CayVpNAT7ml2gRzbwqbd/1MvPCt81BAtirczG/NTy3s= MuséoGraphie-MuséoLogie: août 2008
La Formation en muséologie :

Vous êtes intéressés par une formation initiale ou par la formation continue en muséologie et muséographie ? La formation MEM : Master Expo-Muséographie, en conception des expositions de l'Université d'Artois est faite pour vous !

Voir les renseignements :

ou sur le site de l'Université : (document à télécharger colonne de droite) ou sur ce lien.

Master MEM

mardi 19 août 2008

Tryptique de l'ongle, de Bernard Comment

Comme aucun artiste ne semble encore avoir osé, un romancier l'a fait non sans malice. Dans un autre temps, on a connu à Beaubourg une exposition de femmes pour dénoncer la femme objet. Il s'agit ici d'autre chose. Proposer d'exposer « des chômeurs en fin de droits », voilà la performance que cet artiste en art contemporain n'hésite pas à conceptualiser savamment , mais comme cela demeurerait insipide, il leur donne un savant coup de marteau sur un des ongles du pied pour que celui-ci noircisse, se détache et finisse par tomber. Lorsque les dix ongles des dix figurants sont tombés, l'exposition est terminée. Une façon de remettre en cause les barrières du temps ! Est-ce une exposition, une installation, un spectacle, un happening ? Comme souvent en art contemporain les frontières se brouillent, et la façon dont le romancier aborde la question, par trois regards distanciés est souvent savoureux. Une manière d'interroger les limites possibles de l'art et de l'exposition.

jeudi 14 août 2008

Cherry je t'adore ou Fougerolles et le goût de la cerise

Il fallait oser ! On avait aimé Morez, on admire Fougerolles ! Le résultat est superbe et donne a espérer pour les innombrables musées d'art et traditions populaires qui peuvent s'inspirer ici d'une approche originale dans le dessein de se renouveler.
Même si le projet s'est fait dans la douleur, avec des innombrables rebondissements, sans doute fallait-il ce temps long de maturation pour arriver à ce brillant résultat. Car s'opposaient ici deux visions, celle des traditionnalistes qui voulaient préserver un musée populaire à l'ancienne, un musée d'objet, mais qui paradoxalement ne fasse pas musée justement, et la conception moderniste de ceux qui prônaient une approche façon nouvelle muséologie. « L'exposition de discours » s'inscrit dans une rénovation architecturale impressionnante (de Vichard et Quirot, architectes que l'on savait par ailleurs excellent) et une intelligence scénographique à saluer (de Audrey Tenaillon). L'influence de l'art contemporain est manifeste et donne une sorte d'électrochoc dans ce territoire qui ne brille généralement pas par ses innovations. Si la théorie écomuséale en a pâtit quelques peu, il ne faut pas bouder son plaisir, car le résultat a sans doute un goût amer pour certains, qui se sont battus pour que rien ne change, mais la majeure partie des visiteurs apprécie très certainement cette transformation en visitant le nouveau lieu. On apprend tout de la cerise et de sa transformation en kirch, et on le fait en s'enthousiasmant visuellement de ce qui nous est donné à voir.
Nous attendons à présent avec impatience le nouveau musée de Salins, en cours de chantier de rénovation sous la patte muséographique de la même équipe des MTCC, réseau de sites de Franche-Comté.

mercredi 13 août 2008

Retour au Louvre

Agréable d'écouter tous les jours de l'été un petit morceau de l'Histoire du Louvre par Pierre Rosenberg sur France Culture. Variant entre histoire des lieux, des œuvres et des acquisitions ou encore des dispositifs pour la gestion de l'établissement. Le ton est agréable pour cette petite intrigue quotidienne. Emission à podcaster en attendant une sortie de l'intégrale peut être ?

mardi 12 août 2008

Tableau de chasse selon Claire Diterzi

Juliette interpréte La Joconde, Jean Ferrat L'Homme à l'oreille coupée, et Reggiani s'amuse à ridiculiser les archéologues dans Lucie ou dans L'Homme fossile, Tachan adore évoquer Beethoven, Chopin ou Rossini, alors que France Gall chantait Cézanne... L'art ou l'artiste a toujours inspiré, mais c'est ici le concept de tout un album de faire référence à des œuvres d'art.
Le dernier disque de Claire Diterzi s'inspire aussi bien du Verrou de Fragonard (notre préférée évidemment !), de l'Odalisque de Manet, que de Lautrec ou encore Turner. Auguste Rodin et Camille Claudel sont très présents, mais aussi Doris Salcedo ou Allen Jones, également source d'inspiration pour des chansons où les femmes ont malheureusement souvent oublié les acquis du féminisme, mais on le mettra sur le compte du deuxième degré... Un petit clin d'œil pour une sorte d'exposition auditive, inventive et surprenante.

lundi 11 août 2008

Au musée (?), les dinosaures vous parlent


Rue 89 attire notre attention sur des vidéos circulant sur You Tube, sans en donner du reste aucun commentaire, ce sont aux lecteurs de réagir... certains sont énervés et estiment que le musée fait un pas de plus vers le parc de loisir... Après le robot qui parle de la Cité des Sciences, trouvaille arrivée également des États-Unis à l'époque, et après le dinosaure animé du muséum de Londres (voir la vidéo ci-dessus que nous avions réalisée cet hiver), voici à présent "les animatroniques ou robots radiocommandés", des dinosaures qui se déplacent en vrai dans les salles et amusent beaucoup les petits... et les grands. C'est au Natural History Museum de Los Angeles.
C'est génial, un musée vivant diront certains, mais pour ceux que cela intéresse, nous renvoyons au numéro que nous avons dirigé de Culture et Musées (n°5) en 2005, intitulé « Du musée au parc d'attractions », nous avons ici, une fois de plus, une parfaite démonstration du cheminement de ces institutions.
Pour s'en convaincre, voir par exemple cette vidéo, mais pour les amateurs il y en toute une série : ici You tube

