CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: février 2009
La Formation en muséologie :

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Master MEM

dimanche 22 février 2009

De Marquéze à Marquéze

L’écomusée de la Grande Lande de Marquèze figure parmi les lieux mythiques de l’écomuséologie, puisqu’il compte parmi les premiers sites (inauguré avant même l’invention du mot écomusée d’ailleurs !) dans la lignée des musées de plein air, et installé au coeur du parc naturel régional des Landes. Sur l’airial traditionnel, le village présente les maisons et les fonctions de celles-ci, les usages et comportements de leurs habitants. Lové au coeur de la forêt, l’attrait réside aussi pour les familles par le mode d’approche, puisque cela suppose une ballade préalable en forêt au moyen du petit train qui y conduit.

Les contenus demeuraient cependant un peu faibles, et surtout le lieu présentait un visage un peu passéiste des Landes. Pour palier à ce reproche, l’écomusée à inauguré il y a presque un an maintenant un pavillon moderne, placé sur le lieu d’accueil du public, avec des réserves modernisées, des bureaux et des salles d’expositions temporaires et permanentes. Une très belle exposition propose de découvrir les Landes, leurs représentations pas toujours positives, et les activités actuelles sur le territoire. Les questions délicates sont abordées, fait habituellement trop rare dans les musées d’ethnographie pour ne pas mériter de le souligner ici. L'assemblade propose un forum virtuel entre visiteurs pour inciter aux débats sur les choix à faire sur le territoire pour l'avenir. Véritable exposition de synthèse, ce centre d’interprétation est ingénieux et dispose d’une scénographie attrayante. Reste quelques aménagements à faire pour conduire les visiteurs jusqu’au bâtiment et à les convaincre d’y consacrer du temps, et de ne pas se contenter de la ballade en extérieur. Saluons en tous les cas ce travail, qui participe d’une nouvelle phase pour ce type de musées créés il y a une quarantaine d’années et qui commencent à se rénover progressivement.

dimanche 15 février 2009

Séminaire : quelle convergence entre culture et social dans les musées ?



Chaque année, depuis trois ans, Itinéraires Singuliers, association innovante dans ce domaine propose à l’IRTESS et à l’IUP de conduire en partenariat un séminaire de réflexions sur la rencontre entre culture et social. Les étudiants du secteur social et du secteur culturel peuvent ainsi être sensibilisés à des dimensions essentielles à laquelle ne les prédestinent pas toujours leurs parcours respectifs. C’est aussi l’occasion pour eux de rencontrer des professionnels inscrits librement à la journée.
Cette année, la journée inscrite dans le programme du Festival proposé par Itinéraires Singuliers, était centrée sur les musées, et le musée des Beaux-arts de Dijon a pris une place active dans l’organisation. L’idée était au travers d’ateliers de croiser les regards en invitant une institution culturelle et ses partenaires associatifs à présenter leurs actions auprès des publics éloignés. Le musée des beaux arts de Dijon, mais aussi le musée de Roubaix et les musées de Strasbourg, ainsi que les associations Pulsar, l’Institut Marcel Rivière, et Itinéraires Singuliers ont captivé leur auditoire. Enfin Alain Vasseur d’Itinéraires Singuliers, et Valérie de Saint Do de la revue Cassandre ont proposé une réflexion en forme de synthèse de la journée.

samedi 14 février 2009

Une exposition dans le noir complet est-ce bien raisonnable ?

