CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: septembre 2015
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lundi 14 septembre 2015

Milan 2015

Une exposition universelle tient tout à la fois de la foire commerciale, du parc d’attractions, de la promotion touristique et de l’orgueil national, du plateau télévisée et parfois même, avec un peu de chance, de l’exposition ! C’est avant tout un positionnement politique pour le pays exposant. L'importance du marché asiatique faisait que les pays avaient mis le paquet à Shanghai, aussi l’exposition dans son ensemble était nettement plus importante en 2010 que celle de 2015 à Milan. Les pavillons étaient aussi plus fastueux et les expositions plus scénographiées aussi. D’un point de vue général, le site est assez peu imaginatif, les pavillons s’alignant sur un axe central recouvert d’un velum qui cache des architectures comprimées les unes sur les autres. Bien des pavillons soufrent ainsi d’une moindre mise en valeur, et les plus tactiques se sont positionnés en retrait de la parcelle pour être à leur avantage, ainsi la Chine, l’Angleterre ou la France. Toutes les architectures sont représentées, et si certains jouent le même jeu qu’au XIXème siècle avec des reproductions d’architectures locales, voire stéréotypées, ainsi le Palais de Oman d’autres font dans le clinquant kitsch (Turkhménistan, Kazakhstan…) quand d'autres sont dans la recherche architecturale contemporaine (Chili, Pologne…). Certaines architectures se suffisent à elles-mêmes, citons le pavillon du Barhem, d’une belle ligne photogénique. 
Sur plus de trente pavillons visités (sur 55 pavillons nationaux), éliminons ceux qui ne présentent quasiment rien à l’intérieur, ceux qui exposent leur artisanat local, et ceux qui confondent l’exercice avec la foire commerciale. Reste ceux, assez nombreux, qui comprennent le thème proposé : « Nourrir la planète », non pas comme un exercice de réflexion sur l’alimentation de demain mais comme occasion de présenter la gastronomie nationale. C’est alors assez peu intéressant. Enfin les rares pays qui ont fait l’effort de problématiser la question et de réellement proposer une exposition, ils se comptent grosso-modo, en étant généreux, sur les doigts des deux mains. Plusieurs donnent l’impression de consacrer un espace à l’exposition par obligation et comme prétexte pour traiter d’autres choses ou vendre leurs produits. Ainsi l’effort de la Belgique de proposer une réflexion sur l’aquaculture aurait été méritant si la question n’était pas restée en suspens dans un espace en déshérence. La boutique à chocolat, la vente de bières et surtout de frites sont les vrais succès du pavillon… C’est aussi le cas des Pays-Bas, de la Slovaquie… Ne parlons pas du Brésil dont le succès vient du filet en suspension que le visiteur explorateur traverse comme à Disneyland pour aboutir sur une exposition invisible, illisible et pour tout dire indigente. Du reste personne ne la voit et tout le monde s’en fiche. Quelques pavillons font de vagues promesses durant deux salles, puis oublient le sujet, ainsi la Russie, la Chine, l’Irlande… Plus tenue et plus dense, l’Espagne s’égare malgré tout dans la valorisation de ses productions au détriment de la réflexion. Saluons par conséquent la Suisse, qui malgré un système alambiqué de quatre expositions successives, fait l’effort d’aborder des thèmes originaux, même si cela demeure assez ésotérique. Enfin, les Etats-Unis traite la question — et ne refait pas l’erreur de Shanghai, contrairement au Japon - de canaliser les visiteurs avec des séances obligées, mais pour leur asséner les miracles des technologies comme réponse aux défis du futur : vive Monsanto ! Le tout est assez laid. Si la pavillon du Japon est très beau d‘extérieur, le système de gestion des flux est une vraie usine à gaz pour une proposition qui l’est tout autant. Recherché au début, le parcours finit dans une sorte de show télévisé affligeant. 


Au vue de l’ensemble des pavillons, y compris celui assez indigent et sans intérêt de l’ONU, il reste cinq pays qui véritablement se distinguent et peuvent justifier le voyage (mea culpa, nous n’avons pas vu celui de l’Italie, sur laquelle nous n’avons donc pas d’avis). Enfin, on pourra faire ses courses dans un supermarché du futur (même si on peut toujours espérer que les supermarchés auront disparus dans l'avenir et qu'ils sauront au moins éviter la débauche d’écrans inutiles). 

samedi 12 septembre 2015

L'Angola

Citons d'abord l’Angola. Si l’exposition du pavillon national ne recourt pas à des moyens démesurés, un effort certain est fait pour construire un propos et proposer une scénographie. La proposition est certes assez classique et au final peu innovante, mais nous pouvons malgré tout saluer l’effort aussi rare à Milan qu’il était courant à Shanghai de ces pavillons qui jouent le jeu de l’exposition. Certes, le propos est moins sur les problèmes à résoudre et les solutions d’avenir, et davantage sur le bilan de l’agro-industrie nationale et sur sa gastronomie, mais malgré tout, le pavillon présente une véritable exposition digne de ce nom. On rit jaune parfois dans les pavillons quand l’agriculture moderne est synonyme de traitements avec des images d’agriculture industrielle digne des années 70. Il est vrai que plus souvent ailleurs on vise à faire croire au produit authentique en masquant des conditions de production moins exaltantes. Il est du reste effrayant de constater combien la prise de conscience environnementale demeure embryonnaire en visitant l’ensemble des expositions. 