samedi 9 août 2008

Le don de musée : Mariemont, capitale du don

C'est une réflexion sur le don, que François Mairesse poursuit de livre en livre, et que l'auteur applique ici à un musée qu'il connait bien puisqu'il le dirige, le Musée Royal de Mariemont en Belgique. L'institution s'y prête bien, puisqu'elle a pour origine une riche famille d'industriels, les Warocqué, qui léguèrent à l'État la propriété familiale sous certaines conditions. Auparavant, dans la pure tradition paternaliste du XIXème, les maîtres des lieux avaient conduits une action locale très typique de ces grands patrons éclairés d'alors, qui s'employaient à l'essor de l'activité économique, mais qui œuvraient aussi à l'amélioration des conditions de vie locale.

Cela laisse songeur quand on constate la façon dont le capitalisme mondialisé fonctionne aujourd'hui. Quels sont les équivalents des investissements consentis alors pour le territoire, aménagé d'églises, d'écoles, de maternité, d'hospice, de crèche, d'hôpital et d'instituts de recherches, de chauffoirs, de monuments publiques et d'œuvres d'art... par la philanthropie patronale ? Certes, il ne s'agit pas de nier les effets attendus de cette charité, mais il n'empêche que le mécénat (le plus souvent assorti de contreparties) que les grandes entreprises conduisent de nos jours paraissent bien loin du compte. Plus aucun attachement territorial ne semble prévaloir, et seul demeure l'importance accordée à des emblèmes, si possible les plus prestigieuses, pour y inscrire son nom. Il y a matière à relativiser, et François Mairesse de rappeler que la critique du paternalisme ne saurait réduire l'ensemble des actions alors conduites. Celles-ci ne peuvent s'expliquer que par la profonde conviction en des valeurs humanistes, malgré tout partagées (qui font que, ailleurs, certains patrons vont même être proche du socialisme utopique, disciple d'Auguste Comte, comme Godin par exemple, pas très loin de la région ici analysée à Guise).
Si l'ouvrage de Mairesse donne à penser, c'est aussi sur le processus de constitution des collections, sur les donations et les recommandations du légataire, sur la façon dont les amis de musée vont également donner de leur temps et de leur moyen pour enrichir et faire vivre ensuite le lieu. Il rappelle que le don s'actualise à des niveaux multiples de la vie d'une musée. Bref, c'est un beau cas d'étude, richement illustré, qui en fait un livre d'histoire ancré dans le réel, et porteur de réflexions plus générales.
Le livre est à commander sur le site du musée.

vendredi 1 août 2008

L'Historial Charles de Gaulle brouille les ondes

Très belle réalisation expographique, l'Historial Charles de Gaulle pêche, et c'est fort dommage, par des aspects techniques regrettables. Lieu évidemment apologétique, mais on voit mal comment il pourrait en être autrement, l'exposition aborde les différents aspects de la vie du grand homme, en gommant certains aspects contestés des années de pouvoir, même si la révolte de 68 est évidemment traitée, ainsi que le fameux coup d'Etat permanent dénoncé par Mitterand un peu avant. Tout est cependant à la gloire du Général dans une hagiographie attendue, et frôle parfois le risible quand le propos s'appesantit sur l'enfance de celui qui allait présider aux destinées de la France.
Peu importe, retenons que la scénographie de 2500 m2, signée de l'Agence Moatti et Riviere, est splendide, avec des idées originales comme on aimerait en voir mises en œuvre plus souvent. L'idée du parcours se déclinant autour de la salle multi-écrans est convaincante. Des atmosphères sont créées, pour chaque contexte, sans que cela soit ni anecdotique, ni une façon artificielle et démagogique d'appâter le chaland.
Toutefois, on se demande comment des muséographes peuvent encore faire de telles bévues ? En effet, la visite s'opère au moyen d'un audioguide fonctionnant par infrarouge, c'est-à-dire par zone, ce qui ne marche nul part et qui engendre toujours des effets pervers incontrôlables. Ainsi, ce qu'on accorde ici de liberté au visiteur pour constituer son parcours de visite lui est aussitôt retiré en le canalisant dans son cheminement, jusqu'à ce qu'il craque et se passe des médiations, c'est-à-dire qu'il abrège sa visite. L'intention est que le visiteur conserve son casque du début à la fin, mais il rend les armes (ce qui est un comble dans un tel lieu !) généralement après une épreuve plus ou moins longue. Comment est-il possible de recourir encore à cette technique dépassée, qui n'a jamais donné satisfaction, alors que les médiations embarquées, librement déclenchées par le visiteur, sont à portée de tous aujourd'hui ? Nous avons pu constater les effets dévastateurs sur les visiteurs, sans parler de ces enfants d'un groupe scolaire paniqués à devoir remplir leur document de visite, alors que l'accueil leur refusait des casques, sous prétexte qu'il n'y en avait pas assez pour tous ! C'est évidemment ennuyeux de regarder des vidéos sans le son, quand il s'agit de remplir un test de bonne compréhension des informations dispensées ! Bref, nous avons été très énervé que l'on puisse encore louper un lieu pour de telles raisons, presque quinze ans après l'ouverture de la Cité de la musique... Espérons que ceci soit rectifié assez vite, malgré les dépenses à assumer pour rattraper ce plantage.
Nous attendons par ailleurs avec impatience l'ouverture en octobre prochain du centre d'interprétation du Mémorial de Colombey les deux Eglises pour pouvoir comparer les démarches mis en œuvre par les deux équipes de conception.