CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: janvier 2013
La Formation en muséologie :

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Master MEM

samedi 26 janvier 2013

Fermeture du Bioscope


Cela est passé inaperçu dans la communauté muséo me semble t-il, mais j’apprend en lisant Terra Eco (et oui !) que le Bioscope, ce parc d’attraction culturel que les collectivités avaient eu l’idée de susciter à deux pas de l’Ecomusée d’Alsace a fermé ses portes après sa saison 2012 (voir aussi l'Alsace). Cela mériterait un examen approfondi, car c’est emblématique des rêves qui tournent en cauchemar ! Avec 90 000 visiteurs l'an passé au lieu des 300 000 espérés, le parc ne dépasse pas sa septième année d'exploitation. Rappelons 30 millions d'investissement et des déficits d'environ 4 millions par année d'exploitation (voir ici). Que va devenir le site ? Les idées sont à l'étude. Espérons que les effets ne seront pas trop négatifs pour l'Ecomusée d'Alsace qui avait été lié à cette aventure. 
Les élus envisagent des "Futuroscopes" sur leur territoire pour impulser avant tout des dynamiques économiques et n’hésitent pas à financer des investissements très lourds pour des équipements gérés le plus souvent ensuite par le privé (ici la Compagnie des Alpes). Le Bioscope a connu un premier échec et a du revoir son projet au bout d’une saison, puis a consenti de nouveaux investissements pour s’orienter vers des propositions plus ludiques encore sur le thème du développement durable ! La réussite s’est fait attendre... Le pari réussira t-il mieux ailleurs ? Eana, à l'abbaye du Valasse à également fermé ses portes cet hiver... D'autres lieux tel Terra-Botanica le parc du végétal à Angers, trouveront-ils leur rythme à l’image de Vulcania qui a également eu des débuts difficiles, de Micropolis ou de la Cité de l’Espace à Toulouse ? La mairesse de Montpellier ambitionne de développer, dit-on, un projet autour du corps humain, sera t-il plus probant ?

lundi 21 janvier 2013

En plein dans le mille

Le thème est à priori étrange : exposer des oeuvres peintes, sorte de tableaux populaires prises pour cibles de tir. La tradition croate fait mieux comprendre ce pays de violence exacerbée où de belles jeunes femmes sont soigneusement peintes pour être dégommées à vue. Car ce ne sont pas seulement, et même rarement des animaux, comme on pourrait s'y attendre, qui figure comme sujets des cibles, mais des expressions de la vie quotidienne, des figures dont on ne sait pas si elles représentent des personnages réels. Le tout est très beau et très cruel. Mais au final, n'est-ce pas aussi que le chasseur exacerbe là un lien passionnel avec l'objet de ses désirs mortifères ? Il était donc à propos de demander à Annie Le Brun de se pencher sur la question dans le très beau catalogue qui accompagne l'exposition. Car de la mort, du désir et de la cruauté, s'entremêlent les fils de la passion. Le musée de la chasse et de la nature, une fois de plus, nous épate en proposant un parcours sensible, au gré de ses collections permanentes, mêlant avec joie les approches, entre art ancien, réflexion anthropologique, art contemporain. Voilà des oeuvres qui prennent ainsi tout leur sens. Nous avons été surpris de ne pas y retrouver Valère Novarina qui tirait sur ses toiles à peine peintes, mais il y a Niki de Saint-Phalle qui s'inscrit dans la même tradition. Une exposition pour un très grand plaisir car comme toujours dans ce lieu la muséographie est tout aussi irréprochable que la scénographie.

à lire aussi cette critique de Libération : http://www.liberation.fr/culture/2013/01/11/cibles-pan-de-l-art-meconnu_873426

et celle sur Lunettes rouges : http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2013/01/19/on-ne-tire-que-sur-ce-quon-aime/