Nous l’avions vu à sa création au Préhistosite de Ramioul (lieu à découvrir absolument, à côté de Liège), et nous avions été très impressionné par son audace ! L’exposition Ferme les yeux pour voir la préhistoire est non seulement originale et inovante, mais conserve toute sa puissance épistémologique pour communiquer simplement sur l’activité du chercheur, en l’occurrence ici le préhistorien et plus largement l’archéologue, et expliquer ainsi la démarche du scientifique en général. Loin de ne s’adresser qu’aux visiteurs non-voyants comme on pourrait le penser à priori, cette exposition qui se déroule dans le noir complet, - le visiteur a les yeux bandés (ce qui est un comble pour une exposition, et il fallait oser) -, parle à tous les publics, petits ou grands, aveugles ou non. Car la métaphore est intelligente, en proposant de toucher et de découvrir sensoriellement les objets, le visiteur se trouve dans la position du préhistorien qui avance dans le noir, par supposition déduction et qui doit reconstruire après coup pour deviner la réalité.
En suivant le fil d'Ariane de l'exposition, le public est amené à ressentir la Préhistoire et à l’imaginer. Comme Scène de silence à la CSI qui proposait il y a quelques années de porter un casque pour s’isoler phoniquement et découvrir le monde des sourds, le visiteur peut ici mieux comprendre le handicap, mais c’est bien plus largement un discours sur l’activité de chercheur qu’il s’agit de porter, de manière ludique et étonnante.
Après avoir été accueilli au musée départemental de Préhistoire de Solutré, au musée de préhistoire d'Ile de France à Nemours, et dernièrement au Musée des Tumulus de Bougon, cette exposition temporaire poursuit sa route, espérons pour le public qu’elle soit présentée dans de nombreux lieux.

mercredi 11 février 2009

Pour ou contre un musée de l’Histoire de France ?

Le débat semble lancé par des papiers parus dans la presse, le dernier en date dans Le Monde, signé de deux historiens, Daniel Roche et Christophe Charle, le 8-9 février dernier, contestant l’idée de la création voulue par le président Sarkozy d’un Musée de l’Histoire de France. Il a bien des raisons pour s’inquiéter de la création d’un musée alors que le gouvernement dispose d’un ministère de l’identité nationale. On sait que les musées d’histoire peuvent être instrumentalisés pour les pires causes, et notamment identitaires par les politiques. L’histoire en conserve en mémoire de fameux. Cependant, les arguments avancés ici nous semblent pour le moins contestables, et surtout trahissent une conception du musée pour le moins éculée, le comparant à un sarkophage (la blague est bonne, certes), mais parlant aussi de mise en boîte, “de choses offertes au regard” accompagnées de textes sur les murs. Ils traduisent ainsi leur propre conception du musée ! Comme si le musée n’avait pas découvert par l’exposition contemporaine des façons vivantes et dynamiques de présenter l’histoire, comme si la nouvelle muséologie n’avait jamais existé ! Et nos auteurs de contester l’utilité d’un tel musée à l’heure de la construction européenne, comme si penser le passé, ne servait pas à affronter et préparer l’avenir. Bref, sans prendre parti pour le projet présidentiel, les arguments ne sont pas les bons, car ce n’est pas un musée d’histoire de France qui est impossible ou problématique en soi, mais la façon de le concevoir. Et là dessus, on ne saurait repousser l’idée seulement en faisant un procès d’intention. A près tout, beaucoup de pays ont des musées présentant leur histoire nationale, sans que cela soit pour autant offusqLienuant, ce qui importe c’est le contenu et la manière de le faire. Attendons donc de voir le programme précis. Enfin reste un argument encore plus dangereux, qui refuse de dilapider des crédits utiles à la recherche dans des missions culturelles, c’est-à-dire de sensibilisation et de diffusion, et c’est une dénonciation des plus contestables et dangereuses pour le muséologue, comme pour l’action culturelle en général. S’il y a un argument qui peut être avancé raisonnablement c’est de savoir si il convient de multiplier les grandes institutions dévoreuses de crédits, à chaque nouveau président, où s’il ne serait pas temps de penser à un véritable développement culturel s’appuyant sur les sites existants.
Pour un développement de cette critique, voir le site d'Expologie.