vendredi 11 septembre 2015

L'Angleterre

L’Angleterre. Comme à Shanghai, où le pavillon nous avait séduit, Le Royaume-unis démontre sa capacité à problématiser une question, à savoir la tenir durant tout le pavillon, à délivrer des messages simples et percutants, et à gérer des flux dans les conditions exécrables d’une exposition universelle ! C’est le bâtiment qui porte le message, qui est le véritable médiateur, et qui conditionne la compréhension, bref qui fait sens et symbole. En axant sur la pollinisation et la survie des abeilles, c’est bien le système alimentaire mondial qui est en cause. Le visiteur le découvre dès la file d’attente, puis s’intéresse aux systèmes de communication des abeilles en expérimentant les vibrations, s’incarne même en abeille pour pénétrer dans une salle exiguë, - et l’on pardonne la chose quand on comprend que ce sont les visiteurs qui ainsi miment la ruche -, puis s’arrête sur une expérimentation mi-scientifique mi-artistique de rencontres avec les petites bêtes. Ajoutons à cela que le pavillon est en lui-même très beau, agréable et inventif. Certes pas aussi fort qu’il y a 5 ans, mais avec les mêmes recettes convaincantes. 

jeudi 10 septembre 2015

L'Allemagne

L’Allemagne. A l’opposé de celui de l’Angleterre, même s'il est censé porté un concept avec ses pétales en forme de dôme, le pavillon de l’Allemagne est d’une lourdeur éprouvante. La scénographie de son exposition l’est également. Cependant, les messages sont là, des recherches pour innover dans leur transmission, et avec l’engagement écologique que l’on pouvait attendre du pays. Avec un système de tablette remis au visiteur, et de savantes projections ciblées, tout porte à craindre l’usine à gaz dans de pareilles conditions. Il est vrai que la file d’attente s’en ressent, tant il faut expliquer, et mettre en condition un visiteur impatient de rentrer dans le pavillon. Mais une fois compris, le système fonctionne plutôt bien et devient convaincant. Heureusement, le jardin des idées s’achève dans une ambiance berlinoise ou d’Hambourg, avec des aménagements forts agréables. Dommage de n’avoir pas terminé ainsi la visite et de devoir subir un show ridicule à la fin. Mais vous n’aurez pas le choix, ici tout est sous contrôle et il est impossible d’y échapper. Bref, un pavillon en demi-teinte, mais vu l’offre générale, on s’en satisfait. 

mercredi 9 septembre 2015

La France

La France. Autant le dire d’emblée, ce n’est pas par patriotisme que l’on retient la proposition de la France. Nous avions eu honte de la proposition ridicule faite à Shanghai en 2010. Mais là, il faut reconnaitre que c’est l'un des pavillons les plus réussis. Tout d’abord une gestion de l’entrée intéressante avec une déambulation dans un jardin botanique où l’on voit des plantes comestibles (contrairement à ailleurs), et la métaphore simple mais efficace d’une halle de marché. Ensuite, le parti pris osé de séquences audiovisuelles, un peu longue certes, mais fort bien faites et attractives. Surtout un discours intelligent, mesuré et aussi engagé qu’il est possible de l’être dans pareilles circonstances. C’est une bonne synthèse des problématiques. Dans une scénographie agréable et qui fonctionne bien, où l’on peut flâner sans se gêner malgré la foule, et découvrir de multiples propositions adjacentes. Les petits textes, certes un peu trop longs, placés sur les pupitres sont intéressants et mériteraient d’être regroupés et proposés dans un catalogue. Regrettons seulement l’espace régional, dédié à la Bretagne lors de notre passage, et qui n’était pas à la hauteur de l’ensemble (et aussi la voiture à l'entrée dont on se serait volontiers passé !). Le Pavillon est efficace, tant par son contenu que par la manière de le véhiculer. Bravo. 

mardi 8 septembre 2015

La Corée

La Corée. Enfin la proposition de la Corée est sans doute la plus marquante. Si le système d’entrée par groupes n’était pas pour nous convaincre au départ, on peut vite s’en émanciper une fois dans la place. La Corée sait allier le bon gout pour la forme (le vrai design est là), l’ancrer dans une tradition et nourrir un propos porté par les nouvelles technologies qui caractérisent le pays désormais. Cette alliance de traditions et de modernité, au travers d’un propos allant de la science à l’artistique se décline dans un parcours rythmé qui ménage les surprises. Tout est précis et raffiné. De belles photographies mettent en appétit et donnent envie de se précipiter pour dévorer du Kimchi, puisque le propos est de réhabiliter le fermenté, et de plaider avec lui pour une lutte contre l’obésité. Le tout procure une exposition fort agréable. La comparaison avec le pavillon du Japon est cruel pour ce dernier. Bref, un pavillon intelligent qui donne envie d’aller en Corée, sans déployer le bête plaidoyer touristique que l’on trouve ailleurs. Superbe.