samedi 19 janvier 2013

Chantier autorisé


Voici une exposition qui n’est ni pour les enfants, ni pour les adolescents, ni pour les adultes, mais pour les trois à la fois ! En articulant intelligemment les niveaux de lecture, il ne s’agit pas de proposer un même contenu selon trois angles de complexités, mais de disposer sur un même thème des contenus complémentaires que les trois publics pourront partager. Car l’idée est bien de permettre une communication entre les générations, chacune d’entre elles ayant quelque-chose de spécifique à faire partager aux trois autres. L’idée peut paraitre en soi assez simple et évidente, mais elle est toutefois originale car au final peu courante. Elle permet d’éviter les cloisonnements des publics et de mettre en oeuvre une co-éducation de tous avec tous. L’enfant découvre des choses qu’il peut également partager avec l’adulte, et réciproquement. Le pari est d’autant plus intéressant que l’exposition ne cherche pas à couvrir un sujet facile et populaire, mais à expliquer les démarches de l’archéologie contemporaine, des chantiers de fouille et des métiers concernés. Cette exposition du Latenium de Neuchâtel conjugue les discours et donc les niveaux de vitrines déclinées systématiquement à trois niveaux de hauteur. Une exposition qui pourrait très certainement utilement circuler dans les musées d’archéologie. 

samedi 12 janvier 2013

L’Imaginarium : à inventer ensemble


Nouveaux lieux dédiés aux cultures numériques de l’agglomération lilloise, à proximité du Fresnoy à Tourcoing, au coeur d’un nouvel espace alliant entreprises, centres de ressources, lieux de formation, espace patrimonial et culturel, l’Imaginarium a ouvert ses portes récemment sous la férule de Pascale Debrock et avec la direction artistique de Pierre Giner. Même si le lieu propose une exposition Do It Yourself cherchant à allier science art et bricolage inventif pour en montrer les liens de convergence, c’est moins un lieu institutionnel d’expositions qu’un lieu de créations et d’innovations, un co-working space, ouvert aux surgissements de propositions. Dans la tradition du Fab Lab anglo-saxon, l’Imaginarium réserve des espaces pour accueillir, inventer avec et impulser des initiatives. Le pari est que cet espace trouve à l’avenir son usage par ses usagers. La prochaine exposition dédiée aux jeux vidéos qui devrait ouvrir ce printemps sera sans doute l’occasion d’associer les passionnés et amateurs du domaine. 

mercredi 9 janvier 2013

Exposer des photos dans le noir


La photographie est l’art de la révélation. C’est sans doute de ce fait d’évidence que le FRAC Lorraine s’est inspiré pour proposer au dernier étage du Centre Pompidou Metz une exposition FRAC Forever de sa collection de photographies que l’on visite et découvre à la lampe de poche, plongé dans une obscurité déconcertante. L’affaire est amusante et parait novatrice, et il est dommage qu’aucun texte ne mentionne l’histoire de la chose, alors que les surréalistes avaient inventés cela dans les années 30, avec Man Ray distribuant des lampes à l’entrée de l’exposition tandis que Duchamp éteignait les lumières. L’idée était évidemment d’accroitre la vision en la stimulant. Aujourd’hui, au règne de l’expérientiel, l’affaire est ludique et vise à exciter le visiteur. Il faut bien reconnaitre qu’au-delà de l’étonnement premier la chose est assez vite lassante car à savoir toutes ces magnifiques photos présentes et malgré tout très peu visibles, le visiteur est saisit surtout de frustration. Bref, si l’exposition était de taille plus modeste, elle serait agréable, mais à occuper tout un plateau du centre, elle devient énervante. Le visiteur filera donc assez vite et ce n’est pas l’exposition Sol LeWitt au second qui le retiendra, tant les très belles perspectives dégagées peuvent malgré tout être traversées en courant. Reste l’exposition sur le rideau de scène du ballet Parade au rez-de-chaussée. Mais une fois avoir contemplé l’objet en question, pour le reste, mieux vaut pour le visiteur intéressé lire un catalogue confortablement installé dans son fauteuil. Est-il vraiment nécessaire de faire des expositions pour proposer ça ? D’un côté l’hyper expérience, de l’autre l’absence totale d’expérience, le visiteur pourra dans tous les cas passer son chemin.