dimanche 8 février 2009

Intrus / Intruders au Musée national des beaux-arts du Québec

Derniers jours de cette très intéressante exposition développée dans les espaces permanents du musée avec des interventions d’artistes contemporains qui viennent assumer un dialogue avec les oeuvres habituellement présentées. Comme Marie-Laure Bernadac le propose régulièrement dans les collections du Louvre, il s’agit de faire se télescoper les époques. Parmi les réalisations remarquables celle de Adad Hannah qui mêle à l’accrochage des tableaux des vidéos de regardant regardés. Les installations de Catherine Sylvain dans les collections d’art sacré, celle de Carlos et Jason Sanchez qui propose un baptême ambigu, ou encore Yannick Pouliot et Daniel Faubert parmi les oeuvres de Riopelle, de Jana Sterbak qui interpelle la conscience écologique et la fonte de la banquise dans les collections d’art inuit, autant d’oeuvres parmi les quelques 25 présentées qui interpellent le visiteur. 

Un très luxueux catalogue édité à l’occasion garde en mémoire cette forte exposition et propose d’audacieux grands formats. Raymond Montpetit et Yves Bergeron signent un texte sur l'accrochage d'art contemporain dans les expositions d'art, ainsi qu'une étude sur la réception de l'exposition. Chose rare, le catalogue comporte un CD avec les principaux résultats de l’enquête de public conduit pendant l’exposition. La réception ne semble plus poser d’énormes problèmes, les visiteurs s’étant habitués au métissage des arts, et l’intérêt est évidemment de convier ce faisant de nouveaux publics dans les salles permanentes. 

Il est malheureux que nous ne pouvions pas présenter ici de clichés, la photographie étant interdite dans les salles du musée, selon cette nouvelle maladie de beaucoup de musées. 

http://www.mnba.qc.ca/expo_intrus.aspx 

samedi 7 février 2009

Quai Branly : un miroir aux alouettes ?

A propos d’ethnographie et d’arts premiers, André Desvallées ose poser la question directement, le musée du Quai Branly est-il en quelque-sorte un attrape-nigaud ? On savait les scandales révélés par Bernard Dupaigne et la réflexion épistémologique très critique conduite par Benoît de L’Estoile dans un livre fameux. C’est à une déconstruction en règle que se livre ici l’auteur qui connaît parfaitement l’histoire du lieu et les enjeux qui sont liés au passage du musée de l’Homme à l’actuel musée du bord de Seine. Catherine Clément elle-même a écrit combien le terme d’arts premiers était ridicule, mais il faut lire André Desvallées pour comprendre combien ce projet a dérivé et a échoué à renouveler le genre du musée d’ethnographie, pour revenir à un stade antérieur aux recherches qui se sont déployées à partir du courant de la nouvelle muséologie. Ceci est d’autant plus curieux que des acteurs, et non des moindres, comme Germain Viatte, ont contribué ainsi à une vision archaïque qu’ils avaient pourtant cherché à combattre dans leur jeunesse. 

Que le musée du Quai Branly cherche à récupérer Claude Lévi-Strauss n’est pas étonnant (d’autant que ce dernier a toujours eu des positions pour le moins ambivalentes, si ce n’est réactionnaires concernant la muséologie), - ceci ne doit pas occulter le procès de l’esthétisation pour l’esthétisation, qui là, moins qu’ailleurs, n’a de sens. Certes, on sait la crise que traverse les musées d’ethnologie, prisonniers des catégories construites par la discipline et des évolutions du monde, des injonctions sociales à fabriquer des identités et des exigences scientifiques à les déconstruire, tandis que la mondialisation les bouscule. Tout ceci conduit à fuir les problèmes posées en se réfugiant dans la pure exhibition contemplative. Ce faisant, le musée du Quai Branly ne fait que confirmer une conception passéiste, si bien que le premier musée du XXIème siècle donne un goût étrange de retour en arrière ! 

