectes, et le plaisir est ici retrouvé. Avec plus de cinquante artistes exposés sur plus de 1000 m2, l'exposition offre un beau moment.

mardi 16 juillet 2013

Le repas des Gaulois

Exposition modeste mais qui permet de maintenir une activité au musée d'Amiens durant une période des travaux qui s'éternise parait-il depuis 1987... aucune date de réouverture ferme ne semblant de mise pour le moment (peut-être en 2014 ?), ni pour le Musée de Picardie ni pour le musée de l'Hotel de Berny. Le visiteur verra par conséquent bien peu de peintures, celles du Grand salon, et se contentera d'une très belle galerie de sculptures et des collections archéologiques au sous-sol. L'exposition A Table ! Boire et manger en Gaule du nord est assez minimaliste, présentant les ustensiles retrouvés et quelques victuailles possibles. Les textes, mal disposés, proposent au visiteur de découvrir le rapport des Gaulois au-delà des stéréotypes habituels hérités des lectures d'Astérix ! Le menu est quand même un peu maigre et le visiteur de musée a bien peu à se mettre sous la dent, car ce n'est pas, dans la même ville, la maison-musée Jules Vernes qui permet de tellement se rattraper. (Notons l'interdiction de photographies qui est faite aux visiteurs, sans justification satisfaisante, les collections étant tombées dans le domaine public depuis longtemps).

dimanche 14 juillet 2013

La Femme crocodile

Présentée vivante est le titre d'une exposition (?), du moins d'une installation d'objets dans une pièce obscure, au coeur du centre de conservation et de ressources, lieu de réserve des collections du MUCEM, à deux pas de la Friche de la Belle de Mai. L'exposition est étrange puisque l'on ne sait pas très bien ce qu'à prétendu faire Jean Blaise, le commissaire invité. Curieuse installation que l'on verrait avec plaisir dans un festival d'art de rue (on en a déjà vu beaucoup de ce type là), mais c'est franchement difficile de demander au public de se déplacer jusque-là juste pour ça ! D'autant que le site était fermé, malgré les horaires affichés et que les visites mentionnées dans le programme n'étaient pas encore mises en place lors de notre passage ! En insistant, nous avons pu malgré tout rentrer et se consoler en regardant le bâtiment original de Corinne Vezzoni. Difficile malgré tout de rester très longtemps pour écouter le texte de Joy Sorman qui passe en boucle dans la salle, car les curiosités sont au final assez limitées, même si cette femme-crocodile digne de Barnum est intrigante. Le lieu dédié à l'expérimentation expographique est en soi une bonne chose, mais fallait-il le faire dans cet endroit qui risque assez vite de devenir désert ?

samedi 13 juillet 2013

Métamorphoses des musées de société

Tenu en 2011, le colloque international organisé à Marseille par le MUCEM pronostiquait la métamorphose du musée, que met désormais en oeuvre le tout nouveau musée qui vient d'ouvrir ses portes. La publication de l'ouvrage, Métamorphoses des musées de société, sous la direction de Denis Chevallier avec la collaboration de Aude Fanlo, regroupe un trentaine de contributeurs sur les crises de ces musées, les apports du numériques, la question des publics, et le rôle des musées dans la cité. Un bel ouvrage, publié à la Documentation française, où alternent les articles de fond et des contributions courtes de professionnels sur tel ou tel sujet.

jeudi 11 juillet 2013

Evidemment le MUCEM

Il est là, on l'attendait tant, que l'on ne peut que se réjouir. On a vu et revu l'architecture de Ricciotti, sous tous les plans dans les médias, et c'est évidemment inévitable car le bâtiment, son emplacement, sa force est manifeste. Il n'est pas trop faux de prétendre que le MUCEM sauve l'opération Marseille 2013.  C'est le fait marquant qui s'impose. Très beau lieu dans lequel il sera certainement fort agréable de travailler. De ce fait, les expositions sont un peu occultées tant on a envie d'abord de prendre le temps d'apprécier le site. C'est ce que font beaucoup des visiteurs qui traversent le lieu, viennent découvrir le fort St Jean, magnifiquement réhabilité et la terrasse panoramique. La résille de béton est parfaitement méditerranéenne, d'un bel effet, même si on ne peut s'interroger sur la manière dont la structure va vieillir. Nous reviendrons ultérieurement sur les expositions, notamment permanentes, les deux expositions temporaires sont, elles, très différentes, et tiennent la route. Plus classique pour Noir et Bleu, un rêve méditerranéen et plus audacieuse pour Au bazar du genre. Cette dernière est salutaire et il est heureux d'ouvrir en évoquant un sujet aussi important en méditerranée. Même si on est loin de l'analyse du machisme et de sa déconstruction, la question est posée de la construction culturelle du genre. Etant donné les polémiques que l'on a pu entendre depuis deux ans, le sujet n'est pas superflu. Enfin, signalons une exposition dont François Cheval est le commissaire, Les choses de ce côté du monde, de photographies contemporaines, qui retiendra également l'attention.