dimanche 6 janvier 2013

Hors-Champ : cap aux pôles

Quatre belles pages dans le journal Libération de ce week-end, avec un article signé de la muséologue et muséographe Martine Thomas-Bourgneuf sur l'exposition en cours au Musée d'Ethnographie de Neuchâtel, accompagné d'une interview de Marc-Olivier Gonseth, son directeur. Exposition renversante, nouveau défi de la part de l'équipe du MEN, un de plus !, qu'il est bien difficile de raconter, tant la démarche étourdissante peut laisser sans voix. C'est donc une prouesse que de commenter l'exposition, à l'image des étudiantes du Master Expo-Muséographie lors de notre visite de l'exposition en décembre, et davantage encore d'en écrire une critique dans un quotidien national. L'exercice n'est pas facile et l'auteure s'en tire fort bien. Il faut dire que le propos de l'exposition est aussi riche que complexe, nourrie de références, mais aussi d'humour et de dérision. La très belle scénographie donnant son relief au tissage conceptuel appréhende le hors-champ. L'exposition force, comme toujours au MEN, à s'interroger non seulement sur la discipline ethnologique, mais aussi sur la muséologie et sur le rapport au patrimoine en général. Nous sommes toujours étonnés que les professionnels du musée ne s'y précipitent pas dès l'ouverture, car les occasions de penser sur le métier ne sont pas si fréquentes. Que l'on n'aime ou non les propositions du MEN, on ne peut pas les ignorer tant elles sont la résultante d'une intense activité intellectuelle. Des expositions comme ça, ce sont des perles rares. Mais laissons la parole au bac à glaçons, la matrice du scénario de l'exposition !

vendredi 4 janvier 2013

Démocratiser l’art contemporain


Lille 3000 et plus spécifiquement le Tri Postal fait beaucoup pour la démocratisation de l’art contemporain, non seulement par sa politique de communication liée à l’événementiel, par le travail de ses médiateurs, mais aussi par sa programmation grand public et malgré tout exigeante. Les fantômes sont à l’honneur dans ce Phantasia  habitant l'hiver lillois. Toutes les oeuvres ne sont pas d’égal intérêt et certaines retiendront davantage l’attention, d’autres semblent surgies du train fantôme et de la maison hantée d’Harry Potter, mais elles expriment ainsi la convergence récurrente entre lieux de culture et parc d’attraction. Les artistes en sont souvent les fer de lance, depuis les années 60. Reste que d’autres créations sont émouvantes, sensibles ou intelligentes et pas seulement ludiques. Ce qui caractérise ce que l’on nomme art contemporain de manière simpliste, c’est au final une extrême diversité de propositions qu’il est parfois incongru de rassembler dans de mêmes lieux. Mais c’est à chaque visiteur de puiser ce qui lui paraitra à l’instant signifiant et viendra l’interpeller. Le commissaire propose, le visiteur tranche pour retenir dans sa mémoire ce qui pour lui fait sens. Le travail de Lille 3000 est un travail de rapprochement et de décloisonnement et en cela il est appréciable alors que d’autres lieux s’enferment dans l’élitisme et l’ésotérisme réservé à un entre-soi détestable. 

mercredi 2 janvier 2013

Un musée à visiter pour son enveloppe ?


Le centre d’art contemporain de Graz est spectaculaire et l’on n’hésite pas à venir de loin pour le voir. Inauguré en 2003 à l’occasion de la capitale européenne de la culture, il est intéressant de constater que dix ans plus tard l’architecture reste étonnante. Ce "gentil extraterrestre" comme l’appelle les habitants s’est posé là au sein d'une coquette ville historique classée au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est plutôt sympathique de voir ce mariage bien fonctionner. Le problème est que, par un syndrome trop courant, on visite d’abord l’architecture, car non seulement le programme ne semble guère adapté aux fonctions muséales, mais les expositions présentées sont, en cette fin décembre, plutôt rébarbatives. Véritable caricature des centres d’art contemporains dans ce qu’ils ont de plus affligeants où l’on aligne par exemple des séries de téléviseurs diffusant des vidéos d’artistes, aux contenus plus ou moins abscons, mais à regarder debout en enfilade, même si elles durent 7, 20, 50 voire 95 minutes chacune ! Ce manque d’attention au visiteur, qui de ce fait déserte les lieux, est emblématique (avec de telles souffrances, on se croirait presque au Consortium à Dijon !). On rêve alors de forcer les commissaires à s’infliger la visite de leur exposition !