André Desvallées aborde le difficile problème des restitutions et les effets de celles-ci, si on conduit le principe dans ses retranchements. Les contradictions du musée d’ethnologie sont nombreuses, l’une d’entre-elle le piège, puisque si l’objet de musée perd ses fonctions premières, ainsi une statue de vierge d’une église perd ses fonctions cultuelles en gagnant ses fonctions culturelles, et notamment en devenant un objet artistique, par conséquent une pièce d’ethnographie peut suivre la même trajectoire. Les ethnologues ne peuvent soutenir la thèse du respect de la diversité culturelle, de la restitution pour usage et des biens gérés par les communautés sans s’attaquer aux fondements du musée, qui sous-entend que l’objet perde son ancienne fonction en entrant au musée. Mais dès lors, on ne peut pas réfuter totalement l’utilisation de l’objet à d’autres desseins, un réinvestissement de sens, à des fins esthétiques par exemple. Le problème est de faire croire que nous serions alors encore dans un musée d’ethno, comme si les tableaux de saintes vierges dans les musées de beaux-arts nous enseignaient encore la religion. On peut estimer que ce n’est plus le cas et que ces objets en devenant totalement laïque, acquièrent d’autres fonctions. Ainsi le masque africain ne nous parle ou ne nous enseigne pas davantage l’Afrique que la vision d’une pieta le fonctionnement du christianisme. C’est toute l'ambiguïté du Quai Branly que de prétendre jouer sur les deux tableaux, d’où son caractère bancal, si ce n’est malhonnête. Mais la question demeure à résoudre pour les musées d'ethno en général...


lundi 2 février 2009

La Suisse nous parle des jeunes...


Le MEN, Musée d’Ethnographie de Neuchâtel, dirigé par Marc-Olivier Gonseth et une relève qui promet, frappe encore très fort avec son exposition La Marque jeune. Potentiel de révolte, la jeunesse, c’est le feu qui court sous la braise, du moins c’est le visage que l’on donne de ces nouvelles classes dangereuses depuis les années 50. Mais c’est aussi une formidable producteur de signes et de formes que la société nous propose d’ingérer et de recycler, de consommer peut-être ? Et si cette récupération généralisée n’était rien d’autre qu’une façon de produire aussi du lien, du liant et de la transmission générationnelle ? Autant de réflexions auxquelles invite l’exposition dans une scénographie de Patrick Burnier avec un travail de conception que l’on sent en pleine osmose avec l’équipe du musée. La proposition est aussi audacieuse que malicieuse, comme toujours... La puissance du message muséographique est totalement soutenue par une proposition scénique qui ne manquera pas de surprendre. Alors, laissez vous surprendre avant fin avril, et si vous prétendez vous intéresser à la muséo, ne manquez sous aucun prétexte cette exposition !
Et notons la publication du catalogue avec de très belles photos de l'exposition, chose malheureusement rare dans le genre.

dimanche 1 février 2009

La Suisse nous parle des vieux !


C’est à la Fondation Claude Verdan à Lausanne que l’on peut découvrir cette belle exposition, Au fil du temps, émouvante et très riche sur le troisième âge. “Mourir, cela n’est rien, mourir la belle affaire... mais vieillir, oh vieillir...” , tout le monde ne chante pas cette chanson là, il y a des avis divers, contradictoires, des interprétations de la vieillesse sur des tonalités différentes, des points de vue qui se croisent. Le nombre d’audiovisuels peut vous retenir longuement dans cette exposition copieuse, mais jamais bavarde. Des petits dispositifs ingénieux comme on aime en découvrir souvent dans ce lieu, développent des approches variées, et s’adressent par là à un public de tous les âges. Si le point de vue médical est évidemment présent, ce sont les aspects humains, sociaux, les rythmes de vie, les solitudes, les désespoirs, les rires et les imaginaires de la vieillesse qui invitent à découvrir cet âge de la vie. On apprend par exemple, que la Suisse délocalise parfois ces vieux sur la Costa Brava, et d’autres choses bien étonnantes ! L’expographie assez simple en soi se révèle efficace.